Ça fait un petit bout de temps que je veux en parler, mais que je n’ai pas le courage de le faire, malgré le fait que vivre avec de l’anxiété et aller consulter pour chercher de l’aide n’est plus autant tabou qu’avant. C’est une chose de vivre avec de l’anxiété : la plus part des gens à qui tu en parles ont déjà souffert d’une crise de panique ou, du moins, connaissent un proche qui en fait.
Bonjour. Moi, c’est Zoë et je suis émétophobe, en plus de faire de l’anxiété généralisée. C’est quoi l’émétophobie? C’est avoir une phobie (et non juste un dégoût), une peur irrationnelle, du vomi. Tu vas me dire que j’exagère, mais non. J’arrive à parler de vomi de temps en temps, mais, autrement, j’ai le goût de me boucher les oreilles et de chanter à tue-tête pour éviter d’en entendre parler – même que ça m’arrive parfois de le faire.
Depuis que j’ai environ 10 ans, je vis avec ça… Je suis rendue assez bonne à deviner quand y’a quelqu’un à la télé qui est à la veille de vomir, mais, quand ça sort littéralement de nulle part, ça me frappe tellement fort que j’en ai presque le goût d’être malade.
Mes moments de honte sont multiples : j’ai une amie qui me disait que sa collègue de travail était venue travailler la journée après que son petit ait attrapé la gastro à l’école. Ma première pensée était : « Euh, fuck, il va falloir que je me lave tout de suite en rentrant, parce qu’elle a été en contact avec son amie et il y a un risque qu’elle soit contaminée aussi. » Sinon, ce matin j’ai appris que des gens dans la famille de ma blonde ont attrapé la gastro et qu’elle a passé tout le weekend avec eux pour un party de famille… J’ai la tête qui tourne et l’estomac à l’envers en moins de trois secondes et je repasse toute la dernière semaine dans ma tête pour voir s’il y a un risque d’avoir peut-être été contaminée…
J’te le dit tout de suite, ça m’en prend beaucoup pour t’en parler parce que : 1) on ne se connait pas et 2) j’en ai honte, même si je sais que je ne devrais pas. J’ai honte d’avoir des pensées comme ça, des pensées que je ne peux pas empêcher. Malgré que je sache très bien qu’il y a tout plein de gens comme moi dans mon entourage, même s’ils n’en parlent pas non plus.
Je t’en parle parce que je sais que je ne suis pas toute seule, que peut-être toi aussi t’as cette phobie-là, ou une autre, ou que t’as des tendances hypocondriaques, genre aller voir les maladies qui peuvent être reliées à un mal au coude gauche sur Google (je le fais assez souvent). Je voulais partager avec toi quelques trucs que j’ai développé au fil des années pour m’aider à passer à travers les moments les plus stressants et anxiogènes.
Pour commencer, trouve-toi quelqu’un à qui tu fais confiance et qui te comprend, sans te juger. Dans mon cas, il s’agit de ma blonde et de ma meilleure amie. Quand je passe à travers un moment d’anxiété (relié à ma phobie ou non), je les averti par texto, même si je sais qu’elles ne vont pas répondre immédiatement, pour leur dire que ça ne feel pas, mais que je suis essentiellement correcte, et que j’leur écrit, parce que de le dire à voix haute/à l’écrit semble diminuer l’effet de la situation sur mon anxiété.
Je me suis assise avec ma blonde dans nos débuts et je lui ai tout expliqué, sans rien lui cacher. Comment ma logique irrationnelle prend le dessus, les sortes d’idées et fixations que je fais et comment je deal avec. Ensemble, on a trouvé des petits trucs pour les moments où je me mets à paniquer et qu’elle est là ; ce qu’elle peut me dire et faire pour m’aider à me calmer, sans que j’interprète ce qu’elle me dit comme étant une critique ou un jugement.
Si t’es du genre à faire une fixation sur ta phobie ou sur comment tu te sens à ce moment et que ça l’empire la situation, je trouve que d’avoir de quoi pour garder tes mains occupées aide grandement. J’ai toujours quelques trucs dans mes poches, soit des pierres avec au moins une surface rugueuse et une surface lisse, des bouts de fils ou de tissus ou même des bouchons en plastique. Pourquoi? Jouer avec quelque chose qui a des textures ou des fonctions (pense à du papier à bulles pour l’emballage) occupe tes mains et une partie de ton cerveau, ce qui fait en sorte que tu n’es pas à 100% en train de te concentrer sur ce qui va mal. Mon prochain achat : le Fidget Cube – il fait tout sans prendre trop de place dans ta poche.
Personnellement, je trouve ça super utile de pouvoir parler, même si c’est de la température ou du fonctionnement d’un moteur : n’importe quoi pour engager mon cerveau à changer le mal de place. Quand je sens que je vais embarquer dans mon cercle vicieux de « J’ai mal au ventre, j’ai du manger quelque chose qui va me faire vomir, j’ai mal au cœur, parce que j’me suis convaincue que j’étais pour être malade, » je trouve ça vraiment utile de pouvoir parler de tout et de rien, parce qu’à un moment donné, tu vas tomber sur un sujet qui va t’intéresser et hop! Le mal de cœur a disparu pis, finalement, j’avais juste besoin de lâcher un pet.
Vivre avec une phobie ou de l’anxiété n’est pas une chose simple, mais s’il y a une chose que je peux te dire, c’est : « Parles-en! » Tu seras surpris par le nombre de personnes que tu pensais bien connaître qui t’avoueront que, eux aussi, ils vivent avec ça. En parler fait tomber les tabous et normalise la chose.
Je ne veux pas t’encourager à rationaliser ou essayer de trouver la raison de ton anxiété juste comme ça, parce que ça peut déclencher une crise, mais, quand tu seras dans un environnement qui te donne l’impression d’être en sécurité et dans un état mental serin, je t’encourage à le faire. Tu n’es pas seul!
Par Zoë Desborough
Élodie Dugat
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