J’ai envie de peser sur « pause ».
Mais s’arrêter quand on a tout à faire, c’est pas nécessairement la meilleure des idées.
Fait que, en attendant, j’écoute de la musique.
En écoutes-tu, toi aussi?
J’veux dire, prends-tu le temps de l’écouter pour de vrai?
Ou c’est un accompagnement, une motivation?
J’ai parfois l’impression que la musique est tenue pour acquise.
Qu’on l’apprécie pas autant qu’on pourrait.
Donc, non, je le baisserai pas, mon son. Non, je les enlèverai pas, mes écouteurs.
Oui, j’ai pas écouté un mot de ce que tu as dit parce que j’étais trop concentrée à écouter la chanson qui jouait.
J’ai l’impression que c’est ma cabane. Mon fort d’oreillers et de doudous.
Là où la sécurité aux airs d’acier est en réalité feuille de papier.
Une fois par jour, souvent avant de m’endormir, je prends le temps de me fermer les yeux pis d’écouter quelques chansons. Je prends le temps de rien faire. De pas juste entendre, mais bien d’écouter.
Mon havre de paix, mon chez-moi.
Les feuilles de papier se sont transformées en avion et m’amènent voler avec eux.
Renouer avec la musique, c’est mon moment de méditation. À chacun ses techniques. Y’a rien qui m’apaise plus que de me faire bercer par mes artistes préférés.
Pis si tu te sens un peu perdu toi aussi, si tu sais pus trop elle est où la maison, si les journées semblent aller de gauche à droite sans clignotant, si les nuages commencent à être lourds et si tu commences à feeler un peu comme la toune de Friends pis que ç’a pas été ta journée, ta semaine, ton mois ou même ton année, ben je t’invite.
Je t’en poserai même pas de questions tannantes. J’ai même pas envie de dire un mot.
J’en dis beaucoup des affaires. Mais y’a des moments où je sais juste pas quoi dire, où les mots me semblent tellement pas assez forts. Où ma langue s’évapore pis me laisse avec un goût amer d’explication non dictée.
À la place, on se débouchera une bière, on fermera les lumières pis on écoutera une couple de notes.
J’continue à penser que, parfois, c’est tout ce dont on a besoin.
De donner une chance à la musique.
De se fermer les yeux et de l’écouter pour de vrai. De baisser nos barrières pis de dépendre d’elle comme on ose dépendre de personne de nos jours.
De lui faire confiance pis de s’intoxiquer à la passion du bridge. De prendre son intensité et ses ressentiments pour les faire valser avec nos tracas. De colorer chacune des paroles de notre histoire.
Dompter la solitude à coups de chansons. Toujours là à pouvoir être écoutées, traînant avec elles les doux souvenirs qu’on ose pas toujours se rappeler.
Toujours à un « play » de voyager.
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