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Attentat – Quand la poésie monte sur scène

Se réapproprier les mots; voilà en substance la proposition phare d’un spectacle qui a l’ambition d’être une étincelante déflagration. Les artistes nous expliquent, lors d’un échange improvisé après le spectacle, que le mot « attentat » tire ses racines du latin (attentatum, attemptare) et qu’il signifie originellement « faire une tentative », « oser audacieusement ». Spectacle mis en scène par Gabrielle Côté et Véronique Côté, une production du Théâtre Mo et du Théâtre du Fol Espoir, Attentat entreprend de reconquérir un « nous », un sujet collectif. Il a comme arme de « reconstruction massive » la vertigineuse poésie d’une trentaine de Québécois contemporains qui empruntent à la langue, notre langue, ses plus sémillantes possibilités.

La poésie s’avance impétueusement, à coups de tableaux disparates mais fluides, où images et musiques fraîchement créées pour le spectacle s’allient pour célébrer la puissance des mots. Elle oscille entre dénoncer et célébrer; crier sa rage et rêver passionnément; être lucide et se laisser porter par l’espérance. Elle s’envole avec le mistral qu’elle exalte, elle soulève les cœurs en manque de beauté, de paysages sauvages, de rafales frissonnantes. C’est donc une révolte qui dépasse le banal « Fuck toute! », « Tout est de la marde. », parce que son mouvement d’indignation initial ose se transformer et proposer un nouvel aurore. L’impulsion est puissante, elle est portée par un souffle qui, soudain, entrevoit des possibilités inédites, un projet. Il s’agit de regrouper les gens autour de la vibrante beauté des mots, de retrouver par son biais le sentiment communautaire et de s’élancer vers un avenir, ce que le monde d’aujourd’hui a fait disparaître.

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Sans personnage, mais porté par une demi-douzaine d’interprètes qui impriment bien, par leur mobilité, l’idée d’un mouvement vers l’avant que suscite le spectacle, le tout prend des allures d’un essai poétique. L’essai, c’est ce genre littéraire où l’on réfléchit, où l’on ose prendre parole, où l’on s’essaie (tautologie magnifique), où l’on se confronte à la langue, dans le but de prendre position. C’est un chemin sans lieu d’arrivée défini, un voyage auquel nous sommes, spectateurs, invités à prendre part. Et rien n’empêche, dans un essai, de jouer avec la langue, de prendre appui sur elle, de l’exploiter jusque dans ses plus ténues joliesses

Et dans son sillon, la voix poétique qui émerge sur scène a certainement le pouvoir de rallier. Plusieurs acteurs qui se donnent la réplique arrivent à engendrer un rythme au spectacle, en plus de créer cet effet de multitude. La participation de la foule dans un des tableaux, la multitude des poèmes, les évocations récurrentes à ce qui touche tout un chacun, à savoir le territoire, le climat, la langue, le pays.

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On en sort le cœur émerveillé. On a de nouveau envie de croire à la beauté du monde. Et on est surtout ravi d’avoir vu le spectacle dépasser les réussies (mais trop souvent entendues) tirades qui dénoncent les trop nombreuses absurdités de notre monde. La poésie est magnifique et elle resplendit même en dehors des pages.

Par David Morissette-Beaulieu et Sabrina Asselin

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