Le réchauffement climatique et la fonte des glaciers ont engendré de grandes répercussions sur l’écosystème marin, notamment la forte croissance de la population de phoques. Alors que le nombre de phoques se retrouve quatre fois plus élevé que la normale, les scientifiques sonnent l’alarme. D’un autre côté, plusieurs grands groupes animalistes font la lutte contre la chasse aux phoques et défendent les droits des animaux en raison des méthodes de chasse cruelles. Une question éthique se soulève: doit-on interdire la chasse aux phoques?
Attention, le but ici est de mettre en lumière les arguments, faits et valeurs qui expliquent l’éternel débat concernant la chasse aux phoques, sujet environnemental, mais également éthique qui fait souvent réagir très fort. Je n’ai pas la prétention de détenir la vérité absolue, je vous épargnerai donc mon point de vue personnel, puisqu’il ne vaut pas plus que celui d’une autre personne informée.
Ce qu’il faut d’abord savoir
La chasse aux phoques est pratiquée dans plusieurs pays, mais principalement chez nous, au Canada, de façon traditionnelle ou commerciale. L’animal est convoité bien sûr pour sa fourrure, mais également pour sa viande, sa graisse et même ses os. Il est chassé directement sur la glace ou la banquise, soit avec une arme à feu, un hakapik ou un gourdin. Au Canada, une méthode de chasse en 3 étapes a été élaborée par des vétérinaires pour tuer l’animal le plus efficacement possible et abréger ses souffrances.
Bien que les phoques et mammifères marins soient chassés de façon traditionnelle depuis plusieurs milliers d’années par les différentes nations autochtones, ce n’est qu’au courant des derniers siècles que la chasse s’est intensifiée. De telles pratiques ont évidemment eu des répercussions désastreuses sur les populations de baleines, comme on le sait, mais ont également eu pour conséquence la diminution drastique de la population de morses, principaux prédateurs naturels du phoque. La situation précaire des populations de morses, combinée à la chute récente du nombre d’ours polaires expliquent la hausse accrue des populations de phoques.
Dès les années 60, au motif traditionnel s’ajoute le motif commercial, alors que la fourrure grimpe en popularité dans l’industrie de la mode européenne, ce qui enflamme les groupes animalistes de l’époque. Un mouvement populaire se soulève et des images et reportages chocs circulent en abondance pour dénoncer les méthodes traditionnelles de la chasse aux phoques. On a qu’à penser à la campagne de Brigitte Bardot où l’on voit la célèbre actrice couchée aux côtés de phoques en sang sur la banquise. Il faut toutefois savoir qu’à ce moment, près de 75% de la fourrure utilisée en mode provenait de la chasse aux blanchons et que cette pratique a été interdite en 1987 suite aux grandes manifestations.
Deux grands groupes s’opposent principalement dans ce débat éthique: d’un côté les chausseurs, de l’autre les groupes animalistes.
La chasse aux phoques: acte barbare et sans soucis pour les droits des animaux
Évidemment, le principal argument utilisé par les groupes animalistes, comme GreenPeace, SPA ou encore La Fondation Brigitte Bardot, est que le phoque est un animal inoffensif et que le tuer est un acte barbare qui fait preuve de cruauté animale, car en aucun cas, les droits de l’animal ne sont pris en considération. Peu importe la méthode utilisée, rien n’assure que le phoque soit tué sur le coup e,t surtout, qu’il ne souffre pas lorsqu’il est abattu.
Ensuite, bien que la surpopulation de phoques se fasse ressentir, il n’est pas du ressort de l’homme de décider quelle espèce doit vivre aux dépens de quelle autre espèce. Préserver l’équilibre dans un écosystème en tuant une espèce déterminée ne devrait pas être un argument en faveur de la chasse aux phoques et nous devrions laisser la nature agir d’elle-même.
Dans cette même optique, chasser le phoque pour sa viande ne justifie pas le massacre d’animaux innocents, d’autant plus que la chasse n’est pas nécessaire à la survie de l’homme puisqu’il est possible de ne pas manger de viande sans compromettre sa santé. En effet, il est possible d’avoir un apport en protéine suffisant en substituant la viande par des céréales, des légumineuses et des oléagineux, aliments qui contiennent les acides aminés nécessaires au bon fonctionnement du corps humain. Un régime végétarien permet d’éviter la souffrance et la mort d’animaux.
La chasse aux phoques: un acte éco responsable qui encourage la préservation de l’écosystème marin
Pour les chasseurs et autres groupes en faveurs de la chasse aux phoques, cette dernière représente un moyen de subsistance très important en matière économique des petites régions côtières isolées et du Nord canadien dont les possibilités économiques sont restreintes. En effet, elle représente un pourcentage élevé du revenu des chasseurs. De plus, bien que le phoque soit chassé d’abord pour sa fourrure, sa chasse engendre des retombées économiques secondaires grâce à sa viande et son huile riche en acide gras oméga 3, acide gras dont les propriétés sont bénéfiques pour l’organisme du corps humain. La chasse aux phoques est très importante afin de favoriser le bien commun de ces petites communautés, en plus d’empêcher la migration vers les centres urbains, un phénomène qui serait défavorable sur le plan économique pour l’ensemble du pays. La chasse aux phoques est également une activité importante de subsistance pour les autochtones des régions froides et éloignées qui subviennent à leurs besoins fondamentaux en se fabriquant des vêtements avec la peau de phoque, en plus de manger sa viande et d’utiliser les os comme outils d’artisanat. La chasse représente également pour eux une activité économique, puisqu’ils vendent localement ces produits.
Cependant, la répercussion la plus importante de la chasse aux phoques est due à son importante fonction écologique: empêcher la population de phoques actuelle de continuer de croître et, ainsi, limiter les répercussions engendrées par leur surpopulation sur l’écosystème marin. Par exemple, la forte consommation de morue du phoque a augmenté le niveau de mortalité naturelle de la population de morue, à un point tel que la croissance de celle-ci est improbable. La morue étant très importante dans l’écosystème, la forte diminution du stock de morue entraîne de graves répercussions pouvant mener jusqu’à l’extinction d’autres espèces, notamment la baleine bleue. Pour le bien-être du plus grand nombre d’espèces marines, il est donc grandement préférable de voir diminuer le nombre trop élevé de phoques.
Les lois canadiennes sur la chasse aux phoques
Au Canada, la chasse aux phoques est permise, mais doit être bien réglementée par le gouvernement et des sanctions sévères, telles d’importantes amendes ou la saisie d’équipement et de prises, doivent s’appliquer aux contrevenants, dans le but d’assurer la santé de la population de phoques et d’empêcher la cruauté animale.
Les lois sur la chasse aux phoques présentement en vigueur sont, entre autres, l’obligation d’être détenteur d’un permis de chasse, en plus de devoir détenir un permis d’observateur pour tous ceux désirant s’approcher à plus d’un demi-mille nautique, mais ne doivent pas s’approcher à plus de 10 mètres de l’animal et il est également défendu de chasser un phoque n’ayant pas encore atteint l’âge de l’autonomie. Afin d’assurer le respect de ces lois, des agents des pêches canadiens surveillent la chasse de près en patrouillant les mers et les quais, en plus d’effectuer des survols aériens. Ils sont en permanence sur les banquises, aidés par des agents de la garde côtière et des observateurs professionnels.
Cependant, permettre la chasse aux phoques, dans le but de faire diminuer les effets de sa surpopulation, n’assurera pas à elle seule la santé de tout l’écosystème marin. Plusieurs autres espèces marines sont en danger et leur survie ne dépend pas du phoque. Il faut d’autant plus admettre que la lutte contre la chasse aux phoques est principalement justifiée par la beauté et la naïveté de cet animal. En effet, ne devrions-nous pas consacrer notre énergie à tenter de sauver des espèces qui sont réellement en danger comme la baleine bleue ou encore le requin? Ces espèces qui, malheureusement, n’attirent nullement notre sympathie, mais dont la survie dépend de nous.
Radio-Canada
Le devoir
La chasse aux phoques n’est plus une menace
Pêche et Océans Canada
Les phoques et la chasse aux phoques au Canada