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De la ville à la campagne

Il m’est apparu évident que je ne passerais pas ma vie à un seul endroit.

Mon âme voyageuse, je la dois aux multiples déménagements, aux traditions familiales et à un désir d’aventures, une recherche constante de nouveautés, un peu pour me provoquer et rester émerveillée par la vie. Pour éviter de m’endormir aussi et de m’enraciner dans une routine, à laquelle il devient impossible d’échapper, qui m’empêcherait alors de voir au-delà, de construire au-delà, de m’imaginer au-delà.

Pis là, j’ai fait le grand saut. Un saut qui pourrait contredire avec mes valeurs nomades, mais qui touche beaucoup plus à la corde de la nouveauté. Je quitte donc la ville, la grande et belle métropole. Je la quitte pour mieux la découvrir, pour mieux l’aimer. Je la quitte également pour ne plus subir sa pression, sa vitesse folle et sa foule grandissante. Je la quitte pour une autre, plus douce, lointaine, saline et forestière. Je quitte l’effervescence pour la tranquillité et la contemplation, pour prendre le temps. Je laisse derrière moi famille et amis pour m’entourer de nouveau et d’inconnu. Je n’éprouve ni regret ni inquiétude, mais ces changements nécessitent une prise de conscience face à une nouvelle réalité.

Parce que vivre longtemps à un certain endroit, entouré des mêmes gens, où les souvenirs sont toujours actifs et où les habitudes restent ancrées et conservées, c’est le confort. Et le confort, c’est bien, c’est moelleux, c’est réconfortant. Comme mettre les pieds dans tes pantoufles préférées. Mais parfois, la semelle est défoncée, la couleur est devenue fade et l’odeur désagréable. C’est à ce moment qu’il faut s’armer de courage et changer de paires de pantoufles. Les miennes commencent tout juste à décolorer, bien qu’encore confortables; j’aurais sûrement pu les tougher un peu plus, mais l’envie d’une nouvelle paire, complètement inconnue à toutes celles que j’avais pu chaussées dans ma vie, s’est imposée à moi.

Je dis donc au revoir à cette ville qui m’a accueillie à bras ouverts, dans ses ruelles discrètes bordées d’arbres. Celles où l’on marche, sans soucis, tout en observant l’architecture et les petits jardins, avec une pointe de voyeurisme. Je la remercie pour ces belles, longues soirées chaudes et festives d’été, à se promener entre bars, terrasses et restaurants. Je lui dis bravo pour la création continuelle de jolies boutiques fancy, écolo ou locales. Je l’encourage à l’ouverture aux autres, aux différentes cultures, aux opinions divergentes, aux multiples nationalités comme elle a su le faire, parce que c’est une de ses plus grandes richesses. Je lui souhaite de rester illuminée même en temps difficile. La ville de tous les possibles. Ma ville de naissance, d’essais, d’erreurs, de réussite et d’amour.

Malgré tout, j’ai décidé de la quitter, de me déstabiliser, de changer mes habitudes coton pour un nouvel univers. Je me suis choisie, avec mes envies de jardins, de fleuve, d’hiver interminable, de douceur et d’amour. Mes envies de pick up truck, de pêche, de produits locaux et de découvertes. Mes envies de paysages, d’étoiles, de vie.

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Je le sens comme un retour longtemps repoussé, comme une réconciliation avec la nature, avec mes valeurs, souvent étouffées par les plus grands. J’ai le sentiment que plusieurs se sentent comme moi; fatigués d’aller contre vents et marées, d’être en désaccord avec soi-même ou avec ses valeurs en mangeant, par exemple, des fraises du Mexique alors que nous en avons au Québec. J’ai l’impression que beaucoup souhaitent renouer avec le faire soi-même, le faire local et le faire conscientiser. Une serre, des poules, de l’autonomie, de l’espace, le rêve t’sais.

Mais restons sincère, l’inconnu peu faire crissement peur. Pis là, la forêt est un milieu complètement inconnu pour moi. La nuit (et un peu le jour aussi), j’ai peur. Je prévois m’habituer aux bruits de la forêt, au ruissellement de la rivière, aux murmures de la nuit. Je prévois ne plus sursauter lorsque j’entends une branche craquer entre les arbres, ne plus jeter des regards inquiets aux moindres bruissements de feuilles, comme si un tueur violeur malfaisant attendait que je baisse ma garde pour m’attaquer. Vieille peur de ville. Quoique l’idée d’être entourée de coyotes, d’ours, de lynx ou de carcajous (mon nouveau celui-là) n’aide pas à empêcher mes esprits de créer des histoires abracadabrantes et irréalistes.

Pour l’instant, je n’ai ni réseau téléphonique, ni internet, ni télévision. Ça te coupe pas mal je dirais et c’est parfait de même. Évidemment, les objets que je rêve d’acquérir sont un peu différents de ceux que j’ai l’habitude de vouloir; on y retrouve des pantalons tissés si serrés que même les moustiques les plus voraces ne pourront atteindre ma peau, du poivre de Cayenne pour me protéger contre les animaux sauvages et une radio qui fonctionne à piles.

Ce que je fais aussi change un peu de ma vie en ville; pique-niques sur le bord de du fleuve, visite d’une ferme, abonnement aux paniers bios, jogging dans le sentier boisé, développement hors pair de mes skills de chasse contre moustiques et autres insectes volants et piquants et prendre soin de Nathalie (la chatte) qui semble aussi fébrile que moi à l’idée de commencer cette nouvelle aventure.

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