Hier, c’était mon anniversaire. J’ai eu 34 ans et, puisque personne n’était libre lors des deux journées que j’ai proposées pour une petite fête entre amis, mon amoureux a voulu marquer l’occasion en m’emmenant dans mon restaurant préféré en petit comité : ma fille, lui et moi.
Ajouter une année supplémentaire au nombre des bougies que je ne souffle même plus me déprime au plus haut point. 83 notifications sur Facebook, une carte, un appel outremer et pourtant, je me sens seule au monde. Il faut dire que j’ai passé le cap de la trentaine dans le plus strict anonymat : nulle célébration pour marquer mon entrée dans cette dizaine que je craignais tant et, depuis, chaque année n’est qu’une répétition des précédentes.
La déprime de novembre, je la vis lors de la dernière semaine de mars. Les journées rallongent, mais sont aussi grises qu’un mois avant Noël, les microbes me sautent dessus comme des chats sur du thon et je prendrais congé de moi-même quelques jours.
C’est littéralement ce que j’ai fait, d’ailleurs. Congé, de compter les calories, ce soir-là – en théorie. Dans les faits, le calcul mental s’est effectué malgré moi. Au moins 600 dans les bâtonnets de fromage, minimum 175 dans une seule aile de poulet graisseuse, facilement 450 dans la portion de chips «maison » que je me suis prise et 300 par verre de vin. Plat principal non inclus. Au dessert, une bombe mousseuse au chocolat : rendue là, je me détestais au-delà de toute réparation.
Aujourd’hui, je suis hangover. Mon foie marine dans la graisse et l’alcool depuis hier et curieusement, il se manifeste si peu que je crois qu’il est encore saoul. Ce matin, dans le miroir, j’ai fait face au visage de l’enfant qu’auraient pu avoir Alice Cooper et le Joker de Heath Ledger en faisant un threesome avec un raton laveur. Rien de moins.
J’ai une pesée mercredi prochain et elle risque d’être aussi immobile que celle d’il y a deux semaines. Six livres que j’ai perdues dans les deux premières semaines et depuis, rien. Un gros rien majuscule, caractère gras, souligné trois fois. Même mon tour de taille et de cuisse n’a pas bougé. 1 livre de muscle, 1,5 d’eau et 3,5 de gras. Je perds mes culottes, mais je ne sais pas d’où ça vient.
Un peu comme le fait que je sois si peu entourée parce que j’ai du mal à cultiver des amitiés : je crois que la perte de poids est un peu ce que j’ai pu récolter après avoir semé. Ma motivation est quelque part en train de dormir en cuillère avec mon foie. Moi qui espérais perdre les 128 livres nécessaires dans l’atteinte du poids santé en une année, si je ne change pas de rythme de croisière, je peux oublier ça.
Il faut dire que je n’ai aucune patience. Je n’arrive même pas à endurer un rhume le temps qu’il passe : le deuxième jour de symptômes, je me retrouve en clinique à attendre cinq heures qu’un médecin me prescrive quelque chose en suppliant « Sauvez-moi, docteur! ». De la même manière, je fais assez tôt face à un mur lorsque les résultats ne sont pas au rendez-vous.
Mais pas cette fois. Samedi, je vais voir un pro de la motivation, Sylvain Giguère, dont je suis le parcours depuis deux ans via sa page « Adieux (sic) Bédaine et Bonjour La Vie » et qui a accompli l’exploit de perdre 200 livres en un an. Sans chirurgie : juste lui et sa tête dure. Sa blonde l’accompagne. Ce couple inspirant a perdu pratiquement 320 livres combinés avant de se rencontrer. Depuis, ils mettent leur expérience au service des gens en perte de poids.
Je sens que ça va me faire du bien.
Source photo