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Ça fait un an que je suis clean

La toxicomanie est, pour certains, une maladie dont une personne peut être atteinte toute sa vie, et ce même dans la sobriété. Pour moi, c’est un état qui peut être guéri, difficilement, mais je sais que je ne serai pas toxicomane jusqu’à ma mort. J’ai été chanceuse dans ma maladie, je consommais « seulement » du cannabis, dans une quantité incomparable, mais c’était juste du pot.

Je me suis pointée dans un centre de désintox la journée que je me suis tannée. Mais on m’a jugée parce que je ne consommais pas de morphine, de cocaïne ou toute autre drogue. Donc, on m’a conseillé de mentir sur mon état pour que les autres résidents m’acceptent. Je disais que j’étais alcoolique. Mais, j’étais dans ce centre pour en finir avec les mensonges et la honte, ce qui entrait considérablement en conflit avec les mensonges que je disais pour me faire guérir. J’ai sacré mon camp. Rendue chez moi, je me suis fait jugée aussi. J’aurais dû être alcoolique ou cocaïnomane pour qu’on comprenne que j’avais un problème.

« Juste » du cannabis c’est facile à arrêter voyons!

Ben non, c’est pas facile. Peu importe ce que tu consommes, arrêter c’est pas facile. Ça demande de mettre ton orgueil à côté de toi et de le regarder partir. De t’avouer à toi-même que tu as un problème, d’avoir la force de le dire tout haut à quelqu’un. Et quand l’aide que tu es allé chercher te poignarde dans le dos, quand tu fais rire de toi parce que t’as pas laissé ton problème empirer, quand tu te fais dire que ça prend un Dieu pour t’aider à arrêter, mais que tu ne crois aucunement en un être supérieur qui va te donner le coup de pied au cul… qu’est-ce qu’il te reste? Juste toi-même. Alors, moi pis mon moi-même avons décidé de stopper ce cercle vicieux de la consommation excessive.

J’étais plus capable du sentiment de culpabilité qui m’habitait sans cesse, l’angoisse de voir la quantité de marijuana diminuée et de ne pas avoir les moyens de m’en procurer d’autre, de ne plus savoir si j’ai vécu un moment gelée ou à jeun. De ne pas vivre ma vie comme il se doit, d’être dans un nuage de fumée jour et nuit…

C’est là que le sevrage a commencé… Je ne dormais plus, je vivais le sevrage jour et nuit, je m’ennuyais de mes amis que j’ai dû arrêter de voir car c’était avec eux que je consommais. J’avais encore le reflexe douloureux d’ouvrir mon armoire à pot, pour rien y retrouver… Je n’ai jamais ressenti une envie aussi viscérale de fumer un joint que pendant mon sevrage. C’est là j’imagine que plusieurs s’en remettent à Dieu, prient pour que ça arrête…T’as beau aller prendre une marche, te trouver des activités à faire, c’est toujours dans ta tête, ça te chatouille l’esprit.

Une épée de Damoclès au-dessus de ton âme qui te menace sans cesse.

J’avais plus faim, je ne trouvais plus l’espoir de vivre une journée sans ma récompense, ma vie était longue et ennuyeuse. Me semblait qu’à jeun rien n’était aussi beau, drôle, savoureux ou intéressant.

Mais peu à peu, ces effets ce sont dissipés pour laisser place à mon propre esprit, à la personne que j’étais avant la consommation. À la mère que je voulais devenir et à la femme dont je rêvais être. J’ai eu des rechutes, jusqu’à ce que mon désir d’arrêter devienne un état d’arrêt simple.

Maintenant que ça fait un an, je me remercie à chaque soir de me coucher en pleine conscience et de me rappeler de tout ce que j’ai fait dans la journée. Je me remercie de dire non à la consommation de drogues, même si c’est difficile. Car encore, j’ai envie de consommer, pour oublier, pour avoir un « trip bouffe » de poutine qui n’aura jamais été aussi délicieuse. Je dois aussi vivre mes problèmes à jeun, sans automédication, sans pouvoir y échapper. Faut que je fasse avec, littéralement. Mais la vie goûte bon.

Je sais qu’à partir de maintenant, jamais je ne pourrai porter à mes lèvres un joint, même comme un simple loisir sporadique, je ne pourrai plus jamais consommer de drogues sans mettre le pied sur le bord du gouffre.

Je n’accepterai plus de moi-même de me reperdre dans cette fumée, je devrai vivre ma vie à froid, telle qu’elle sera, belle ou moins belle.

Mais c’est ça la vie.

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