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L’amour sans grand A – Par Florence

Assise dehors avec les hommes francophones de ma vie qui me chantent leurs sentiments dans mes écouteurs, j’apprécie. Non, j’aime. C’est un étrange sentiment, comme un trop-plein d’émotions ingérables. Moi j’aime le soleil, mais parfois il m’étouffe. J’aime rire, mais parfois ça me fait pleurer. J’aime manger, non j’adore manger. J’aime sur Facebook des vidéos d’animaux cutes, des photos drôles ou des photos de voyage. Quand je dis que j’aime un morceau de vêtement, je ne mens pas je l’aime, mais est-ce que c’est vraiment ça? J’aime ma sœur, même si on me l’a imposée, mais je ne l’ai jamais imposée à mon cœur, c’est arrivé comme ça. L’amour, ça arrive comme ça.

Dans les films, on voit ça souvent, l’amour qui arrive comme ça. Le fameux « love at first sight », l’amour avec un grand A. Le gars fait un sourire, la fille en perd ses moyens, leurs cœurs se cognent dans leurs corps comme une balle rebondissante, et BANG ils s’aiment, non ils s’adorent. Je ne vous apprends rien en disant que ça se produit dans de très rares occasions. Ça se développe l’amour. Parfois, une personne à qui on n’aurait jamais pensé devient l’objet de nos désirs les plus pétillants. C’est traître l’amour, il arrive lentement sans qu’on s’y attende et nous frappe de toutes ses forces. Il nous pétrifie et nous laisse dans le néant, avec tous les autres amoureux à l’agonie.

S’en suivent les amours impossibles, les amours qu’on aime encore plus. Le principe de vouloir ce qu’on ne peut avoir, d’aimer ce qui ne nous aime pas en retour. Et on aime fort. Quand on pense à ça, c’est comme si on aimait dans le vide. Moi je dis qu’on gagnerait plus à accumuler ces amours-là pour en redonner plus à nos amis, à notre famille, à nos collègues même. Et si l’amour était d’une quantité limitée? Comme des billets de spectacle ou des passes de festival. Et si l’amour avait une quantité calculée qu’il fallait gérer comme on gère un compte de banque? Vaut mieux investir l’amour dans quelque chose qui rapporte. Et si les larmes devenaient des robinets qu’on aurait laissés couler? Distribuer l’amour dans du concret au lieu de le gaspiller dans des larmes.

Il y a les robinets qu’on ne ferme jamais complètement. Les larmes des premières amours, celles qui deviennent concrètes ou pas, celles qui nous apprennent à ne plus jamais aimer autant. Les plus belles amours du monde et les pires. Après elles, on sait comment enrouler son cœur dans un papier d’aluminium, comme une patate qu’on voudrait faire cuire. Ça n’empêche pas l’amour, ça fait juste ne pas le brûler.

L’amour ne se vit pas uniquement avec un grand A. Je boycotte le grand A, je l’envoie promener même. Fort, beaucoup. Il y a l’amour avec ses minuscules aussi. La vie, j’aime ça. Je crie haut et fort que j’aime la bière, le vin, les drinks, les rires que ça provoque, l’ivresse, les terrasses, la nuit et tout ce que ça implique. Malgré les lendemains forts désagréables, on est des récidivistes, on recommence toujours la même routine, celle de l’alcool qui nous dénude.

Se dénuder le temps d’une soirée, d’une nuit, parfois d’un matin. L’amour avec le gros A rouge, celui qui rend malade de regrets, l’adultère qui s’envoie en l’air. Celui qu’on oublie après quelques semaines, qui se rhabille rapidement. Cette douceur qui s’attache et qui se détache aussi facilement, qui s’atténue et qui rend fou, nostalgique, fichûment toxique. Le sexe pas intime. L’amour de courte durée pour satisfaire le vide.

Je me fascine de l’adoration qu’un humain porte à un autre, ça se rapproche étroitement de la haine. Je ne comprends pas comment on peut passer d’un cœur submergé à un cœur désarmé. Je ne désire pas haïr un individu que j’ai apprivoisé, qui occupait 87 % de mes sourires pour devenir 97 % de mes larmes. J’ose croire que je ne renierai jamais mes amours. On n’aime jamais pour rien. À tous mes amours je dis merci, merci d’avoir agrémenté mon cœur un peu plus à chaque soupir.

L’amour, c’est la musique sécurisante d’un début de film ou la musique tout court, c’est lancer une boule de papier qui entre directement dans la poubelle, c’est se trouver belle après avoir passé une heure à se préparer, c’est terminer un livre, voir un spectacle, écrire une lettre, donner un cadeau, la complicité d’une amie. C’est regarder dans les yeux durant une conversation, sourire devant un message texte, rire aux éclats. L’amour, c’est être amoureux d’aimer, c’est trouver le bonheur d’adorer, et ce, sans scrupule, sans rancune, purement.

Moi je pense que j’aime l’amour avec tous les A qui viennent avec.

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