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16 mars 2003
Rachel Corrie
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Nous avions le même âge. On l’a assassinée sans excuses ni procès. Voici « Pourquoi ».
Fin du XIXe siècle
L’empire des tsars de Russie s’effondre et en tient pour responsable la minorité juive qu’il massacre par dizaines de milliers en une seule génération :
Les Pogroms russes
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Des centaines de milliers de Juifs fuient en Amérique. De ceux qui restent, certains inventent le sionisme, dont quelques milliers d’adeptes s’installent en Palestine pour établir une commune nationaliste : une terre sécuritaire à eux. Avec leurs pairs sur les autres continents, ils établissent un système qui génère de l’argent et promeut leur langue, leur culture, leur religion et leur cause.
En Palestine, la religion majoritaire, alors musulmane, côtoie sans incident des orthodoxes, apostoliques, et tous les rites chrétiens. Or, les sionistes sont différents des autres Juifs : ils achètent des terres, mêmes stériles, sans négocier les prix, mais exigent qu’elles soient livrées inhabitées et travaillées que par des Juifs. Certains Arabes refusent de vendre à ces conditions, mais d’autres le font sans réserve. Naissent
les Kibboutz en Palestine.
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1914
La population est sous l’autorité du dernier sultan de Constantinople qui fait ce que l’Occident attendait de lui pour le faire tomber : s’allier avec l’Allemagne. Ainsi, l’Occident promet aux puissances arabes un royaume uni et indépendant si elles combattent l’Empire ottoman. Or, sur le terrain, les pays arabes sont partagés : s’allier avec la France ou avec l’Angleterre?
Ce qui laisse l’Occident décider que la Palestine deviendra un territoire international après la guerre.
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1917
L’Angleterre conquiert Jérusalem et les Juifs sont informés que la naissance d’une nation pour eux sera favorisée… en Palestine.
L’Europe ignore les Palestiniens mécontents. Aux Arabes, à qui on avait promis mers et mondes, on laisse des territoires morcelés. Un rêve s’effondre et cet événement signe la fin des bonnes relations entre deux peuples.
Première décennie
100 000 immigrants juifs arrivent et la première ville juive, Tel-Aviv, est construite aux portes d’une ville arabe. La tension monte : affrontements, centaines de morts, mais on ne parle partout que des Juifs décédés. Puis, Hitler arrive au pouvoir,
et plus de Juifs arrivent en trois ans qu’il n’y en avait sur tout le territoire vingt ans auparavant.
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1935-1938
La révolte arabe explose : grève générale de six mois, conflits quotidiens, arrestations, perquisitions, blessés, morts. Les sionistes subissent les attentats de la guérilla palestinienne. Défendus par les Britanniques, ils poursuivent la construction de leur colonie et militarisent leur population. Épuisés et mal outillés, les rebelles arabes voient ce qui leur reste de territoire bombardé, mitraillé, détruit par les Britanniques. On déporte ou pend les rebelles, on compte par milliers,
les morts.
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La Seconde Guerre mondiale
Les Britanniques, voulant des alliés, convoquent toutes les puissances à un sommet pour s’assurer leur soutien; de grandes nations arabes y sont, ce qui offusque les Juifs. L’unique représentant palestinien commet alors l’irréparable aux yeux du monde actuel : il pactise avec Hitler pour voir tomber son ennemi juré, l’Angleterre.
Après avoir été brûlés vifs durant la peste noire au Moyen âge et massacrés durant les pogroms,
les Juifs tombent au nombre de 6 millions à travers l’Europe sous le génocide nazi.
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Pourtant, comme pour le peuple syrien aujourd’hui, les frontières demeurent fermées aux survivants. Seuls les sionistes leur promettent un avenir : plus qu’un foyer national, l’indépendance. La majorité adhère à ce courant, une minorité de Droite courtise du territoire arabe, et tous se tournent finalement vers les grands vainqueurs de la guerre, les États-Unis, pour les soutenir. Ils luttent avec les armes contre l’Angleterre en Palestine. Encore une fois, la lutte fait trop de victimes de tous les camps pour qu’on arrive à les compter. On pend les dissidents, mais l’Angleterre ne se venge pas davantage, craignant d’être accusée d’antisémitisme.
Elle remet plutôt le dossier de la Palestine aux toutes neuves Nations unies.
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La Droite sioniste opère alors une tragique mise en scène : elle invite l’ONU à être le témoin du refoulement par l’Angleterre – avec morts –
d’Exodus, un bateau contenant des milliers de réfugiés Juifs vers… l’Allemagne.
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La faction de la droite sioniste obtient dès lors ce qu’elle convoitait : l’ONU somme la Grande-Bretagne de se retirer de la Palestine, puis divise le territoire de manière partiale entre Juifs et Palestiniens : la plus grande partie pour les premiers, le reste pour les autres, groupe majoritaire et dont les ancêtres n’ont pourtant connu que ces terres.
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Les puissances arabes, furieuses, crient à la machination : si les Européens désirent donner une terre aux Juifs, se déculpabiliser de les avoir persécutés, ils doivent leur aménager un royaume en Europe.
En vain.
Les Arabes sortent dans les rues et s’en prennent aux Juifs. La Droite juive décide d’attaquer, conquiert le territoire…
en massacrant ses habitants.
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Les Palestiniens résistent un certain temps, mais ceux qui ne fuient pas sont chassés. En un mois, des centaines de milliers d’Arabes ont ainsi déserté leurs villes ou laissé leurs corps en joncher les rues.
1948
Certaines nations arabes, submergées par les réfugiés, s’allient secrètement avec la droite sioniste. Ainsi, quand est proclamée l’Indépendance d’Israël, elles ne tentent pas de le faire tomber. L’ONU envoie un médiateur suédois en Palestine, qui fait rapport de la situation désastreuse dont sont victimes les Palestiniens, mais Israël le fait assassiner, son rapport avec lui.
Le 17 septembre 1948 : Assassinat du Comte Bernadotte
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Pendant ce temps, Gaza est sous la tutelle égyptienne et 800 000 Palestiniens sont dans des camps de réfugiés. Les Arabes siégeant à l’ONU quittent la salle en guise de protestation, mais l’ONU inclut malgré tout Israël s’il réintègre les réfugiés palestiniens. Promesse faite, mais non tenue à ce jour, sans que le fautif perde son siège, sans que la Palestine en obtienne un non plus. L’État israélien décrète plutôt que tout bien d’un domicile dont le propriétaire est absent devient sien, et accueille 700 000 Juifs de d’autres pays. Il ne reste que 150 000 Arabes en territoire juif, victimes de ségrégation, leurs villages remplacés par des villes juives ou des camps qui existent encore aujourd’hui.
Les groupes terroristes juifs de la Haganah, expulsant des Palestiniens.
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1950-1970
S’établissent le Fatah ainsi que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Les nations arabes lui paient tribut, s’arment, s’organisent pour refuser l’existence de l’État israélien quand les Palestiniens n’ont ni papier ni maison. En 1967, Israël implore la communauté internationale de l’aider devant cette menace, mais frappe avec une attaque dite préventive qui, en six jours, tue
25 000 Arabes.
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Le drapeau israélien flotte partout, Gaza incluse, conférant à Israël quatre fois la superficie que lui avait décernée l’ONU.
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L’ONU vote unanimement son retrait des territoires occupés (une autre décision toujours effective, mais jamais appliquée); l’État israélien s’empresse plutôt de chasser les Palestiniens en leur interdisant, papiers à l’appui, de revenir.
Les Palestiniens assiègent les locaux de l’ONU, demandent une place dans un camp de réfugiés (plus loin encore que le précédent de leur Palestine natale), subissent contrôles militaires, civiques, destructions de leurs villages par Israël. Certains emprisonnés sans motif entreprennent des grèves de la faim.
Le leader de l’époque à l’OLP souhaite voir un royaume où tous pourraient vivre ensemble, mais ironiquement, pour la paix, on arme même les enfants dans les camps où on cache des bombes, pendant que d’autres organisations plus radicales demandent le départ pur et simple des Juifs et font déjà, dans les années 1970, des détournements d’avions et des attaques contre des civils.
Le monde découvre l’existence du peuple palestinien par ses factions terroristes qui s’en prennent aux Occidentaux, et en a peur, pas pitié.
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Le monde ne connait pas les Palestiniens qui tentent de se libérer au cœur d’un territoire qui se réduit comme peau de chagrin.
Des deux côtés, donc, la terreur est quotidienne. Petits et grands sont pris en otage. On ne cède pas, des civils meurent et on se réjouit selon le nombre de corps faits dans le camp ennemi.
1974
Heureusement, certains commencent à se dire qu’il faudrait passer par le dialogue politique : les Arabes, forts de leur pétrole, obtiennent de l’ONU
que Yasser Araft, alors leader de l’OLP, fasse un discours.
http://blogdupeu.pl/
Pendant ce temps, Israël, toujours dirigé par la droite, ne rend aux Palestiniens qu’un petit territoire qui passe de la tutelle égyptienne à celle des États-Unis. Il faut coloniser les territoires occupés, un devoir désormais religieux. Ainsi, quand un dirigeant arabe, sous les conseils des Étatsuniens, reconnait l’État israélien en échange d’une patrie pour les Palestiniens, aucune patrie ne leur est reconnue et ce dirigeant est assassiné.
Début des années 1980
Israël envahit le sud du Liban à majorité musulmane, massacrant des milliers de personnes. L’ONU le force à reculer, mais il y conserve un territoire occupé. Il décrète ensuite Jérusalem «capitale éternelle d’Israël», puis un autre vaste territoire, annexant ainsi presque tout ce qui pouvait rester d’arabe dans la région.
Honorant finalement un accord passé avec l’Égypte, l’État israélien restitue et évacue ses colons du Sinaï, mais reprend sa guerre au Liban, tuant et capturant des milliers de Palestiniens réfugiés sur place, des Libanais, et la capitale. Son but est de donner le pouvoir aux chrétiens du pays pour s’assurer leur soutien contre les Arabes. 10 000 morts. Les réfugiés palestiniens sont à nouveau chassés. Les États-Unis promettent le retrait de l’armée israélienne si les rebelles de l’OLP quittent Beyrouth; promesse non tenue.
Des milliers de morts de plus. Au fusil. À la hache. Cette fois, de civils. Et par les chrétiens que l’armée israélienne était venue supporter; l’armée israélienne a tout vu, mais laissé faire.
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Cette fois, c’est la population israélienne qui, choquée par ce bain de sang, s’en prend à ses dirigeants. Mais ces derniers maintiennent leur mainmise au Liban.
Plus aucun dialogue n’est désormais légal : les Israéliens le punissent par la prison, les membres de l’OLP, par la mort.
Et pendant ce temps, à Gaza.
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La semaine prochaine : « Aujourd’hui, Gaza ».
Les propos tenus dans ce texte n’impliquent que son auteure, qui précise que La n’est pas tenue d’endosser son opinion.