Les opinions sont mitigées. Les deux sont équivoques.
À droite, ceux qui nous perçoivent comme une génération sociologique rivée sur Internet.
À gauche, l’espoir d’une nouvelle société.
Nous sommes des proxénètes en formation, des barons de la drogue non achevés, des voleurs de voitures sans expérience, qui n’ont pas encore dealé leur futur.
Les Z.
Prétentieux, la conscience trouble, essayant de réformer la société à coups de gorgées. Que faire de plus pour tout changer?
La neige froide soudainement brulante dans nos voies nasales, nous nous en plaignons faraudement.
Jeanne est présente, Lily de même, peu importe l’endroit où nous allons poireauter, sans but ni dessein.
Des instruments jaillis des arrière-comptoirs, des fonds de garde-robes ou bien des dessous de lits manipulés par inadvertance, par pure « expérimentation », dirons-nous.
Les clics et les claques des appareils pour « encourager ces désinfantilisations du monde », verrez-vous.
S’en suit la création de souvenirs oubliés, classés dans la quarantaine de notre cerveau, qui reviennent de temps à autre, comme les émanations de nos vestiges les plus profonds.
Ensuite, les remords des parents, les reproches des professeurs indignés des résultats de nos enfants.
Une reproduction presque cinématographique, copie conforme de notre jeunesse, voulue vivace. Les actions avant-gardistes nuisibles à toute une génération s’imposent, bousculant son pouls. Destinés à baigner dans notre futur, ils en profiteront au moins un bref instant.
Dans la poudre comme dans les nuages, une tête vide s’y baigne.
Admonestée, engueulée des dommages, des narines qui saignent.
S’en suit la réduction à NÉANT de l’être individuel et de ses pensées.
S’en suit à NÉANT, cette fanfare burlesque de l’inconnu tout aussi exaltante que coupable, qui ne passe qu’une fois.
Voulons-nous arrêter?
Nous y penserons une fois l’alphabet achevé.
Comme l’estime qu’il nous restera,
À la fin de notre long et périlleux règne.
*
Par Éloïse Rose
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