La semaine passée, un beau gars a liké une de mes photos sur Instagram. Un osti d’beau gars, avec une magnifique barbe rousse, un style d’enfer, grand, masculin, pis toute. En plein mon genre.
Je lui ai envoyé un message, il m’a répondu, on a parlé un peu, on s’est full bien entendus. Ça s’est adonné qu’il me trouvait cute lui aussi.
On a fini par parler durant des heures. Chaque fois que mon cell vibrait, mon cœur battait plus vite. C’était comme si ma vie était soudainement plus intéressante.
C’est con d’même, j’le sais.
Pis là, lundi soir passé, ben tard, on a décidé de se voir.
J’ai conduit jusque chez lui. Il est entré dans mon auto, il sentait bon. Oh my god, il était tellement fucking sexy.
On a parlé un peu. Il vient de la Belgique. Il repart le 7 juin.
Ça a pas été long qu’on frenchait comme des malades dans ma petite Toyota Yaris. J’embrassais un gars full de mon goût, dans le parking d’un IGA de Saint-Henri, à minuit un lundi soir.
Pas croyable.
Il était doux et bon. Il jouait dans mes cheveux et me disait de belles choses. Il m’a pris dans ses bras en serrant mes deux mains tout en fredonnant une chanson de Troye Sivan, que j’adore.
Un beau moment comme j’en vis jamais (ma vie est pas mal plate, qu’est-ce que tu veux).
Le lendemain, je l’ai invité chez moi.
C’était la première fois que je baisais en anglais. J’veux dire, lui, il parlait en anglais, et moi, je répondais en français. C’était hot en titi.
On a pris notre temps. Il ne me quittait jamais des yeux. Je prenais son visage avec mes deux mains, le temps s’arrêtait, pis lui, il m’embrassait le front en slow motion. J’vous le dis, je me sentais autant en amour que Marnie avec Charlie dans Girls.
C’était bizarre, parce que je ressentais au fond de moi un énorme sentiment de sécurité, de bien-être.
Et c’est super fucked up de penser que personne autour de moi peut me faire sentir de même, mais qu’un inconnu oui.
Le jour d’après, il m’a envoyé un texto pour m’expliquer qu’il ne souhaitait plus vraiment me voir. Qu’il retourne bientôt chez lui, en Europe, et qu’il ne veut pas se faire mal. Que c’est mieux pour nous de stopper tout ça là, right now.
« I don’t want us to be too intense about it – because that’s just asking for it. »
« Asking for what? »
« Asking for heartbreak. »
J’me voyais partir en Gaspésie avec lui, dormir sous les étoiles sur la plage avant qu’il parte. J’voulais aussi lui montrer le Mont-Tremblant, parce que c’est méga beau les petites maisons toutes sortes de couleurs pis que je trouve ça complètement fou qu’il voit pas ça avant de partir d’ici.
J’me suis fait couper mon fun assez raide.
J’ai « googlé » Anvers, sa ville natale, et j’me suis senti tout petit, d’un coup, et super triste.
Même si la Belgique c’est pas à l’autre bout du monde, c’est quand même l’autre bord de l’océan. Pis c’est sûr que j’reste icitte, j’déménagerai pas là-bas… en tout cas, pas pour tout d’suite.
Fait que t’sais, il a fort probablement raison. On trippe ensemble, mais c’est peut-être mieux de finir ça là pour pas se briser le cœur.
Je me suis même mis à penser qu’à la grosseur de la planète Terre, il y a de fortes chances que je rencontre jamais mon âme sœur.
Et il y a aussi une grande probabilité que mon chemin le croise, mais que je puisse malheureusement jamais passer ma vie avec.
Ça me fait angoisser.
J’sais ben que toute mon histoire, pour la plupart d’entre vous, c’est ce qu’on appelle un one night.
Je suis aussi au courant que vous devez me trouver fucké d’avoir pensé que j’avais trouvé mon futur mari sur Instagram.
Mais moi, j’me trouve pas fucké.
Je pense même que c’est très beau de savoir que deux humains peuvent s’aimer comme ça aussi rapidement, sans se connaître.
L’amour est si rare aujourd’hui. La tendresse et le respect, ça n’existe presque plus.
Même si c’est triste en criss qu’il s’en aille, cette histoire-là m’a redonné l’espoir que le monde est moins dégueulasse que j’pensais, et qu’un jour, moi aussi, je vais avoir la chance de tomber en amour pour de vrai.
Par Karl Hardy
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