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erreur

Je t’écris aujourd’hui pour que tu saches. Je pensais honnêtement que c’était clair. Je pensais que tu savais. Je pensais que tu t’en étais rendu compte. Mais on m’a dit que t’as réessayé – j’espère tellement que t’as pas réussi – de violer une autre fille, pis je me suis dit que je leur devais ça, aux autres filles qui croiseront ton chemin.

Je t’écris pas pour toi. Mon but n’est pas que tu te sentes moins mal ni que tu te sentes plus mal. Mon but, c’est juste que tu le refasses pas. Fais pas subir ça à une autre, parce que je vais t’en vouloir encore plus si tu le refais en connaissance de cause.

C’est pas parce que t’étais mon ami que tu pouvais coucher avec moi. Je le savais que t’avais un kick sur moi, pis ça s’est jamais passé. Ça ne me tentait pas. Je voulais pas te faire sentir rejeté, donc je suis restée ton amie. Pis un bon ami, ça respecte ça.

C’est pas parce que j’étais saoule que tu pouvais coucher avec moi. Au contraire. Une personne saoule, c’est jamais en état de consentir. C’était pas le bon moment de faire le move que t’as pas fait dans les neuf derniers mois quand j’étais en état de dire non. Même si j’ai dit oui au début. Même si j’ai kick out notre ami en sous-entendant que je voulais plus d’intimité avec toi. Même si je t’ai déshabillé.

J’étais saoule. L’alcool a kick in plus tard que je le pensais, mais quand j’étais nue, quand tu me faisais mal, j’étais trop saoule pour prononcer les mots « j’ai mal, arrête ». Je me souviens m’être dit quelque part dans ma tête que j’étais pas en état, qu’il fallait que tu arrêtes parce que mon cerveau était pas en mesure de communiquer à mon corps qu’il devait mettre fin à ce qui se passait.

Je me suis longtemps dit que tu pouvais pas savoir. J’ai jamais dit non. J’ai participé au début. C’est loin d’être l’agression stéréotypée du gars qui attaque une fille dans une ruelle.

C’est ça qui a fait que j’ai outrepassé les bleus et le sang. Que j’ai fait semblant qu’y en n’avait pas, de problème.

Mais y’en avait un.

Pis tu l’as pas compris. Tu flirtais avec moi la fois d’après qu’on s’est vu.e.s. Tu me touchais pis j’avais peur. J’ai ramassé mon courage à deux mains et je t’ai dit « j’aimerais mieux que tu me touches pus ».

Malgré ça, t’as pas catché. Tu m’as proposé qu’on se voit seul.e.s par la suite. Je t’ai écrit pour te dire que j’étais pas à l’aise d’être seule avec toi. Même dans un lieu public.

T’as continué de me parler. Comme si de rien n’était. Fait qu’à un bout, quand j’allais vraiment mal pis que je me suis saoulée toute seule en espérant t’oublier, ben je t’ai écrit. Je t’ai écrit un énorme paragraphe disant que j’étais pas bien avec ce qui s’était passé entre nous, que j’avais eu des lésions corporelles, que j’étais pas en état, que je vivais de la détresse à cause de ça pis que je pouvais pus accepter que tu me parles quand on se croisait. J’ai jamais dit le mot « viol » en te parlant, mais moindrement que t’as des connaissances de base en consentement sexuel, tu sais que je décris pas la recette gagnante.

Après ce message auquel t’as jamais répondu, tu m’as encore parlé quand on s’est croisé.e.s. Le pire c’est que je parlais de violences sexuelles avec une amie. Pis tu t’es permis d’embarquer dans la discussion pour me contredire.

Là, je me suis dit que t’avais vraiment pas compris. Pis j’avais pas la force à ce moment-là de te rentrer dans la tête que ce que t’as fait, c’est mal.

Aujourdhui, je prends le temps, parce que je veux pas que tu refasses ça à une autre, qui aura peut-être pas un entourage soutenant ou les moyens d’exprimer ses émotions. Parce que je l’ai eu vraiment plus facile que d’autres. J’ai des ami.e.s et une famille qui m’ont crue. J’ai les ressources financières pour obtenir de l’aide professionnelle. J’ai conscience de la société de marde dans laquelle on vit, pis ça me permet de me déresponsabiliser solide de ce que j’ai vécu, parce que c’est pas de notre faute.

Mais celle à qui t’as essayé de faire la même affaire, ben peut-être qu’elle, elle a pas tout ça. Pis même si. Je souhaite ça à personne d’autre. Je te souhaite même pas ça à toi.

T’es malheureusement pas le premier à pas comprendre ou à pas vouloir voir les limites de mon consentement. J’arrive même pas à croire que tu seras le dernier. Je l’espère vraiment beaucoup, mais je suis loin d’y croire. Je peux pas te responsabiliser pour l’accumulation de violences sexuelles qui m’a menée où je suis présentement.

Mais je peux te dire que cette nuit où je sais même pas si t’as joui, elle m’a fait un mal immense. Elle a empoisonné une relation amoureuse que j’avais avec quelqu’un d’autre. Elle a assombri le rêve de ma vie de faire de la coopération internationale. Elle m’a empêchée de travailler l’été suivant. Elle m’a donné des diagnostics de santé mentale à l’automne. Elle m’a isolée de plusieurs ami.e.s. Elle m’a fait risquer ma session d’université. Elle a handicapé ma vie sexuelle. Elle va peut-être même retarder l’obtention de mon diplôme et mettre en péril ma maîtrise.

Je sais, t’es pas tout seul à avoir mal agi. Pour chaque élément que je nomme, y’a au moins une personne qui aurait pu changer la donne. Parfois, cette personne-là, c’est moi. Mais ce que tu as fait, le plaisir que t’en as retiré, ça valait pas tout le mal que ça m’a causé, pis faut que tu le réalises.

Fait que j’espère que tu sais maintenant. J’espère que tu le referas pas. Parce que si tu le refais, je serai pus dans la responsabilisation, je vais être dans la punition. J’ai pas envie de me rendre là. J’ai pas envie de te punir. J’ose croire que c’est possible de s’améliorer comme personne sans être puni.e, en prenant conscience de ses actes. J’ai pas envie de te punir, mais j’ai encore moins envie que tu en punisses d’autres pour les difficultés que toi tu vis dans ta recherche de l’amour.

Parce que je le sais que t’aurais voulu plus qu’un one night avec moi. Peut-être que je t’ai brisé le cœur. Ça se peut pis c’est pas le fun, être rejeté.e, mais c’est pas une raison. Fait que please, va au centre d’aide pour les personnes à risque d’agression ou qui en ont commis de la région, mais refais pas ça.

Je te le demande parce que je sais que t’es pas un monstre sans considération pour les autres. T’es une bonne personne qui a commis une grave erreur. Refais-la pas.

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