Une année (pas si) studieuse
L’intro
Je lis donc je suis. Cliché, vous dites? Peut-être, mais c’est ça pareil. Pour moi, lire, c’est un exutoire et pratiquement un sport (parce que je lis plus vite que mon ombre, watch out!). Impossible de dire combien de livres j’ai lu jusqu’à maintenant, mais vite de même, j’ai passé l’été de mes 13 ans avec Agatha Christie, la Queen of Crime. Ça fait plus de 80 livres ça. Ouin.
Le contexte
Je lis de tout ou presque : romans, essais, biographies, polars. Pis je suis de la vieille école : pas question de lire sur un écran. J’aime le feeling et l’odeur du papier et le bruit des pages qui tournent (un bruit électronique, ça ne compte pas). C’est que j’aime la touche vintage. Partout. Tout le temps. Mais je ne discrimine pas les nouveautés pour autant. Comme disait Francis dans les Amours imaginaires, « c’est pas parce que c’est vintage que c’est beau » (ou bon). Les livres que je lis, je les choisis un peu au hasard et beaucoup à l’instinct.
Le choix
J’étais chez Pantoute sur Saint-Jean quand Une année studieuse m’a tapé dans l’œil. Le mot studieux en soi m’attire. Je ne sais pas pourquoi. Ça sonne intello, sérieux, profond. Je ne connais pas l’auteure. Anne Wiazemsky. Polonaise? Allemande? (Je découvrirai plus tard, à la page 13 plus précisément, qu’elle est en fait la petite-fille de François Mauriac. Respect.) Intriguée, je prends le livre, le retourne, lis l’endos. Mes yeux-scanneurs scrutent le texte rayon X style. Je vois : 1966, Paris, Godard. JACKPOT! Un, je suis une fan finie du cinéma de la Nouvelle Vague (À bout de souffle, Le Mépris, Hiroshima mon amour, etc. ) et deux, je cherche désespérément à mettre la main sur le film La chasse au Godard d’Abbittibbi, réalisé par Éric Morin et qui s’inspire du passage inattendu de Jean-Luc Godard à Rouyn-Noranda en décembre 1968. Je le cherche encore d’ailleurs (un tip quelqu’un?).
Je décide que ça doit être un signe, j’achète le livre et je marche le plus vite possible jusqu’à mon divan (confort oblige!).
Ze book
Dans Une année studieuse, Anne W. raconte sa rencontre avec Jean-Luc Godard et les événements qui suivront jusqu’à ce qu’elle devienne son « animal-fleur » et qu’ils se marient en juillet 1967. Avant que la vraie romance commence, on est à Paris, en 1966. C’est l’été et Anne, qui a 19 ans à peine, fait ses révisions (en septembre, au rattrapage, elle sera reçue au baccalauréat en philosophie à Nanterre). Un jour de juin, elle bump dans Godard dans l’escalier d’un immeuble où elle vient d’être interviewée pour son rôle dans Au hasard Balthazar de Robert Bresson. Elle avait déjà rencontré Godard brièvement à deux reprises et cette troisième rencontre sera décisive. C’est qu’Anne vient de voir Masculin Féminin, onzième film de Godard, et qu’elle a tripé solide. Peu après, elle envoie une lettre au cinéaste dans laquelle elle lui déclare assez candidement son amour.
Roman autobiographique et initiatique, Une année studieuse se lit comme un bonbon Fizz qui fait pop! sur la langue. Mais ce n’est pas juste du bonbon : le contexte politique et artistique est bouillant et l’ambiance pré mai 68, palpable – à cette époque, Godard tourne La Chinoise, film sur la révolution chinoise dans lequel Anne campe une révolutionnaire pro-Mao. 1966-1967 : une année studieuse? Pas si studieuse que ça, after all. À lire si vous aimez Paris, les années soixante, le glamour, la Nouvelle Vague, la littérature, l’histoire révolutionnaire en général et… l’amourrrrrrrr.
Caroline
Alexe Raymond, réviseure, raymond.alexe@gmail.com