Les crisses de folle. Comme dans :
« Mon ex, c’t’ait une crisse de folle! »
« Approche-toi pas d’elle, c’t’une crisse de folle! »
(J’ouvre une parenthèse ici pour dire : quand tu feras le bilan de ta vie, tes ex devraient compter parmi les personnes que tu as le plus aimées. Que tu puisses les traiter unilatéralement de folles, ça en dit long sur l’estime que je te porte.)
Lorsqu’on google « crisse de folle », on a droit à des memes de femmes hystériques et à une liste des « 30 signes que ta blonde est une crisse de folle ».
Le contraire n’existe pas, ou alors si peu : on ne traite pas les hommes de fou. Quand on réussit à se sortir d’une relation toxique, on est juste contente de faire partie de celles qui sont restées en vie. Le qualificatif « folle » est presque exclusivement réservé aux femmes.
Dans l’inconscient collectif, le rôle de la femme est généralement déterminé par l’utilisation qu’elle fait de son corps : la vierge, la mère, la putain. Indépendamment de ces trois figures, semblerait qu’on peut aussi être folle. Juste… folle.
Breaking news : les femmes n’ont pas le monopole de la folie, comme elles n’ont pas le monopole de l’hystérie. Je crois qu’il y a des personnes qui font ressortir le laid en nous et ça, ça n’a pas de sexe. Je crois qu’on peut tous, dans un contexte très précis, poser des gestes ou dire des paroles dans lesquels nous ne nous reconnaîtrons pas et ça non plus, ça n’a pas de sexe. Je crois qu’on a tous des périodes dans notre vie où on peut dire rétroactivement que ouiiiin… c’tait pas mon meilleur boutte.
Reléguer une femme dans le rôle de la folle, c’est lui refuser le droit à des sentiments pas tout le temps nobles, mais tout de même légitimes. C’est lui enlever toute crédibilité, de peur de se remettre en question. Reléguer une femme dans le rôle de la folle, c’est lui refuser le droit d’être autre chose qu’une folle, avec d’autres personnes, dans un autre contexte.
Penses-y : on est tous la folle de quelqu’un… et ça non plus, ça n’a pas de sexe.