Lire au complet et avec grande attention toutes les étiquettes de tous les produits cosmétiques que l’on se procure est une activité particulière. Je crois qu’elle n’est pas nécessairement au top de la liste des activités les plus populaires chez le commun des mortels. Pourtant, passer une étiquette au crible devrait définitivement devenir une habitude chez le consommateur. Pourquoi? Parce que c’est pas juste les parabènes et les sulfates qui dérangent. Depuis que ces mots ont intégré le langage courant et sont synonymes d’incarnation du mal, j’ai l’impression que toutes les autres composantes chimiques et nocives nous passent sous le nez. Comme si la bouteille qui affiche en grosses lettres un NO PARABEN se fait assez rassurante pour nous faire oublier qu’il existe à peu près dix mille autres ingrédients aux noms compliqués avec beaucoup trop de « y » et de numéros dedans. Le détachement souvent éprouvé devant une étiquette peut provenir du fait que l’on ignore tout simplement la signification de ces mots, mais surtout les répercussions sur la santé que leur utilisation implique.
De plus, puisque les effets secondaires de plusieurs ingrédients mauvais pour la peau (et à long terme, mauvais pour la santé en général) ne constituent pas de manière générale une menace importante (si l’on compare avec la perception populaire de la cigarette par exemple), l’intérêt d’aller se renseigner sur les ingrédients dangereux (et apprendre leurs noms) peut être faible. C’est pour cette raison que je me donne pour mission aujourd’hui d’effectuer une synthèse claire des ingrédients toxiques à éviter dans les produits cosmétiques. C’est important, parce qu’on utilise soit son savon, son shampoing ou sa crème tous les jours et que ses composés sont absorbés par la peau et retransmis dans notre sang. Les cosmétiques, en ce sens, représentent bel et bien un « risque sanitaire généralisé et silencieux ». (i) Bien sûr, vous ne vous exposez pas à une mort subite en utilisant un savon d’une grande marque commerciale vendue partout dans le monde, mais vous vous exposez à coup sûr à de potentielles irritations cutanées plus ou moins sévères, des allergies, de la photosensibilité, mais le pire, c’est que votre corps (à la longue) devient un genre de réceptacle à un cocktail de composés chimiques qui s’installent graduellement sous forme de dépôts. Une accumulation d’ingrédients parfois cancérigènes et perturbateurs endocriniens qui s’immiscent partout. Leurs traces sont retrouvées dans l’urine, le sang, le cordon ombilical, le lait maternel, etc. Comme l’explique si bien Christophe Magdelaine, responsable du site « notre-planète.info» :
“Les conséquences sur la santé ne sont malheureusement pas anodines comme en témoignent la progression inquiétante des cancers hormonaux, des maladies chroniques, des allergies… Dans le même temps, la fertilité diminue dramatiquement, les troubles neurocomportementaux (autisme, hyperactivité) explosent et de nouvelles maladies émergent (hypersensibilité chimique, fibromyalgie…). Une véritable ‘épidémie mondiale’ qui provoque 63 % des décès dans le monde (88 % en Europe) selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Sans oublier la pollution généralisée de l’environnement.” (ii)
En tous cas, perso, après juste environ heure de recherche (et de cliquage en effet domino sur des liens qui démultiplient les ingrédients nocifs à une vitesse impressionnante) j’étais un peu étourdie. Et dégoûtée. Bref, j’ai vraiment envie de me gosser mon savon moi-même. (Sujet d’ailleurs réservé à un article futur.) Entre temps, vous pouvez consulter la liste ci-dessous en magasinant vos cosmétiques. Elle est une construction abrégée de deux listes exhaustives que je vous encourage à consulter :
- David Suzuki
- notre-planete.info
Liste d’ingrédients nocifs à traquer
1. Les alkylphénols
Ici, le mot à repérer est phénol : quand vous voyez ça, c’est pas bon signe. Il y en a plusieurs : NONYLphénol, OCTYLphénol, O-PHÉNYLphénol, AMYLphénol, HEPTYLphénol, DODÉCYLphénol, MÉTYLphénol (ou crésol), ÉTHYLphénol (ou xylénol), 4-tert-OCTYLphénol). C’est un peu intense, mais ça vaut la peine de faire l’effort quand on découvre comment ils peuvent interférer avec notre santé.
Où : cosmétiques, détergents, produits de nettoyages, produits industriels.
Effets : ils affectent principalement le système reproducteur donc la fertilité et possiblement le foetus (le nonylphénol se retrouve parfois dans des spermicides!). Ils stimulent aussi les cellules cancéreuses du sein. Toutes ces belles variations de phénols sont nocives pour les milieux aquatiques.
(i) et (ii)
2. BHA ET BHT
Où : Produits alimentaires (agent conservateur et antioxydant), emballages alimentaires, produits hydratants et cosmétiques comme le rouge à lèvres.
Effets : ils perturberaient le système endocrinien et seraient cancérigènes. Chez Santé Canada, le BHA est classé comme une “priorité sanitaire élevée” et le BHT comme une “priorité sanitaire modérée”, toutes deux déterminées à partir de leur potentiel cancérigène. Il n’existe toutefois pas de réelle règlementation du BHA et BHT au Canada, seulement une mention dangereuse à leur dossier. Ils contribuent également au détriment de la faune et des poissons.
3. P-PHENYLENEDIAMINE ET COLORANTS “CL” SUIVIS DE CINQ CHIFFRES
Où : Teinture pour cheveux et nombreux produits de beauté. Sur les étiquettes des États-Unis, le colorant peut être identifié par le nom de la couleur suivie d’un chiffre. Par exemple, Yellow 1.
Effets : Le p-phenylenediamine est un dérivé du goudron de houille qui, lui, est un dérivé du pétrole. Il est prouvé que le goudron de houille est cancérigène et que les colorants issus de celui-ci contiennent des métaux lourds et toxiques pour le cerveau.
4. Les formaldéhydes
Ou encore :
rmol, Formalin, Formic aldehyde, Paraform, Methanal, Methyl aldehyde, Methylene oxide, Oxymethylene, Oxomethane, DMDM hydantoin, Diazolidinyl urea, Imidazolidinyl urea, Methenamine, quarternium-15.
Ils sont des agents conservateurs qui agissent contre les germes qui émergent lors d’associations eau-huile.
Où : utilisés dans plusieurs produits cosmétiques, plus particulièrement le vernis à ongles.
Effets : le formaldéhyde est classé comme une substance cancérigène.
5. Les parabènes
Portant aussi les noms :
E214 à E219,butylparaben, methylparaben, ethylparaben, propylparaben, pentylparaben, isopropylparaben, isobutylparaben, benzylparaben, phénylparaben, N-propyl p-hydroxybenzoate (E216), P-hydroxybenzoate, N-butyl p-hydroxybenzoate, Ethyl p-hydroxybenzoate, Méthyl p-hydroxybenzoate (E218), parahydroxybenzoate de propyle, parahydroxybenzoate de méthyle.
Ils sont des agents de conservation mis en place afin de remplacer les formaldéhydes. Le problème est que les parabènes ne sont pas moins toxiques.
Où : dans une très large gamme de produits cosmétiques.
Effets : Irritations cutanées (urticaire, dermatite), vieillissement accéléré de la peau au soleil. L’incroyable absorption complète que fait la peau des parabènes. Un lien avec le cancer du sein fut soulevé, mais il n’y a pas encore de preuve incontestable.
6. SODIUM LAURETH SULFATE
Bon à savoir : le SLS a vu le jour dans les produits nettoyants industriels. Employé par les mécaniciens pour nettoyer les moteurs. Produit cheap qui détache et qui se retrouve donc dans notre savon à linge. Manipuler ce produit en labo requiert le port de gants et lunettes. (Pis y’en a dans notre shampoing).
Où : shampoing, bain moussant, gel pour le corps, produits pour le bain en général. Aussi, dentifrices et détergents.
Effets : fragilisation du cuir chevelu, de la peau. Absorbé par l’organisme, il finit par perturber le système hormonal. Chez les hommes, il peut y avoir une baisse de fertilité et chez la femme, le cancer du sein.
7. Les phtalates
Parfum, fragrance, Diisodecylphtalate (DIDP).
Où : les phtalates sont difficiles à repérer parce qu’elles sont mal identifiées, elles sont cachées. Le mot PARFUM ou FRAGRANCE est utilisé pour regrouper plusieurs produits chimiques dont les phtalates.
Effets : encore un perturbateur endocrinien qui engendre des cancers du sein et des testicules, des malformations d’organes, des pubertés précoces, etc.
8. Pétrolanum
Où : produits capillaires, baumes et rouges à lèvres, produits hydratants.
Effets : le pétrolanum contient des hydrocarbures associés au cancer.
Évidemment, il existe plusieurs autres composés toxiques qui parcourent la liste d’ingrédients de produits cosmétiques. Prendre des informations à leur sujet demeure la meilleure façon de se prémunir. Il est décevant de constater à quel point (au Canada particulièrement) la règlementation des composés employés est slack, si on la compare à celle de l’Union européenne qui interdit beaucoup plus d’ingrédients nocifs. Cette situation s’apparente beaucoup à celle de la règlementation des tests sur les animaux qui, au Canada toujours, est encore trop permissive. Heureusement, il est possible aujourd’hui de se procurer des produits exempts de crap chimique. Il suffit de modifier son itinéraire d’achats cosmétiques… Essayez votre boutique bio du coin, vous y découvrirez des alternatives saines et abordables.