Je rendais comestibles mes émotions. Je me suis réveillée un matin avec vingt livres en trop qui me faisaient sentir mal. Ça faisait deux ans que je n’avais pas mis de camisole parce que je ne me sentais pas belle dedans.
Je mangeais mes émotions. Quand je me sentais bien et pleine de vie, je mangeais comme pour féliciter la vie. Quand je me sentais mal et que j’avais besoin d’un petit remontant, je me morfondais dans les chips et la salsa. Que ce soit une fin de session trop chargée, un bris de cœur ou une bonne nouvelle, toutes les situations étaient appropriées pour me ruer vers les biscuits ou les brioches à la cannelle (et je n’aime même pas la cannelle). J’ai réalisé un matin que la nourriture ne me rendait même plus heureuse, elle faisait le contraire. J’étais victime d’elle parce que c’est elle qui me possédait. Je n’avais plus de plaisir à manger parce que j’étais dans l’excès.
J’ai décidé de projeter mes émotions ailleurs, même si j’avoue qu’un peu de chocolat chaud, ça aide quand nos cœurs se congèlent. J’ai décidé que j’allais contrôler toutes ces émotions qui m’envahissaient et les mettre dans autre chose. Je suis pas mal certaine que je ne suis pas la seule à posséder un long bras proche du réfrigérateur… Si toi aussi, tu te sens devenir un vrai Winnie The Pooh dans un pot de miel, j’ai quelques conseils pour toi.
1. Si tu haïs ton ex qui a une nouvelle blonde, s’enfouir la tête dans une tarte au sucre n’est pas la solution. Prends une douche froide, garde la tête haute, pleure un peu dans les bras de ton amie (faut pas trop nous en demander non plus) et fais quelque chose que tu aimes (que ce soit du ménage, des marathons de films ou bien des tresses de fils, on ne juge pas). Tu peux même te mettre belle pour aller te trémousser les yeux fermés et les cheveux dans le vent.
2. Si tu haïs ton travail, mais que tu dois encore rembourser ton voyage en Grèce, trouve un sport qui te fait sentir mieux. L’excès de colère et d’agressivité peut être très utile quand tu veux courir cinq kilomètres juste parce qu’il fait beau. Garde aussi l’esprit ouvert, ne méprise pas ton amie qui t’invite à monter une montagne pour le plaisir. Accepte l’invitation, ça va te dégourdir les jambes et te défouler la tête. En plus, tu peux prendre de belles photos rendue en haut!
3. Si tu as eu des notes de feu à tes examens, ce n’est pas nécessairement synonyme d’alcool à volonté et de poutine durant une semaine. Fête comme il se doit à coups de tequila si tu veux, mais tout est dans l’équilibre. Ne fais pas de mal à ton petit corps qui mérite qu’on prenne soin de lui. Fête avec modération. Je sonne comme une matante, mais être saoul tous les soirs, ce n’est pas la meilleure façon de se féliciter. J’ai rien contre l’alcool, mais faut quand même pouvoir se souvenir de notre été et du nom du beau gars qui était au bar (ça peut toujours être utile, t’sais).
J’ai pas la réponse à tout, j’ai encore du chemin à faire, mais la différence de ces derniers mois, c’est que je m’émoustille devant des nachos extra guacamole, parce que je n’en mange plus tous les jours. J’ai retrouvé ce que c’était d’apprécier la nourriture et les repas tricheries. J’ai retrouvé l’envie de manger du frais, du bon, du beau. De manger par plaisir et pas par obligation, parce qu’on est en surplus de stress. Je me suis concentrée sur autre chose, je me suis concentrée sur ma personne et sur comment en prendre soin, même si ce n’est pas toujours évident.
Je suis loin d’être Kate Moss ou de faire du CrossFit, mais aujourd’hui je mets des camisoles, parce que je ne me trouve pas laide dedans, parce que je n’ai plus cette envie pressante de me cacher sous terre à tout bout de champ. S’agit juste d’être bien dans cette carcasse qu’on traîne partout où l’on va (et ce, pour un bon bout de temps).
Mais on va se le dire, je ne dis pas non à une petite poutine une fois de temps en temps!