Regarde ces images. Ces photos où sourires s’alignent, sourires se décomposent. Regarde ces clichés. Ces clichés où l’amour plombe, où la haine n’existe pas, où la peur est morte. Regarde ces souvenirs. Ils sont beaux, ils sont vrais, ils sont nôtres. Ils sont nos peurs, nos amours, nos faiblesses, nos réussites, nos bonheurs, nos désespoirs. Ces images témoignent de moments qui ont réellement eu lieu, qui semblent avoir eu lieu dans une autre vie, qu’on oublie parfois parce qu’on n’y fait pas attention, parce qu’on les prend pour acquis. Pourquoi c’est si important? De belles images, de simples numériques qui ne semblent rien dire, qui ne véhiculent qu’une portion de ce que l’on ressentait réellement à ce moment-là.
Des images pour se rappeler dans quelques années qui nous étions à un moment précis. Ce à quoi nous aspirions, ce pourquoi nous nous battions, avec qui nous le faisions. Des photos colorées ou en nuances de gris, pour s’imaginer et essayer de ressentir ce moment, comme si c’était aujourd’hui. Par ces clichés que nous prenons, que nous observons, l’on se retrouve face à des fantômes, à des fantômes de soi-même, de notre entourage, de purs inconnus.
Et si on a un peu de chance seulement, ces images représentent exactement ce qu’elles devaient représenter. Elles sont si fortes qu’elles ne manquent pas d’exprimer sans laisser de doute ce qu’elles signifient réellement, ce qu’elles sont réellement.
Parce que les photos, c’est bien plus que des sourires figés sur du papier glacé ou dans un écran de téléphone. C’est d’essayer d’arrêter le temps un instant pour le capturer à jamais. De s’assurer d’avoir une mémoire pour le moment où la nôtre n’en pourra plus, où elle nous faillira sans nous donner la chance de bien exprimer ce que l’on ressentait. Une photo, c’est un moyen de rester vivant même dans le après, même quand on se sent décrépir, surtout quand la nostalgie nous envahit, et que ces éclats dans nos yeux nous semblent lointains.
Les photos sont des preuves d’un moment de bonheur qui a réellement existé, qu’on se laisse parfois oublier, qu’on peut toujours se remémorer.
Crédit photo : Annie-Claude Bergeron