Je suis devenue végétarienne à 13 ans. Ouais c’est jeune, mais ouais j’étais prête. À l’époque, je mangeais encore du poisson, mais zéro poulet, zéro viande, fruits de mer, insectes (joke t’sais). J’ai aussi deux frères et sœurs qui l’étaient déjà, pis leur démarche me paraissait tout à fait valable. Je suis végée depuis longtemps, mais y’a plein de monde qui le savent pas. Parce que j’en parle pas tant. C’est juste ancré dans mon mode de vie. Ce qui me tanne vraiment par exemple, c’est les news veggies-vegans too cool for the league qui en parlent tout le temps. « Yo yo, chu végé man! Je te juge tellement! » « Yo yo man, calme-toé, pis arrête d’essayer de te convaincre en voulant persuader les autres avec les pires arguments du monde. » Le végétarisme c’est pas une secte, une règle, une obligation. Certains le sont, d’autres pas, « calme-toé le navet ma veggie ».
Dans le temps, que je mangeais encore du fish’n’chips, je me suis donc ben fait remettre dans face que je « choisissais mes animaux ». « Ton pouésson y meure autant que la vache, t’sais veut dire. » Oui, je me suis sentie mal mal mal de manger des poissons parce que j’avais pas d’arguments contre ça. Les deux meurent c’est ben vrai, pis pourquoi j’en mangeais encore du fish? Ben juste parce que j’aimais ça…
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Sauf que là ma ou mon futur(e) végé(e), voici des droits que tu pourras exploiter, une fois rendue de l’autre bord d’la couenne.
DROIT #1. Tu choisis ben ce que tu bouffes ma fille. Pas question de culpabiliser parce que quelqu’un trouve que t’es pas assez végé à son goût. Chacun y va selon ses moyens, sa vitesse, son amour du tofu. Pis oui, ça m’arrive de manger de la soupe que ma grand‑mère a faite, même si y’a une base de bouillon de poulet dedans (de toute manière, c’est souvent ben juste du sel qui se retrouve dans les ingrédients).
DROIT #2. T’as le droit de répondre juste « parce que », à quelqu’un qui te demande tes raisons d’être végétarienne. À un moment donné, y’a pas trente-six solutions. T’es végé pour la protection des animaux, pour l’environnement, contre la surconsommation, le gaspillage, parce que tu te mangerais pas toi-même, ou parce que t’aimes pas le goût. Y’a pas de raisons plus nobles que d’autres. Non y’en a pas.
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DROIT #3. T’as le droit d’être frue contre les serveurs de resto qui respectent pas ta commande d’origine. Si tu demandes un burger végé pis qu’y t’amènent un criss de burger au bœuf Angus, c’est pas pantoute ce que tu voulais. T’as le droit de pas vouloir payer parce qu’en plus y coûte plus cher, pis t’as le droit d’avoir mangé une bouchée, trouvé que ça goûtait drôle, pis d’en avoir pris une autre bouchée, pis de te demander si c’est pas du poisson (parce qu’après treize ans, du bœuf tu sais fuck all pu ce que ça goûte). Ouais, t’as le droit de lui dire qu’il fait mal sa job, pis que tu es un peu outrée.
DROIT #4. T’as aussi le droit, des fois, de manger des affaires simples, sans tofu, graines, fèves, œuf, humus, épinards. Genre un « spaguett » au beurre, une poutine, une salade verte avec juste d’la laitue pis d’la vinaigrette. C’est donné à tout le monde le droit à la lâcheté, même à Gwyneth.
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DROIT #5. T’as surtout le droit de pas tant aimer les animaux aussi. Genre de pas vouloir en manger, mais de pas vouloir non plus en avoir à la maison, su’ton patio, dans tes marches, entre tes jambes quand tu marches, su’des posts Facebook sans arrêt. T’as le droit de préférer le genre humain aux animaux, de t’insurger davantage devant les génocides africains que devant un lion qui s’fait tirer dessus.
Mais tu peux aussi être choquée devant ces deux événements-là aussi han, chu pas là pour te dire ce que tu peux faire ou pas faire.
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