Il y a quelques semaines, je publiais un billet sur les filles et le caca, dans lequel je parlais du fait qu’on avait aussi le droit à la transparence en ce qui a trait à notre métabolisme, et je le soutiens encore aujourd’hui. Suite à l’engouement autour de ce billet populaire et vaporeux, je suis restée empreinte (sans mauvais jeux de mots) de l’univers serein et protecteur, intime et réconfortant, clos, sécurisé et impénétrable, de la salle de bain féminine, qui plus est, du cabinet. C’est un lieu où l’on s’est toutes réfugiées à un moment ou à un autre; un lieu dans lequel on a pleuré, eu nos règles, fumé en cachette (comme les bums dans les films de collèges américains), frenché, chié, dit des secrets, ouvert des chambres, des secrets, etc.
Hermione Granger – source
La salle de bain, c’est là qu’on s’est fixée dans le miroir une fois que la dernière fille était sortie, là aussi, où on a rougi de se faire prendre en flagrant délit de narcissisme. C’est là qu’on se re-maquille quand on sort dans les bars, qu’on re-beurre nos lèvres de rouge, rose, noir, là où on prend la pause pour les chiottes selfies.
Mean Girls – source
On a toutes été la fille dans la salle de bain, celle qui vomit ses shooters de trop, celle qui braille sa date qui la texte pas en retour, celle qui braille son amie qui est trop directe, celle qui braille juste parce que ça fait longtemps.
En se rinçant la bouche au robinet, en se mouchant avec du papier de toilette, en essuyant son mascara qui a coulé, on est toutes la fille dans la salle de bain.
Margot Tenenbaums – source
Parfois, ça m’arrive de m’enfermer quelques minutes dans la toilette des inconnus. Pas parce que j’ai envie de pipi, juste parce que j’ai besoin d’un moment toute seule. Pendant que le party continue dehors, moi je suis comme dans une bulle de temps à part. Je suis dans un endroit hors-party, hors-monde, seule avec moi-même, à l’abri des regards, sauf du mien. Il existe un réel malaise avec le fait d’entrer dans une salle de bain sans miroir. Parce que oui, ça arrive qu’on y aille juste pour ça. Pas par peur ou désespoir vis-à-vis de notre coiffure, juste pour être seule avec quelqu’un qu’on connaît.
From mirror to mirror
No vanity dispair
I’m looking for the face I had
Before the world was made
-Yeats
The diary of a teenage girl – source
J’ai été bercée par les scènes de films d’ados avec les groupes de filles dans les chiottes, c’est un imaginaire qui reste, qui imprègne, ça demeurera toujours un endroit sacré. C’est une communauté qui se crée aux toilettes, c’est l’endroit qui nous unit toutes. Femmes groupées, puis femmes assises, pissant dans leur espace d’intimité, dont on ne distingue que les pieds sous la porte juchée trop haute. Talons, bottes, mocassins, on peut toutes pisser ensemble pis toutes pisser égal!
Et parlant de pisser ensemble pis égal, la popularité grandissante des toilettes mixtes ou « non-genrées » va casser un peu le mood sororité de chiottes, mais elle permettra à quiconque souhaite utiliser ledit sacré cabinet de le faire, et ce, sans être préalablement classé par une icône « tite madame » ou « ti monsieur ». Les pentes glissantes de la peur et de la non-inclusion se doivent d’être « flushées » mes amies!
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