Ça fait quatre ans qu’on se connait. Quatre ans que j’comprends pas où c’qu’on s’en va, nous. Quatre ans qu’on s’est vus pour la première fois, dans un bus de ville où j’étais bin trop stressée par l’entrevue qui s’en venait.
Dans ce temps-là, je rêvais de faire du théâtre pis repassais toutes les répliques dans ma tête pour l’entrevue. J’sais pas trop si t’avais déjà fait du théâtre, mais tu m’as regardée pis tu m’as donné un conseil. C’était clair que tu te retenais de rire de moi pis ça m’a fait sourire. Mon non-verbal en dit toujours plus que ce que je voudrais pis je trouve ça bin drôle de voir que les autres s’efforcent de rien me dire là-dessus.
Tu m’as dit de rester moi-même, que j’avais pas besoin de stresser, mais j’arrivais pas à me calmer. Résultat : tu m’as offert de débarquer avec moi, de m’attendre à la porte et de t’assurer que tout s’était bien passé.
T’as fait ça pour moi, pour que je me sente bien. T’as pris du temps pour une fille stressée que tu ne connaissais pas. T’as fait « pause » dans ta journée pour mettre un sourire dans la mienne.
On a finalement passé la journée ensemble pis les autres qui ont suivi aussi, pendant quelques mois. Je l’ai eue, la job. Je souris en écrivant ça parce que je me souviens que j’ai répondu au téléphone pis dès que j’ai eu la bonne nouvelle, t’as lâché le souper que t’étais en train de cuisiner pour me prendre dans tes bras et me soulever du sol, le sourire aux lèvres.
On était beaux, dans ce temps-là. On était heureux, sauf que notre amour se fane au fil des jours, des semaines, des mois.
Un jour t’es là, un jour tu pars pis tu me donnes pu de nouvelles jusqu’à ce que tu décides de revenir. Tu me dis que tu le referas pu, mais je sais que c’est pas vrai. Ça fait presque trois ans que c’est comme ça.
Reste que lorsque tu reviens, je te pardonne toujours, parce que je me souviens du gars qui a été là pour moi le premier jour pis je veux croire que ce gars-là va revenir un jour.
Mais tu repars à chaque fois.