from-italy.com
Blog

Poussières d'étoiles – Anonyme

Vendredi matin, cachée dans les toilettes de mon lieu de travail, je tenais à la main le fameux test qui indiquait fièrement, sans aucun doute possible, un petit « positif ». Un mélange de joie, de peur et d’anxiété me tenait, face à cette révélation. Cela m’a pris un bon 5 minutes avant de pouvoir sortir de cet état semi-inconscient où tu as juste l’impression que ton cerveau vient de geler.

Pour vous mettre en contexte, je n’étais plus avec le père (parti avec une autre), je n’avais pas encore de permanence à mon travail (donc en situation financière incertaine), je n’avais pas fini mon programme d’études et surtout, j’avais des parents d’une culture différente qui m’auraient déshéritée en apprenant la nouvelle. Je n’avais jamais imaginé que cela puisse m’arriver d’une telle façon et je me suis sentie coupable d’avoir été irresponsable, surtout à mon âge.

J’ai eu beau retourner la situation dans tous les sens, je ne voyais aucune issue qui puisse faire en sorte que je garde cet enfant. C’est là que je me suis rendu compte que ma plus grande peine d’amour serait celle-là. Déjà, une grossesse à deux et bien entourée n’est pas nécessairement facile. Seule, c’était donc inconcevable, vu ma situation.

J’ai donc pris un rendez-vous à l’hôpital pour un avortement. Le premier rendez-vous consiste à passer une panoplie de tests, à rencontrer l’assistante sociale, à confirmer ainsi que dater la grossesse pour ensuite savoir la procédure à suivre. Je m’y suis prise tôt, mais vu le débordement de la clinique, il s’est passé presque 1 mois entre mon appel et la date fixée pour la procédure. 7 semaines et demie de grossesse.

Si je vous écris aujourd’hui, ce n’est pas pour vous expliquer les détails et la procédure d’un avortement, mais plutôt pour vous dire comment moi je l’ai vécu. Car quand je dis que j’ai eu le cœur brisé, sachez qu’en fait il l’est toujours, même si je ne regrette pas cette décision. Cet être, je l’ai senti grandir en moi pendant deux mois et, même s’il n’est pas né, je me suis sentie maman.

Je sais que je lui aurais donné tout mon amour et probablement que j’aurais tout sacrifié pour son bonheur. Hélas, je ne me sentais pas prête. Pour certains, je n’étais simplement pas assez forte pour assumer la venue cet enfant. Pour d’autres, j’avais commis un meurtre… Il existe tout un tas de préjugés sur celle qui décide d’avorter et c’est bien dommage. Chaque situation est différente et personne ne devrait se donner le droit de juger ton choix.

Je vis tous les jours en pensant à cet être que j’ai remis au paradis. À chaque jour, j’imagine son visage, son sourire, la couleur de ses yeux, à qui il aurait ressemblé et comment ma vie aurait été à ses côtés.

Oui, j’ai pensé à toutes ces femmes qui ne peuvent concevoir d’enfant et croyez-moi, s’il y existait une technique pour transférer un embryon, je l’aurais fait.

Je vis mon deuil. L’avortement n’est jamais un choix anodin ni facile. Sur le plan physique, ce n’est pas dramatique. C’est le plan émotionnel qui remet tout en perspective : une claque en plein visage qui te met la réalité en face et tes priorités en place. Cette étape de ma vie m’a permis de reconnaître mes vrais amis, ceux qui ont été là pour moi. Jamais je ne pourrais assez les remercier pour leur amour, leur écoute et leur support.

Je me suis rendu compte que je ne me sentais pas accomplie, que je n’avançais plus dans ma vie, que je restais dans une zone de confort, sans faire de réels efforts. En fait, je n’étais pas totalement heureuse, ni épanouie. Cette expérience m’a donc permis de remettre mes pendules à l’heure. Je me suis promis de me fixer des buts et de tout faire pour y arriver. De devenir une vraie femme, indépendante et accomplie.

Pour le volet « homme », j’ai décidé de prendre une pause, d’arrêter de chercher le prince charmant et surtout d’écouter la petite voix en moi lorsque j’aperçois les fameux RED FLAGS. Je me dis, maintenant, que le bon va bien trouver son chemin sans que je me casse la tête !

Mon petit cœur a aimé cet être qui a grandi en moi malgré mon choix, j’aurais simplement souhaité que le timing soit le bon.

Je ne pourrais repasser par là une seconde fois. Le jour où je vais être enceinte, je vais être prête à accueillir cet enfant, même si cela pourrait être une surprise. Cet ange qui est passé en moi m’a permis de découvrir qui j’étais et de grandir. Il m’a ouvert les yeux sur ma propre personne et ce que je devais mettre en œuvre pour devenir celle que j’aspire à être.

J’espère, un jour, trouver la bonne personne avec qui fonder ma famille, car même si j’ai décidé de subir une IVG, croyez-le ou non, j’ai un désir profond d’être mère.

En terminant j’aimerais te dire à toi, mon ange, ma poussière d’étoiles…que je t’aime et je pense à toi!

Autres articles

Pouding de chia chaud à la banane et aux épices chaï

adrien

L’illusion référentielle

adrien

Les émotions « laides »

adrien

Mode locale : les sacs Lambert

adrien

Pimp ton hot dog!

adrien

Gloire aux cheveux de pouliche – Par Stéphanie

adrien