En fait, c’est pas que je n’aime pas le monde, c’est que je n’ai absolument aucune idée comment me comporter avec lui. Moi, parler de la température pour me sortir d’une conversation, j’aime ça. Ça ne me gêne pas de dire qu’il fait donc beau dehors juste pour combler le silence.
Souvent, je parle pour ne rien dire. Je dis des mots qui (dans ma tête) font du sens, mais au fond j’ai juste l’air folle et je tente, tant bien que mal, de me justifier.
Si tu veux me repérer dans une foule, je suis la longue chose dans le coin, loin de tout ce qui est animé, qui boit pour se dégêner. Et j’en suis fière.
Je suis une antisociable endurcie. Je baisse les yeux dans la rue pour être certaine de ne pas croiser le regard d’autrui qui déciderait de me faire un sourire (c’est limite sauvage).
J’aime mieux rester dans le confort de mon chez-moi avec un bon livre ou un bon film (quoique… même mauvais, j’aime mieux ça) que de sortir dans les bars.
Je déteste commander du take out par téléphone parce que ça implique de parler à quelqu’un que je ne connais pas.
J’haïs les nouvelles rencontres ou les présentations maladroites quand mes amis tentent de m’intégrer. J’aimerais sauter cette partie, pour me rendre directement à celle où je fais pipi devant toi et que tu me trouves moins bizarre.
Je fais des blagues pas drôles pour « détendre » l’atmosphère, mais ça ne fait qu’empirer la situation.
Je suis awkward, je dis ce qu’il ne faut pas au mauvais moment. Je tombe dans les escaliers à l’heure de pointe à l’Université. Je me renverse de l’eau là où on dirait qu’on s’est fait pipi dessus. Je prends dix minutes pour commander au restaurant.
Je suis awkward et j’ai appris à vivre avec, à aimer mon absurdité (mais je ne sais toujours pas comment j’ai fait pour avoir des amis).