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Bien plus que des enseignants

« Ça prend tout un village pour élever un enfant. » Ce proverbe sénégalais s’appliquait bien à la réalité québécoise d’autrefois où les petits villages dominaient la carte de la province. Aujourd’hui, le village s’est étendu, on ne connait plus les noms de nos voisins et les nouvelles circulent sur le fil Facebook au lieu de sur le perron d’église. Mais, le développement d’un enfant se fait tout de même dans un cercle plus grand que la cellule familiale. Rapidement, on pense aux enseignants et enseignantes qui jouent un rôle primordial dans le développement d’un enfant, et sur des aspects bien plus variés que celui scolaire.

On a tous eu de ces profs qui ont marqué notre parcours, nous apprenant bien plus que des formules mathématiques ou des leçons de grammaire. Au primaire, j’ai eu cette prof qui m’a aidée à commencer mon travail sur moi-même. Dans ce temps-là, j’étais toujours à fleur de peau, réagissant intensément à la moindre petite chose. J’ai appris à respirer par le nez, à me détacher des choses insignifiantes, et bien plus. Cette prof a été l’élément déclencheur de tout ce travail. Au secondaire, plusieurs enseignants ont laissé une empreinte importante sur la personne que je suis devenue. J’ai eu deux profs de français fantastiques qui ont cru en mon talent; je voyais dans leurs yeux presque une certaine admiration, m’encourageant à persévérer dans des projets loin de mon pupitre d’élève. Il y a aussi eu ce prof d’histoire qui revenait à l’école après avoir combattu un cancer; il m’a enseigné justement au moment où la maladie battait son plein dans mon corps. Les conversations que nous avons eues m’ont aidée à lâcher prise, à accepter cette condition qui me révoltait tant. Sans compter tous ces profs qui vous font rire, vous apprenant des notions en étant dynamiques et motivants.

C’est sans aucun doute que j’affirme que je ne serais pas la même personne aujourd’hui si ce n’avait été de ces enseignants qui ont fait bien plus qu’enseigner. Ils étudient en éducation et éduquent les jeunes sur des matières scolaires, mais aussi au niveau personnel. Ils sont au premier plan du développement des enfants et des adolescents, ils observent les changements d’attitudes et sont à l’affut des situations problématiques.

Malheureusement, la profession d’enseignant n’a plus le prestige qu’elle avait autrefois. Pourtant, l’éducation est la base de toute société. Alors, comment aspirer à devenir une meilleure société si on n’investit pas tout notre possible dans la jeunesse et donc, par le fait même, si on n’investit pas dans nos enseignants?

Trois grands domaines sont fondamentaux au bon fonctionnement d’une société : la santé, la justice et l’éducation. La santé pour garder les gens en forme et en vie, la justice pour assurer la cohésion de la société et l’éducation pour en assurer le futur. Ironiquement, les deux premiers domaines sont parmi les plus contingentés et difficiles à entrer à l’université. Les salaires que les étudiants de ces facultés obtiendront à la fin de leurs études sont certains des meilleurs salaires gagnés dans toute la société. Tandis qu’il est devenu relativement aisé d’être accepté dans les facultés des sciences de l’éducation. Même que près de la moitié des étudiants ne réussissent pas le test de certification en français écrit pour l’enseignement du premier coup[1], mais deviennent enseignants quand même. En plus d’obtenir un salaire dérisoire en fonction de la charge de travail, atteindre le sommet de l’échelle salariale se fait le plus lentement dans notre province que n’importe où ailleurs au Canada[2].

C’est pourquoi je pense dur comme fer que pour améliorer notre société et son futur, nous devons commencer par revaloriser socialement la profession d’enseignant afin que les facultés des sciences de l’éducation de nos universités soient parmi les plus contingentées, car ce n’est pas vrai que n’importe qui peut devenir enseignant. Nous devons nous assurer que ceux qui influencent le plus nos jeunes dans leur développement soient les mieux formés et compétents possibles, qu’ils ne soient pas épuisés et n’aient pas de la difficulté à rejoindre les deux bouts. Sinon, c’est le futur direct de notre société qui en sera affecté.

Par Camille Bouchard

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