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Sentiment de supériorité à l’échelle mondiale

J’ai pleuré ce matin.

Bon, c’est vrai que je pleure tout le temps. Surtout ces temps-ci. Pis oui, c’est à cause de mon SPM, pis non, ce n’est pas de tes affaires de juger ma réaction face à l’importance que tu accordes à mes problèmes. Parce que de toute façon, mes problèmes sont peut-être futiles, d’habitude, mais mon existence, comme celle de n’importe quel être humain, l’est tout autant. Ça fait que calme ton arrogance, toi qui sait si bien distinguer le crucial du dérisoire et de l’insignifiant.

Non, mais sérieux là, si tu savais réellement distinguer ça, tu pleurerais toi aussi.

Ce matin, je pleurais, oui. Pis cette fois, c’était de tes affaires. Je ne pouvais pas m’en empêcher, ça coulait « toute » seul. Ce n’était pas facile de retenir mes larmes : elles étaient pesantes. Chacune d’entre elles portait le poids de l’humanité entière.

Pire.

De tous les êtres vivants de cette planète.

Savais-tu qu’en 100 ans, 90 % des baleines ont mordu la poussière? que, quelque part en Asie, des humains utilisent les femelles orangs-outans pour satisfaire leurs infâmes pulsions? qu’il y a 1200 millions d’humains qui manquent d’eau potable, pendant que 3 à 5 millions meurent de maladies transmises par l’eau, chaque année ? Évidemment, c’est sans parler des autres êtres vivants sur cette planète. Parce qu’on n’est pas tout seuls, je te signale. Savais-tu que les cannes de thon que t’achètes jouent un rôle capital dans la destruction de l’écosystème marin, parce que les grandes compagnies pêchent plus de poissons chaque saison que ce que l’océan peut le permettre? que quelque part en Arctique, au milieu des eaux, un ours polaire est condamné à mourir seul sur une banquise qui s’égoutte parce que tu es trop lâche pour prendre ton vélo, ce matin? que, chaque jour, 20 000 hectares de forêt vierge est extirpée des bras de sa mère la terre ce qui met en danger la moitié des 15 000 espèces d’arbres en Amazonie ainsi que des milliers d’espèces animales?

Dont les orangs-outans.

Si la tendance se maintient, dans moins de 15 ans, nous aurons exterminé 99 % de l’habitat des orangs-outans.

Tous ces décès parce que tu succombes sans cesse à l’envie de t’acheter une canette de liqueur-noire-dans-une-bouteille-rouge-dont-on-ne-nommera-pas-le-nom ou un pot de tartinade de chocolat et noisettes contenant bien trop d’huile de palme (Alexandre t’en avait parlé ICI).

Mais, peut-être que tu t’en fous. Peut-être que tu considères que la valeur d’une vie non humaine est nettement inférieure à une vie animale ou végétale.

Et comme si ça n’était pas assez d’être ingrat avec la nature, il faut se piétiner entre nous. Exploiter des enfants en les privant d’une enfance acceptable, en faisant d’eux des adultes usés à force de travailler d’un côté de la planète, pendant que de l’autre, on en fait des idoles, des vedettes avec lesquelles on s’enrichit en construisant un culte de la beauté malsain.

Et on s’étonne du malheur collectif.

On s’étonne que je me vide de mes larmes une fois de temps en temps, quand devant un boisé, j’entends des toussotements dans les gazouillis d’un oiseau qui ne devrait sûrement pas être ici en plein mois de décembre. Quand j’en conclus que c’est de notre faute, à nous, les humains. Nous qui exploitons tout ce qui se trouve à la portée de nos mains, de nos dents et de nos yeux comme si la nature était un beau grand buffet à notre disposition.

Comment rester neutre face à cet égocentrisme flagrant et cruel?

On mord la main qui nous nourrit, et ce n’est qu’une question de seconde avant qu’elle nous gobe en retour.

Pour celui qui possède juste un peu de bienveillance, ça veut dire qu’il faudra chérir notre mère la terre.

Pis pour celui qui est le moindrement égoïste, ça veut dire qu’il est temps de penser à sauver ta peau, parce que ta complaisance ne suffira pas à t’épargner.

Source photo de couverture : illustration de Dan-ah Kim

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