Toi pis moi, une dernière fois.
Ton café Bailey’s refroidit vite pendant que tu tombes dans la lune devant ton curseur qui clignote. Mais un café Bailey’s froid, s’pas grave tu vas me dire.
Qu’est-ce que tu vas ben pouvoir raconter c’te fois-là.
Que ta date de lundi était fuckep up? Tu vas me lire un poème sur ta fréquentation secrète qui finalement t’as dompé? S’tun peu plate, t’aurais peut-être ben voulu être sa blonde, mais bon.
Tu pourrais raconter ta dernière brosse, celle où tu t’es ramassé avec des touristes de l’Allemagne, non de la Russie? Pis qu’il a fallu que tu parles en anglais toute la soirée, mais t’avais levé le coude pas mal, t’es meilleure en anglais dans s’temps-là.
Tu pourrais faire un mixte de tous ces évènements et faire pleins de rimes quétaines. Ou encore, tu pourrais raconter une histoire d’amour que t’as jamais vécue, juste pour le fun de fermer les yeux et essayer de faire vivre à quelqu’un l’amour à distance. Avec des mots.
On s’est connus, toi pis moi, t’étais pas mal brisée.
Dans ton être.
Au complet.
Le genre de brisée qui prend un Shop-Vac pour ramasser. Pas juste un balai pis de la colle.
Quelque chose de brisé, ça se répare tu disais.
T’avais fucking raison.
C’est juste que tu savais pas que t’allais être brisée encore longtemps. Que se réparer de soi-même, c’est long en tabarouette avant que la colle sèche pis que ça tienne comme faut mettons.
Tu pensais que l’amour allait te réparer. Frencher, faire l’amour. Tomber dans les yeux de l’autre.
L’amour ça répare rien. Le sexe, ça met de bonne humeur mais ça sèche pas des pleurs tsé.
S’enfuir, ça t’as voulu faire ça souvent. Tout calisser là.
Pis tu l’as fait aussi. Changer de vie 25 milles fois. Ta famille suit même pu où t’es rendue. Gauche-droite-gauche pis un arrêt entre les deux.
Regretter pis s’ennuyer.
Avoue, tout quitter pis pleurer parce que les bras de l’autre te manquent. Mais cet autre-là, c’est toi qui lui a brisé le cœur pis la vie. Changer de bras, revenir un peu, re-changer. Finalement se décider.
Prôner le bonheur comme si t’étais un gourou du happiness, mais c’était à toi que tu parlais.
Pas aux autres.
La différence aujourd’hui, entre toi pis moi, c’est que je m’aime.
J’ai pas besoin de m’endormir en cuillière.
Pas besoin d’attendre que quelqu’un revienne pour le savoir.
La différence entre nous c’est que le silence de ma solitude me rend bien.
Je suis bien.
C’est rough à dire, j’te l’avoue.
Et je suis consciente que toutes mes fissures de cœur, raccommodées un peu tout croche, restent encore à cicatriser.
S’attacher, tu m’as appris ça. Les humains ne sont pas tous méchants, t’as le droit de tomber en amitié, t’as le droit de tomber en amour, pis t’as le droit de faire en sorte que ces humains-là restent dans ta vie. Ça se peut qu’ils s’arrachent de toi quand ton p’tit cœur battait fort, mais ça se peut qu’ils restent aussi. Prends donc la chance pis laisse-les rentrer dans ta vraie toi.
Relaxe, pis respire. Tu disais souvent ce que Dédé chante : la vie c’est court, mais c’est long des p’tits bouttes.
Ben tu vas finir par t’en sortir, de tes années de karma du mauvais bord. Tu vas finir par l’avoir, ta vie plus ou moins normale (elle ne sera jamais normale et tranquille on le sait les deux, mais bon). Tu vas finir par finir d’avoir à te fracasser le nez aux obstacles des autres. Un moment donné, tu vas comprendre comment sauter par-dessus.
Ouvre ta fenêtre pi sacre-moi ça à la porte, tes regrets d’avant, tes mauvais souvenirs qui cachent les bons, mais aussi l’amertume pis la peine.
Fais juste accepter pis utiliser ça pour avancer.
Il nous reste ben des affaires à vivre ensemble, j’veux dire, on n’a même pas de cheveux blancs. Mais, au moins, on va avoir compris que ça prend des outils pour continuer pis se battre.
Ça fait que je te laisse là-dessus.
On devrait se recroiser dans pas si longtemps.
Ah oui, pis t’existes tsé.
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