Depuis l’annonce de la nouvelle émission de Jean Airoldi, « Quel âge me donnez-vous ? », les internet explosent d’articles de blogueurs outrés et scandalisés par le concept de l’émission (emprunté à la version américaine sur la chaîne TLC, 10 years younger). Faut pas virer fou. J’ai l’impression que cette chasse aux sorcières prend un peu trop d’ampleur. Calm your tits y’all.
J’avoue que la prémisse du programme peut paraître cruelle. Au début du processus, chaque participante se voit exhiber dans une cage de plexiglace («La Boîte»), tel un vieux cabot pouilleux à la SPCA, à la vue de tous et chacun. Ainsi, Monsieur et Madame tout le monde qui magasine à Place Versailles peut donner son petit commentaire sur la chevelure « grichoue » ou les cernes bien creusées de la participante, en soulignant par le fait même qu’elle fait bien plus que son âge. (Lors du visionnement de presse, les passants donnent 59 ans à une femme qui n’en a que 50) Une fois cette étape terminée, on passe à la transformation.
Avec les fidèles acolytes beautés d’Airoldi, on tente le tout pour le tout afin d’insuffler un souffle de jeunesse à la participante, vieillie prématurément par les épreuves de la vie et/ou une génétique de marde. Je vous rappelle que monsieur Airoldi n’a torturé personne pour participer à l’émission. Aucune participantes n’a été bâillonnée puis droguée pour participer à Quel âge me donnez-vous. L’inscription est vo-lon-taire.
Au menu, changement de coiffure, nouvelle garde-robe… et deux-trois coups de bistouri. C’est sans doute l’aspect qui a le plus choqué les détracteurs de l’émission. La chirurgie esthétique sera bien présente dans le parcours des participantes. Comprenons-nous bien, les chirurgies utilisées dans ce genre d’émission sont loin d’être des caprices beauté, mais bien des chirurgies reconstructrices. Au même titre que certaines personnes se font casser la mâchoire ou diminuer le bonnet, ces opérations font une grande différence positive dans l’estime (et la qualité de vie) de ces femmes. Qu’on le veuille ou non, certains d’entre nous n’ont pas été gâtés côté gênes. Je peux en témoigner personnellement. Après avoir eu la yeule en chantier de construction pendant deux ans et demi, je me suis récemment allongé sur la table d’opération. Un implantologue a bricolé dans mes gencives un bon 60 minutes pour installer trois implants. No jokes, je me sentais comme dans Grey’s Anatomy. Vous auriez dû me voir après, un vrai chipmunk (Le cuteness en moins). Le tout pour la rondelette somme de 30 000 $. Est-ce que j’avais envie de me taper un pareil traitement ? Non. Est-ce que j’avais prévu ça dans mon budget ? Non. Est-ce que c’était nécessaire ? Oui! J’aurais été le premier à m’inscrire à : SOS, VOS DENTS SONT LAIDES si ça m’avait permis de financer les opérations, malgré l’humiliation.
Je pense qu’il faut se rappeler que le but premier de cette émission n’est pas d’humilier des femmes défraîchies, bien au contraire. La majorité des participantes ressortent de l’aventure la tête bien haute et l’estime gonflé à bloc. J’admire ces hommes et ces femmes qui vieillissent dans la sérénité et avec assurance. Ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde! Doit-on juger ces femmes qui plongent vers cette opportunité pour renouer avec leur dignité et leur féminité ? Je comprends que l’idéal c’est d’y arriver sans styliste et sans nouvelle mise en pli, mais on fait quoi si on n’y arrive pas ? On reste malheureux toute sa vie ? Oui la boîte de plexiglace est cruelle, mais c’est avoir la tête dans le sable que d’être surpris par ce genre de mise en scène. À l’ère des télé-réalités, la télévision carbure à l’humiliation. Qu’on soit d’accord avec le concept ou non, à la fin de la journée, les concepteurs ont réussi leur coup. Tout le monde en parle ! Regarderez-vous « Quel âge me donnez-vous ? » ?
pascal
Alexe Raymond, réviseure, raymond.alexe@gmail.com