J’te le dis toujours, t’as la confiance aveugle. Elle part se balader les yeux fermés. C’est une sacrée tête en l’air, ta confiance, mais tu l’as consciente des risques qu’elle prend. T’as la confiance qui s’en fout. T’es un téméraire de confiance, tu cherches le bon dans les yeux de tous – il est dans les yeux de tous.
Tu ne poses pas de questions, tu laisses les choses aller là où elles doivent se rendre ; tu ne crois pas aux mythes, aux ouïes-dires, aux rumeurs. Tu veux ta propre opinion, tu veux savoir pourquoi ses yeux te sourient, ce qu’ils veulent te dire. Tu veux te prouver que ta confiance facile a lieu d’être et qu’un jour tu ne le regretteras pas. Tu redonnes ta confiance… ô combien de déceptions à venir. Tu la déposes là, sur un plateau d’argent, à qui veut bien la prendre. Prenez-la dans vos mains, faites-la tourner sur votre nez si ça vous chante pis prouvez-moi que ça existe encore, la confiance.
Là, j’arrive et je te dis en riant: « Mais t’en sais quoi? Imagine si tout ce que je te dis, c’est faux, que je te mens sur tout, que je me joue de toi, que je te mène en bateau ; que j’ai juste compris que les gens ont la confiance aveugle pis que j’ai choisi d’en profiter ; que de dire mensonge après mensonge, ça ne me fait pas froid dans le dos, même que ça m’amuse. Fais juste t’imaginer et dis-toi que des gens comme ça, ça existe. Que si ce n’est pas moi, c’est quelqu’un d’autre. »
Là, je croyais te mindfuck, mais l’opération inverse est arrivée – c’est moi qui suis mentalement fourrée.
Moi aussi, j’ai la confiance aveugle. Pire encore : j’ai la confiance inébranlable. J’ai voulu te mettre en garde du mal qui t’entoure et je me suis moi-même mis en garde – fuck. Et si toi, tu faisais ça?
J’suis toujours là à me dire que rien n’arrive pour rien, que si ma confiance se trompe, c’est que celle des autres est mêlée et que la leur a besoin de mentir pour se refaire confiance.
Ma confiance n’est pas juste aveugle, elle est easy. S’il vient un moment où je doute de tes paroles, j’aurai toujours confiance que tu fais de ton mieux pour que la situation soit idéale pour tous. Jamais je ne croirai que tu souhaites nuire, que tu veux du mal. Jamais je ne penserai que le problème c’est toi. C’est circonstanciel, que je me dirai. T’auras qu’à passer me voir : on fera comme si de rien n’était. J’viens d’me rendre compte que j’suis bonne là-dedans, faire comme si tout était normal. On pourra retirer ensemble le couteau que tu m’as planté dans le dos, désinfecter la plaie pis essayer de comprendre ce qui s’est passé.
J’ai voulu te prouver que le mal existe, que, ta confiance, tu devrais la chérir et ne pas la donner à n’importe qui ; que tu devrais avoir une espèce de rite de passage pour l’accorder. Je me suis prouvée que finalement, moi aussi, ma confiance j’la garrochais par les fenêtres, qu’elle venait en quantité incroyable et que, finalement, j’suis pareille comme toi.
Pis c’est là où j’en suis dans ma réflexion : je ne sais pas si c’est bien ou pas.
J’ai confiance que la vie saura me l’apprendre.
Par Annie-Claude Bergeron
Élodie Dugat
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