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Nos mains

Je pensais à nous.

À nos mains fortes qui se recueillaient dans leur fragilité secrète, lorsqu’elles s’entrelaçaient l’une dans l’autre.

À tes doigts travaillants qui, au contact des miens, arrêtaient le temps, dissipaient les chicanes et nous rappelaient le sens pur du terme « amour ».

Yeux dans les yeux ou main dans la main : pour nous il n’y avait aucune différence. Par notre contact, nous comprenions tout.

Lorsqu’avec force, délicate pourtant, tu serrais ma paume, je reprenais confiance en notre couple. Je t’aimais. En sécurité.

Quand doucement, à mon tour, je posais la main sur la carapace de la tienne et que mes doigts se laissaient glisser entre les tiens, je savais — nous savions — que la dispute était finie.

C’était la clé de notre bonheur, cet effet physique, chimique, qui nous unissait. Même involontairement.

Et qui nous unirait encore, involontairement, si nous étions assez courageux pour risquer ce frôlement du bout des doigts. Un petit accrochage fébrile, qui nous ramènerait où l’on s’était quittés, qui réveillerait sans doute les petits papillons en hivernation.

« C’est l’printemps ! »

Et du bout de tes gros doigts, tu tracerais un cœur parfaitement asymétrique dans mon dos de petite cuillère. Et tes robustes doigts remonteraient le long de mon corps, produisant une légère friction… Parfaite. L’équilibre céleste entre la douceur de mon dos et la rudesse de ton index. Et ta main, qui finalement glisserait au creux de ma nuque, se fondant à ma chevelure des matins un peu emmêlés.

Et nous resterions couchés là, pour la grande vie.

Ma main, la tienne.

À nous.

À tes mains parfaites.

J’y pensais.

Simplement.

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