Je te mets au défi. Des films, des séries, des romans : t’en manges jusqu’à plus trop savoir comment les digérer. Le problème, c’est que tu es gourmand, que t’en reprends, que le dessert est trop alléchant pour s’en priver. C’est bien correct! Ce n’est certainement pas moi – le gars capable d’engloutir des 10 heures d’Hollywood, d’épisodes Netflix et de pages romanesques sans broncher – qui va te juger. Mais je te mets au défi (comprenez que derrière le « te » se cache aussi et surtout un « me ») de consommer culturellement plus intelligemment, de te construire un panorama culturel plus intéressant. Première étape à suivre : se frotter aux classiques. Voici mes raisons.
- Les écrivains et les cinéastes sont avant tout des cinéphiles et de voraces lecteurs. Ils puisent dans les œuvres du passé avec plaisir, tantôt pour les parodier, tantôt pour les imiter, tantôt pour tenter de les dépasser, très souvent pour leur rendre hommage. Les grands artistes, ceux qui créent ce qu’il y a de plus original, ne sont pas assez naïfs pour croire qu’ils ont tout inventer sans l’influence des géants du passé. C’est pourquoi les clins d’œil cinématographiques et les références littéraires abondent si souvent dans les romans/séries/films. S’aliéner des classiques, c’est demeurer aveugle à ce jeu auquel s’adonne tout artiste de ce nom. C’est manquer les dialogues que nos génies contemporains entretiennent avec ceux du passé.
- On dit souvent que les chefs-d’œuvre sont atemporels, universels. Il y a quelque chose de vrai là-dedans. Mais chaque manifestation artistique naît dans un contexte bien précis auquel il n’est nullement indépendant. Impossible, donc, de tomber dans le noir et blanc, de lire Proust, Shakespeare, Euripide (rien de trop vieux!) sans passer par la machine à remonter le temps. Autre époque, autre société, autres technologies, autre mode de vie, autre mentalité, autres enjeux. De l’Histoire dans les histoires : trop cool!
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- Les grandes créations marquent leur époque. Elles ne sont pas seulement un événement dans les sphères artistiques, elles deviennent les emblèmes du changement. Elles cristallisent de nouvelles façons de penser, de nouvelles façons de voir, de nouvelles façons d’être. Le sentiment d’absurdité dans ce monde sans Dieu et sans valeur prédominante a eu besoin d’un Camus pour parvenir à son avènement. Le sentiment que le Québec abritait un peuple exploité et en mal d’autonomie a eu besoin de la poésie d’un Miron pour se loger dans le cœur des hommes. L’aspect caricatural du nazisme n’aura jamais autant été clair sans le cinéma d’un Chaplin. Les grandes œuvres portent en elles le changement. Se priver de cet héritage, c’est comprendre un peu moins le processus par lequel notre monde a évolué et à partir de quels appuis artistiques le futur s’est écrit.
- J’ai gardé mon meilleur argument pour la fin! C’est simple, les grandes œuvres n’ont besoin d’aucune raison externe pour se justifier. Elles valent par elles-mêmes. Je ne suis pas un partisan du relativisme ; il est absurde, à mon avis, de proclamer que tout se vaut. Traduisez ainsi : Twilight ne vaut pas Casablanca, Patrick Senécal ne vaut pas Balzac, le resto du coin ne vaut pas la bouffe maison de maman. Bien sûr, certains aspects technologiques ou langagiers vieillissent mal, mais derrière ce léger obstacle se cachent des trésors qui ne ternissent pas.
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- Un top 5 sans top 5… Allons-y plutôt pour des raisons émotives (les meilleures). Les vieux bouquins sentent meilleur et le noir et blanc a le charme de la nostalgie.
À vos classiques!
Par David Morissette Beaulieu
Marie-Ève Joseph
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