Cette semaine, le gars que je fréquente (fréquentais) m’a envoyé un lien faisant l’éloge de « 16 photos hilarantes d’hommes qui parodient les photos Instagram de femmes ». Honnêtement, j’ai figé. Des fils se sont touchés dans ma tête. Je ne savais pas quoi en penser ou plutôt quelle attitude je devais adopter. J’ai normalement un bon sens de l’humour et d’autodérision, mais ça n’a pas passé. Alors, j’ai pris le risque de passer pour une « folle » (comme toutes les femmes qui s’opposent aux commentaires d’un homme en début de fréquentation). Laissant tomber le poli « haha » signifiant « ne t’engage pas sur cette voie », je l’ai questionné sur ce qu’il trouvait de drôle à propos de ce montage. Il me répond que les filles qui publient ce genre de photos sont manifestement en recherche d’attention et que, malheureusement, c’est le portfolio de 98 % des filles sur Instagram. Lui, il a trouvé ça drôle. Lui, il aime la photo. Mais, lui, il n’a pas de compte parce que ça l’énerve trop. Il me conseille donc de faire l’amour. Et voilà, lorsqu’on n’est pas tout sucre tout miel, on est forcément frustrée?
Personnellement, je trouvais ça dégradant. On se moquait de moi et on ridiculisait mon besoin de m’exprimer qui passait par la photographie. Nourrir mon compte Instagram, c’est créer un petit espace où j’expose les choses que je trouve belles dans ma vie, et ce, sans me faire juger même si j’utilise les filtres.
Je réagis fort, vous me direz, mais il faut savoir que ce n’était pas la première fois que l’on critiquait mon activité sur ce réseau social. Un autre mec m’avait déjà dit que j’en étais trop obsédée ce qui me rendait superficielle de surcroit.
Au-delà de ce petit coup de poignard visant mon égo, un autre débat a fait rage dans ma tête. Je ne mâcherai pas mes mots ici : « fuck » c’est donc bien difficile d’être une femme célibataire dans la vingtaine ces derniers temps. On se fait constamment étiqueter, juger et critiquer. Et tout ça pour quoi? Pour avoir la chance de se faire dire qu’on est importante par l’un deux? Comment ne pas être désillusionnée par rapport à tout le processus de fréquentation quand des mecs t’envoient ce genre de lien « pour rire »?
Ce ton amer me vient, entre autres, de mon cuisant dernier échec relationnel. Eh oui, à 25 ans et un bacc. en poche, on m’a froidement laissée par message texte. Comme explication, j’ai eu droit au « je suis tombé amoureux » (voyons donc ce n’est pas ce qu’on était en amour nous deux?). En bonus, je me suis fait traiter de faible, de capricieuse, de folle, de dépendante affective, d’amorphe, de molle, d’égocentrique et de narcissique. J’y ai donc perdu des plumes dans cette relation. Depuis, ça teinte mes réflexions sur l’amour d’où la désillusion.
J’ai même pleuré à la bibliothèque (moi qui ne suis pas du tout émotive) lorsqu’une de mes amies m’a demandé, à propos du mec qu’elle fréquente: « je lui réponds quoi pour qu’il ne pense pas que je suis trop attachée? »
On a tellement perdu confiance en nous et ça me dégoûte. On a tellement peur de paraître faible, sans confiance, émotive, fragile, folle, conne, naïve, dépendante affective et j’en passe que ça nous rend vulnérable. Je l’entends de la bouche de toutes les femmes: « je ne sais pas comment jouer ». Alors qui sait jouer? En refusant de jouer, dans quelle catégorie se retrouve-t-on, celle des folles aux chats ou celle des livres ouverts?
Bref, j’ai publié une photo de moi dans mon nouveau jean Levi’s qui aurait pu se retrouver dans le montage des 16 photos hilarantes.