Le mois de septembre tire à sa fin, la rentrée scolaire est derrière nous, les feuilles des arbres virent au rouge et les roues de nos vies continuent d’avancer. Malgré cela, la majorité d’entre nous se cherche encore.
Nous sommes nombreux à refuser d’entrer dans les moules que la société nous inflige. Personne ne veut être un stéréotype. On veut être une personne à part entière, libre de s’épanouir comme on l’entend. C’est vrai, je suis comme ça moi aussi. Mais il y a un truc qui me chicote. Suivant cette vague, on entend de plus en plus « d’attaques » envers les étiquettes. Comme si elles étaient rétrogrades, restrictives, limitatives.
J’ai entendu des gens dire qu’ils ne comprenaient pas pourquoi il y avait de plus en plus de lettres au groupe LGBTQA+, pourquoi un asperger se tue autant à avoir un diagnostic officiel, pourquoi les milléniaux sentent tous le besoin de spécifier leurs différences et de vouloir qu’on les respecte pour celles-ci.
« On est tous humains », qu’ils disent. « Pourquoi créer plus de boîtes, plus d’étiquettes, plus de barrières? » Ils n’ont pas complètement tort, mais ce qu’ils n’ont pas compris, c’est qu’il y a une différence énorme entre se mettre volontairement dans une boîte et être forcé d’y entrer contre son gré. C’est la même chose avec les chats, ce n’est pas compliqué.
Pour beaucoup d’entre nous, découvrir qu’on partage une boîte avec d’autres gens, c’est une illumination. Je ne parle pas ici de se forcer à entrer dans un moule, mais de découvrir qu’il y en a un qui te convient. Quand tu réalises qu’il existe un mot pour décrire ce que tu vis, c’est libérateur. S’il y a un mot pour toi, c’est qu’il y a d’autres gens comme ça. Tu n’es pas seul.e. D’autres vivent la même chose. Et tu t’accroches désespérément à ce petit groupe de gens qui te sont inconnus, car il te donne l’impression d’être normal et accepté, mais surtout, compris.e.
Il y a de plus en plus de lettres au LGBTQA+? Et alors? Si ça leur fait du bien à eux de s’afficher comme queer, qu’est-ce que ça peut bien faire aux autres? Imagine comment cet asexuel qui ignore même que l’asexualité existe peut bien se sentir comme individu? Non, il ne pense pas qu’il est spécial et ne se félicite pas d’être aussi unique. Il pense que quelque chose va mal avec lui. Et quand il rencontre enfin LE mot, celui qui explique ses difficultés, ses questionnements, eh bien ce mot, il y tient beaucoup. Il le serre contre son cœur et veut le laisser là. Il n’est pas une anomalie, il est asexuel, comme des millions d’autres le sont dans le monde.
C’est pour cette raison que je rage intérieurement quand j’entends des gens dénigrer l’importance de s’identifier à un groupe. Cela n’entrave pas l’épanouissement de notre personnalité, au contraire, cela lui en ouvre les portes.
Laissez-nous nous dire agenré, queer ou non-binaire, laissez-nous nous considérer femme alors que la société nous voit comme un homme, nous dire bisexuelle, que notre copine soit du même sexe que nous ou non. Je tiens à mon étiquette de féministe et de Gryffondor. Personne d’autre que nous-même n’a le droit de nous dire si notre identité est légitime ou non, si elle devrait nous être importante ou non.
Je tiens à mes étiquettes, mais je ne me restreins pas à celles-ci. Elles sont moi, mais je suis plus qu’elles.
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