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La meilleure décision que j’ai prise – Par Gaëlle

Du haut de mes 18 ans, ça m’a frappée, comme ça. J’ai eu le sentiment que je faisais tout par obligation, le fameux école-boulot-dodo. Même si je sais que tout ça c’est important, ça m’a répugnée. Je ne voulais pas être de ces personnes qui vivent leur vie en étant des spectateurs. Je me suis alors juré de toujours prendre mes décisions par envie et conviction.

J’ai arrêté l’école temporairement, ayant pour but de partir en voyage. Je me suis donc procuré un billet d’avion aller-retour Montréal-Paris, pour 1 mois et demi.

On peut pas dire que ma mère a ben trippé à l’idée. C’est alors que je lui ai rappelé que cette passion qui m’habite, c’est grâce à elle et à nos voyages en Afrique du Nord et en Italie. Sur le dos d’un dromadaire, dans le désert du Sahara, je me souviens avoir pensé :
« OK, ça peut être ÇA la vie? ». Elle a alors compris. De toute façon ma mère, lorsqu’on lui parle avec franchise et passion, elle comprend tout.

J’ai travaillé fort pendant 6 mois dans un emploi bof bof pour assouvir mes rêves wow wow.

Quelques mois avant le jour J, mon amie me lance tout bonnement durant notre café hebdomadaire : « J’veux partir avec toi! Si j’achète le billet live là, t’es in? ». Tic-tac 2 minutes, le clic BUY THE TICKET appuyé, on se lève pis on crie un peu trop fort pour les gens autour. Oh qu’on ne se doutait pas que ce qu’on s’apprêtait à vivre allait changer beaucoup de choses!
Nous voilà donc à Paris, avec zéro plan ni réservation, mais uniquement nos 2 sacs à dos et nos envies d’ailleurs.

Marcher longtemps dans Paris et entendre des accents qui sonnent beaux et étranges à la fois. Savourer tous les racoins de Barcelone, la sublime. Voir des villages dans les Cinque Terre, si beaux que ça fait presque mal aux yeux.

Faire du camping à Venise, manger sans jamais arrêter, puisque tout est trop bon. 5 656 208 heures de bus, de recherche sur la map pour trouver notre « maison » des prochains jours, nous voilà (enfin) à l’auberge à San Sebastian. C’est alors que le gars à la réception nous lance :
« Hey girls! What’s up? Welcome. ».
On le remarque parce qu’il a une carte du monde tatouée dans le dos, on trouve ça pas mal hot.
Moi qui réponds un « tabarnak » bien senti, puisque je viens de me rendre compte que mes papiers pour m’enregistrer sont dans le fin fond de mon sac. Le cauchemar de tout backpacker. C’est alors que je remarque deux filles dans le hall, buvant tranquillement une bière :
« Hey vous êtes Québécoises! Venez prendre un verre, on sort en ville. »

Je jette un regard à Camille, du genre je-dors-debout-OK-juste-une-bière.

Je ne me souviens plus tellement de la soirée, mais chose sûre : j’ai bu plus qu’une bière finalement. J’ai eu du fun comme pas possible, je crois n’avoir jamais autant dansé et ri avec de parfaits inconnus à peine quelques heures plus tôt. En voyage, tous les gens que tu rencontres sont potentiellement des amis de brosse, de randonnée, de discussions et maudine que c’est enrichissant toutes les rencontres qu’on fait. Tellement de gens m’ont marquée, je pourrais écrire un roman juste là-dessus.

Countdown du retour : 2 semaines.
« Hey Gaëlle, je trippe. Que dis-tu si on revient pas? J’veux dire, pas tout de suite. C’est trop beau ce qu’on vit, faut qu’on continue. »

Alors, c’est ce qu’on a fait. Continuer. Elle avait raison : c’était comme un rêve parfait, et on ne voulait pas se réveiller tout de suite.

« Mesdames Camille et Gaëlle, dernier appel pour l’embarquement. »

On regarde l’heure, on se dit qu’à ce moment précis on devrait être dans l’avion. Pour l’occasion, je commande un pichet de bière au Portugal et on rit fort en se disant que c’est la plus belle aventure qui se poursuit.

(Oui, on a repayé de nouveaux billets d’avion, on a compensé en mangeant ben des cannes de thon.)

On décide d’aller visiter Amsterdam. On a mangé ben des brownies et observé le Red Light District comme si c’était une pièce de théâtre. On a erré dans Berlin, où j’ai pleuré beaucoup en allant dans un camp de concentration. Et on a terminé par Prague, la fois où je suis tombée en amour avec une ville.

Ça fait maintenant 2 mois qu’on est loin, alors on décide de retourner à San Seb vu qu’à chaque fois qu’on dit le nom de la ville, on a le sourire qui nous monte jusqu’aux oreilles.

On s’est ramassées dans une maison qui grouillait d’Australiens flyés, pour comprendre que c’était les dealers de la ville (on est parties assez vite). Finalement, on s’est déniché un petit appartement en plein centre-ville qu’on a partagé avec une Norvégienne.

Et ce fut PARFAIT.

Je n’ai même pas de mots.

Se lever, se dorer sur la plage, faire du surf, escalader la montagne. Déguster des tapas, boire du cidre et du fort. Veiller tard, jusqu’à 7 h. Se coucher (parfois ailleurs).

Repeat.

Chaque jour avait son lot de magie. Comme la fois où on a nagé loin de la rive bourrée de monde pour enlever nos maillots parce qu’on voulait être libre de tout pis qu’on s’est rendu compte que Belle and Sebastian jouait live sur la plage. Magie.

Ou comme le soir où, très tard, nos amis de la place nous ont emmenées sur la grève pour sauter sur le yacht d’un inconnu et que la police nous a spottés parce qu’on criait fort, ce qui nous a fait rire encore plus. Le vent chaud soufflait dans nos cheveux, on voyait le soleil se lever. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Magie.

Grâce à Camille, à nos guts et à notre soif de voyage, je peux dire que j’ai vraiment goûté au bonheur.

Et ça, c’est la plus belle leçon que la vie pouvait m’enseigner.

En partant, j’ai pleuré beaucoup.

Sachant que la vie, ça peut être tout ça. Pas tout le temps, mais souvent.

Je suis retournée à l’école. J’étais malheureuse.

Je viens d’arrêter, encore. Je vais y retourner sur les bancs du savoir, j’en ai la certitude.

Mais là, c’est l’écho des voyages qui m’appelle. Mon école préférée.

J’ai hâte de repartir, plus loin, pour vivre plus fort.

Et me dire : « Mon doux que je suis vivante. »

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