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L’anxiété. Ma bête noire. Celle qui m’a empêchée de profiter de beaux moments de ma vie. Celle qui m’a tenue réveillée des nuits entières, celle qui me fait tout analyser et qui m’a fait dépenser des milliers de dollars en suivi psychologique.
De l’extérieur, l’anxiété, c’est mes mains moites et mon regard absent. C’est le sillement strident avant une crise et mes genoux qui me lâchent. C’est ma respiration qui s’accélère et ma vision qui se brouille.
Pourtant, des crises comme je les ai décrites, je n’en ai pas vécu depuis des mois. Je pensais que j’allais mieux. Je pensais que je contrôlais la situation. J’aurais dû voir que ma recherche de contrôle témoignait justement de la présence sournoise de mon anxiété.
Aujourd’hui, j’ai envie de te parler de l’anxiété que tu ne reconnais même pas comme telle. Parce que, non, être anxieuse, ce n’est pas juste faire tourner frénétiquement une mèche de cheveux entre ses doigts. C’est ancré bien plus profondément en nous.
C’est le retour de nos démons quand notre quotidien se fait calme. C’est mélanger la paix d’esprit pour de l’ennui. C’est avoir démesurément peur de la vie et motiver nos choix en fonction de ce qui est, inconsciemment, une façon de se protéger. Être en sécurité, c’est toujours la priorité. Mais la définition de la sécurité aux yeux de madame Anxiété est loin de la réalité.
J’ai peur de l’abandon. Parce que je l’ai vécu. Parce que je pense que tout le monde peut trouver une version améliorée de moi. Et quand une situation où je dois baisser la garde se présente, l’anxiété me réveille la nuit et me chuchote à l’oreille que je cours le risque de revivre les traumas que j’ai vécus si je me montre vulnérable.
Je suis alors convaincue que repousser et m’isoler est la meilleure solution. J’invente des raisons et je deviens la meilleure des actrices. Je crois moi-même à ma mise en scène. Une fois seule, je réalise que ce qui motivait mon besoin de solitude, ce n’était pas moi, mais la peur de me faire abandonner et blesser de nouveau. Et c’est quand j’aurais besoin d’un câlin que je réalise que c’était l’anxiété, le grand scénariste de cette mascarade. Me voilà en sécurité, et tout aussi triste. Viens le regret, et un autre rendez-vous chez la psychologue où je me promets que je ne laisserai pas l’histoire se répéter.
Mes genoux ne m’ont pas lâché. Je l’ai regardée droit dans les yeux et j’ai dit que je ne voulais rien savoir. Du moins, mon anxiété l’a fait. Je n’ai pas paniqué et je n’ai pas eu le souffle court.
Et pourtant, la peur était ma motivation première.
Une personne anxieuse est difficile à comprendre. Elle change d’idée souvent, dirons-nous. En fait, elle arrête peut-être simplement de se mentir ou elle apprend à reconnaître qu’elle a réagi en étant conditionnée par la peur. Elle ne change pas d’idée, elle reconnait ses patterns et décide d’avoir le courage de ne pas écouter son anxiété. Elle revient sur ses propos, qui étaient en fait dictés par la peur.
Il faut de la patience et de la douceur, parce que l’anxiété, ce n’est pas juste avoir les mains moites. C’est ne pas s’affirmer, avoir peur de blesser, de décevoir, se mentir à soi-même, choisir un programme d’études en étant motivé par la sécurité financière, c’est écouter l’opinion de tout un chacun, c’est rejeter quelqu’un de bien par peur d’être blessé, c’est être extrêmement sévère envers soi-même, c’est dire oui quand on voudrait dire non, c’est faire plaisir à tout le monde… C’est tout ce qui te garde dans ta minuscule zone de confort où tu ne déplais à personne en ne parlant pas trop fort.
Je ne prétends pas être au-dessus de tout ça. Aujourd’hui, j’ai la force de refléter et d’admettre que j’ai laissé mon anxiété gagner et que j’ai fait des erreurs. Je voudrais que tu prennes une grande inspiration et que tu analyses ton comportement, afin de t’assurer que la peur n’est pas en train de gagner la bataille dans ton cerveau.
Tu es assez. Tu mérites le meilleur. Ne laisse pas l’anxiété te voler le bonheur pour une sécurité illusoire. La magie opère quand tu t’assumes et que tu vis.