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Ma belle Crépue,
Ça fait déjà quelques mois que je t’observe. Un vrai pirate à la recherche d’un trésor. Tu veux un chum. Un vrai, un avec qui tu pourras te coller, un qui te trouvera belle le matin, un avec qui les disputes auront un goût aigre-doux.
Je te vois butiner d’un prétendant à l’autre. Le dernier n’était finalement pas le bon. Tu mises gros sur celui d’aujourd’hui et espères un lendemain heureux. Le vagabondage du cœur, c’est devenu une habitude. Tu es amoureuse de l’amour, tes critères sont de moins en moins nombreux, parfois inexistants. Tu excuses les silences de tes prospects, acceptes leurs demi-vérités, réprimes tes inquiétudes et modifies ton horaire au gré de leurs disponibilités. Après tout, qui voudrait s’amouracher d’une fille qui n’est pas accommodante?
Tu mets beaucoup d’eau dans ton vin. Tu es passée d’un bon 14 % à un cooler fade. Un cooler fade, c’est déjà mieux que rien pantoute, non? Tu dis que ça te convient, que tu es heureuse, que ce libertinage fait partie de tes choix. Mais, je sais aussi que lorsque la porte se ferme après une nuit de tendresse et un matin de malaises tu te sens seule, que tu rêvais d’un déjeuner, d’un café partagé, d’une baise d’après-midi.
Tu vas me dire que je suis complètement dépassée, que je suis en couple depuis beaucoup trop longtemps pour comprendre comment ça fonctionne aujourd’hui les rencontres. Tu as raison. Je ne sais même pas à quoi ressemble l’interface de Tinder, et le seul spot de cruise qui me vient en tête c’est l’épicerie. J’imagine que les « ASV » ne sont plus populaires et que MSN est mort.
Mais, il y a une chose dont je suis certaine. L’amour, le vrai, il n’a pas changé. Et l’amour, il donne des nouvelles même si sa famille est en ville. L’amour, ça ne lui dérange pas que tu lui téléphones parce que tu as besoin d’aide pour déplacer un meuble trop lourd. L’amour, ça se lève tôt pour revenir avec des croissants et du café. Ça a de l’initiative. L’amour, ça a des couilles, ça donne l’heure juste et ça n’a pas besoin d’excuses pour masquer son désintérêt.
Ma belle Crépue, je sais que tu trouveras. Tu es belle, curieuse, allumée, rieuse, anxieuse, forte, complexée, assumée. Vois ta valeur. Ne partage pas tes richesses avec qui le veut bien. Les pilleurs ne sont jamais bien loin. Sois sélective, les intéressés se montreront patients. Ma Crépue, sois toi-même. En tout temps. N’aie pas peur de déplaire. Donne, mais assure-toi aussi de recevoir. N’excuse plus, du moins, pas toujours. Prends conscience de tout ce que tu as à offrir, parce que oui, tu as tout pour plaire.
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Je sais, les bons gars ne courent pas les rues.
Mais, vaut clairement mieux être seule que mal accompagnée. Un boulet, ça devient vite lourd à porter.
Avec toute mon amitié,
Par Josianne Vignola