Cette année, j’affronterai le temps des fêtes dans la catégorie des « célibataires et malaisés de se faire demander si il ou elle a un p’tit chum par chaque personne présente aux partys de tourtières ».
Mon calendrier de l’Avent posé sur ma commode me nargue déjà, les enfants qui jouent dans la neige illustrés dessus me regardent avec des yeux en fuck you, des yeux de « eh boy que t’es pas prête à ça ma fille ».
25 chocolats de break avant d’avoir à affronter la tempête de verglas de questions, des « Pis les études on va-tu bientôt te voir à la tévé hein? Pis, les amours, une belle fille comme toi ça doit en briser de coeur hein? Pis, t’es-tu encore avec l’autre p’tit gars? Pis, comme ça parait que tu manges pu de viande, tu manges-tu juste de la salade astheure hein? Pis, habiter dans grand’ville sans papa pis maman pour te faire des lunchs c’est pas facile hein? Pis pis pis??? »
J’anticipe déjà ma place réservée à la table des célibataires, c’est-à-dire à la table des moins de douze ans où le 7up et le Fruité aux raisins sont roi et reine.
C’est déjà assez « rushant » à tous les jours de pas être en amour pis heureux comme le monde dans les publicités de Coca-Cola, sans qu’y faille en plus traverser Noël pis le jour de l’an en ayant l’air tellement au-dessus de ça.
Et c’est comme un méga move d’inviter une nouvelle fréquentation dans sa famille, même si t’aurais envie d’avoir cette personne-là à proximité pour avoir quelqu’un avec qui faire des blagues pis manger trop de dessert. Parce que comment t’expliquerait ça?
« Allô, non c’est pas mon chum, non c’est pas juste mon ami, non ma tante personne dit ça fuck friend, pis non c’est pas mon fuck friend, mais non c’est pas mon p’tit chum, c’est Thomas juste Thomas bon nous on va aller faire un tour vers le plateau de crudités bye ».
J’aurais juste envie d’être bien.
De manger trop de tarte au sucre pis de bonbons aux patates sans avoir peur de me faire poser ces questions pièges, sans avoir peur d’être quelqu’un qui fitte pas dans le moule.
Et en fait, il vient d’où le malaise?
Si je répondais franchement et sans « ouin je sais que je te déçois » dans la voix, peut-être que les questions plates dureraient juste deux phrases :
« Piiiiiiis? As tu un p’tit chuuuuuuum? »
« Non mais je pense que c’est pour le mieux, je suis heureuse et épanouie, sinon à part ça toi ça va? »
Faut penser aux petits bonheurs du temps des fêtes, aux choses pas compliquées, à notre père qui raconte des histoires drôles après 3-4 Baileys on ice, à notre soeur qui nous influence à faire un mauvais coup à notre petit frère, à l’odeur de cannelle et de sapin, aux câlins d’après cadeaux, aux photos laides de nous en pyjama le matin de Noël, à la nouvelle brosse à dent et au paquet de gomme qui nous attendent dans notre bas de Noël, à la neige inattendue, à la sieste d’avant party, à l’achalandage vers la douche d’avant party, à toutes ces choses qui font de Noël, Noël.
En couple, en fréquentation ou en célibataire, c’est Noël, on peut tu juste en profiter pis être autre chose qu’une réponse brève qui intéresse personne tant que ça au fond.
Joyeux Noël d’avance à toi, t’as encore 25 chocolats pour te dire que t’es capable pis que ça sera pas si pire que ça d’être célibataire, même habillée chic. 25 chocolats pour être chill avec le fait de présenter une nouvelle fréquentation à ta famille. 25 chocolats pour te remplir les poches des petits fuck you dans les yeux des enfants sur la couverture, et t’en foutre des questions de matantes-mononcles, questions qu’ils détestaient sûrement autant que toi quand ils avaient ton âge.
You go girl, c’est Noël, fais-toi donc le cadeau d’être toi-même. Marge pas marge, chum pas chum. Le temps des fêtes va goûter aussi bon j’te jure ?
Crédit photo de couverture : Alex Prager