Qui n’a jamais ressenti ce poids énorme sur sa poitrine comparable à un mammouth qui fait des push up sur son chest? Que tu sois debout, couché, en petite boule, dehors, en dedans, en courant ou en marchant, ce picotement dans tes mains et cette pression en dedans de toi n’est pas prête à te dire Good bye my lover, good bye my friend… L’anxiété touche la majorité des gens si ce n’est pas tout le monde (EVERYONE). Que ce soit lorsque tu te demandes ce que tu vas manger pour souper, comment tu vas payer ton loyer ce mois-ci ou tout simplement pour aucune raison particulière. Ce sentiment incontrôlable nous est toujours de mauvaise compagnie. Il n’y a personne qui tient son anxiété main dans la main en gambadant tout souriant dans un champ de marguerites. NON!
Chacun la vit à sa manière et surtout à des fréquences différentes. Certains la vivent seuls au chaud dans leur lit douillet. D’autres doivent la vivre en public, ce qui nuit favorablement à leur travail et à leur occupation en tant qu’être vivant en société. Certains croient la contrôler et d’autres sont tout simplement soumis à cette énergie imposante qui semble toujours avoir le dernier mot sur leur existence.
La première fois que j’ai vécu de l’anxiété, à mon souvenir, j’étais en troisième année et pas le temps de niaiser. Ce jour-là, j’avais réalisé que nous allions tous mourir un jour (obviously) et que c’était fini après. J’ai compris que je n’allais plus être et rire avec ceux que j’aime, ni jouer avec mes Polly Pocket. Arrêtez! Je vous entends déjà avec vos : Que fais-tu avec la vie après la mort? La réincarnation? Jésus? Laissez faire. Le simple fait de m’imaginer renaître dans une autre vie, dans une nouvelle famille me donnait des frissons tout le long de mon grand corps de quatre pieds six pouces. J’ai commencé à m’endormir très tard. La pauvre petite fille de 8 ans qui lisait ses Sakura chasseuse de cartes jusqu’à 23 h sans trouver une miette de sommeil ou qui essayait de s’endormir au son de l’album physique de Mélanie Renaud dans son CD player pour essayer d’oublier ces pensées noires. Merci, Mélanie, merci.
Un jour, comme tout bon parent durant la relâche scolaire, mon père nous avait emmenées, ma cousine et moi, au Cosmodôme, et j’ai dû faire face à une nouvelle réalité liée à la mort. Le gentil jeune homme, qui faisait bien son travail, nous expliquait que dans quelques milliers d’années, inévitablement, le soleil allait gober la planète Terre. Ciao là! ÇA, je n’ai pas aimé ça du tout. Alors que je pensais déjà au fait que nous allions tous crever, toi, jeune ado, tu m’apprenais que la vie allait mourir elle aussi. C’était trop pour moi. Plus je grandissais, plus cette peur vieillissait avec moi. Mes 23 h se sont transformées en 3 h, et je redoutais toujours le moment où j’allais devoir confronter ces réalités qui m’attendaient patiemment sous mon lit.
Comme pour tout être humain en voie de développement, peu à peu ma naïveté d’enfant a quitté ce corps pour laisser place à de nombreux questionnements, déceptions, découvertes, désirs. Faire ce que je veux, trouver un travail, etc., etc. et fuckin’ etc. Secondaire, cégep et université, DEP plus tard, chenille est devenue papillon. Je suis devenue une jeune femme avec une très grande ouverture d’esprit et j’ai réussi à me trouver des amis qui possèdent cette même vision. Nous aimons discuter du notre environnemenr, de notre société, de notre avenir, des gens en général. Nous nous questionnons et prenons conscience de différentes choses. Avec le temps, mon anxiété a aussi évolué et ma peur de la mort s’est apaisée, MAIS elle a fait place à une remise en question de la vie.
Lorsque je fais le constat de la société dans laquelle nous vivons et du pattern de vie qui nous est offert, cela m’inquiète beaucoup. Depuis 2013, souvent je me suis demandé si j’étais en dépression. Devais-je consulter? En parler à ma mère? Acheter un livre de Guy Corneau? Je ne veux pas être de celles qui vivent grâce à un quarante heures semaine d’un salaire crève-faim et me demander chaque fin de mois si je vais y arriver. Est-ce de la paresse/un manque de motivation de ne pas vouloir suivre ce mode de vie qui nous est offert et répété sans cesse depuis notre entrée à l’école? Je ne comprends pas que certaines personnes (en majorité) sont tout simplement carelesss devant ce mode de vie et s’y soumettent. Émotionnellement et physiquement, je me sens souvent en mode survie. Je suis une jeune femme qui a acquis beaucoup de confiance et qui dégage une énergie positive qui plaît au monde en général. J’aime faire plaisir aux gens autour de moi et à ceux qui me sont précieux. Parfois, j’ai peur de négliger mes propres désirs et de faire passer ceux des autres avant les miens. Le hic, c’est que je ne sais même pas ce que je désire réellement et je reviens toujours à la case départ sur « Que dois-je faire pour être bien? ». J’ai l’impression parfois que l’Homme se cherche toujours du drama et qu’il ne peut pas se satisfaire d’être bien dans son quotidien. Lorsque je vis ces questionnements et cette anxiété émotionnelle ou physique, c’est là que j’aimerais mourir pour que tout arrête en un claquement de doigts.
Heureusement, j’ai la chance d’avoir des personnes exceptionnelles près de moi qui sont là pour me faire passer de beaux moments, échanger de belles discutions et vivre des émotions que je n’échangerais pour rien au monde. Comme je l’ai déjà mentionné, chacun d’entre nous a cette petite boule noire à l’intérieur et chacun a ses méthodes pour essayer de la gérer, de la maîtriser. Je souhaite à tout le monde de devenir plus grand et plus fort que cette petite boule noire et peut-être qu’un jour, c’est elle qui aura peur de nous.
Par Valérie Charlebois