Il y a quelques semaines, je me suis sentie faiblir. T’sais quand tu sens que ton cœur veut flancher. Quand tes cuisses sont engourdies. Quand t’as de la misère à t’endormir le soir parce que t’as peur de demain. Quand t’as l’impression que tout t’écrase. Quand t’as pas encore envie de tout abandonner, mais que tu te demandes sérieusement comment tu vas y arriver…
J’ai eu envie de pleurer. Parce que j’aime pas ça me sentir perdre le contrôle. Je me sentais dépassée. Dépassée par mes travaux. Dépassée par mes cours. Dépassée par mes examens. Dépassée par mes shifts au travail. Dépassée par mes sorties avec mes amis. Par toute. Parce que j’avais besoin de plus de temps.
C’est ce qui m’écrase le plus ne pas avoir le temps. J’ai pas le temps de faire les affaires comme je le voudrais. J’ai pas le temps de bien faire les choses. J’ai pas le temps de faire ce que je veux. J’aimerais ça écrire plus. J’aimerais ça m’asseoir et écouter des séries. J’aimerais ça lire un livre qui n’est pas obligatoire. J’aimerais ça faire la grasse matinée. J’aimerais ça rien faire.
Mais surtout j’aimerais ça arrêter de me sentir coupable. Je me sens coupable chaque fois que je prends du temps pour faire quelque chose avec une amie. Chaque fois que je perds une heure parce que je me suis égarée sur le web. Parce que j’étudie pas après mon shift de 8 heures. Je me trouve lâche.
Mais je me suis brassée. Je me suis raisonnée. Parce que c’est pas comme ça que je veux vivre ma réalité d’étudiante. Oui, c’est normal d’être stressé parce que tu veux réussir. Mais faut pas que ça t’avale tout entier. Je me suis parlé et je me suis demandé : « OK. Est-ce que ça vaut la peine de me rendre malade? De me rendre tellement anxieuse que j’ai de la misère à dormir? Tellement que je me ronge les ongles jusqu’au sang? Est-ce que c’est si important que ça? C’est quoi exactement les conséquences et est-ce que c’est aussi important que je le crois? »
Et c’est stupide, mais je me suis rendu compte qu’il n’y a pas grand-chose dans la vie qui mérite qu’on se sente comme ça. Ne pas étudier un soir que tu aurais dû, ne pas aller à un cours, remettre un travail avec une journée de retard, ne pas avoir plus que 80 %, couler un examen, ne pas passer un cours… Oui, ce sont des choses vraiment plates. Tu vas sûrement être déçu, fâché. Mais crois-moi, ça ne définit pas la personne que tu es. Ça ne définit pas ce que tu es capable de faire ou pas. Tu es beaucoup plus que des chiffres, beaucoup plus que des lettres sur un relevé de notes.
Faut apprendre à lâcher prise. Pas dans le sens de tout lâcher. Parce que oui, j’ai déjà expérimenté la chose. Je me suis levée un matin et j’ai décidé que je n’allais plus à l’école de la session. C’était mon point de non-retour. Ç’a été efficace, mais j’ai dû recommencer de toute façon. Avec un nouveau plan de match par contre. Mon but à ce moment-là, mais aussi maintenant, c’était de trouver un équilibre. Une balance parfaite entre ce que je veux faire et ce que je devrais faire. Je veux pas tout lâcher. Mais je veux pas me rendre folle non plus.
Alors, je m’écoute. C’est simple. Mais c’est efficace.
Quand je me suis sentie flancher, c’était l’avant-veille d’un examen. J’avais pas envie d’étudier. Mais vraiment pas. J’étais en boule et j’avais envie de pleurer. Oui, j’ai des débats intérieurs assez intenses. Et finalement, j’ai décidé de me lever, d’aller au Starbucks et de m’asseoir devant mes livres, sans pression. Je m’égare sur Facebook? C’est correct. J’étudie juste la moitié? C’est correct. J’écris mes émotions sur un document qui ne me servira jamais? C’est très correct. Je vais avoir essayé. Je vais m’être donné la meilleure des chances. Et si ce n’est pas assez? Tant pis. Parce qu’à ce moment-là, à cet endroit-là, c’était le maximum que je pouvais faire. Et j’ai pas envie de me juger parce que mon maximum n’est peut-être pas aussi haut que celui des autres.
Faut trouver notre propre rythme et le respecter.
Par Émilie Lalo