Il y a quelques années, les memes ont commencé à envahir l’univers des réseaux sociaux. L’ère des gens qui détaillent leur quotidien monotone sur les plateformes virtuelles venait-elle de prendre fin? Entre savoir ce que Mireille (nom fictif) a commandé au Mcdo durant son cheat day et que les rénovations de sa cuisine avancent bien, j’étais ravie de voir apparaître en grand nombre ces images cocasses, sous-titrées d’annotations tout aussi cocasses, auxquelles plusieurs se sentaient interpellés. C’est venu apporter un peu de variété à mon fil d’actualité parsemé de selfies pas toujours avantageux et d’articles d’actualité me révélant la misère du monde. C’est le fun rire tout seule de temps en temps… même si parfois, c’est au détriment d’un humain que je ne connais pas. #sorryMiley
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Depuis toujours adepte d’humour léger et de blagues tellement poches que j’en obtiens des fous rires, je me suis mise à suivre certains des plus gros générateurs de memes tels que Fuck Jerry, The Fat Jewish, Boy with no Job, Men’s Humour, 9gag… name it! Comme toute mode passagère qui étire un peu trop la sauce, l’originalité s’est vite estompée en des sujets d’une redondance hallucinante. L’ingéniosité de certaines de ces images annotées s’est vite teintée d’une lourdeur monumentale. Ce qui faisait pétiller mon cerveau et procurait des spasmes de presque-sourire dans mes joues s’est rapidement transformé en 7up ben flat qui a eu chaud.
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Honnêtement, je ne saurais compter les publications se moquant, ou pire, acclamant le «over-eating», la sédentarité, la haine de son emploi, le besoin compulsif de dormir, l’absence d’estime de soi ou l’angoisse financière qui passe dans mon fil d’actualité en une journée. Empreinte d’une solitude et d’un mal-être exacerbant, la popularité de ces sujets prétextant l’humour est frappante. C’est si paradoxal que notre société d’abondance et d’opportunités nous incarcère autant… À défaut de barreaux de cage, l’instinct fatidique de nous plonger le nez dans notre écran de cellulaire à tout moment n’aide clairement pas. C’est vrai, certains memes me font ressentir une connexion cosmique avec certains de mes amis que je taggue allègrement pour se remémorer un inside. Mais tsé, se rappeler tous ces moments saugrenus ensemble autour d’une bière c’est d’autant plus plaisant… et parfois je crains que la communication par memes en vienne qu’à remplacer des vrais moments.
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Si certains memes me font encore vibrer le diaphragme d’un petit rire interne qui s’accompagne de la pensée « omg this is soooo me », ces perles rares ne valent plus vraiment la peine dans cet océan qui banalise la dépression, l’individualisme et le contact humain véritable à la baisse. La folie des memes découle d’une société qui souffre, et illustre une absence de but foudroyante chez nombre de gens… les milliers de mentions j’aime sur une photo d’un.e obèse qui savoure une pizza 36’’comme si là était l’essence même d’exister en témoigne. Où est la limite entre humour et triste réalité?
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Sur ce clin d’oeil de ma pensée, j’irai faire un bon ménage de mes comptes Instagram et Facebook afin d’accentuer les #goodvibes et dorloter ma santé mentale avec des champs de fleurs et des chiots.
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