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Célibataire, pour moi

Je suis célibataire. Pas parce que je n’avais pas d’autres options, pas parce que je n’ai pas rencontré la bonne personne, enfin, oui. Mais parce que je n’ai pas pris le temps d’aller à ma rencontre, de me connaître moi-même.

Ben oui, je le sais, à mon âge, je devrais me connaître, du moins, suffisamment pour m’épanouir dans une relation amoureuse. C’est ça que la norme dit. Mais je dois me rendre à l’évidence, et je ne pense pas être plus brillante ou moins performante qu’une autre, je ne sais pas comment entretenir une relation amoureuse durable de façon à être bien.

Pas parce que je n’ai aucun social skills ou parce que mon intelligence émotionnelle est à moins mille, mais parce que je suis extrêmement exigeante envers moi-même et envers mes relations. Parce que je m’aime et que j’ai de la difficulté à m’aimer autant quand je partage une intimité avec une autre personne. Parce que j’ai pas envie de négliger mon amour de moi-même par amour pour quelqu’un d’autre.

Militante féministe 24/7, j’ai longtemps blâmé le patriarcat pour mes déboires amoureux. Et c’est vrai que le patriarcat a une influence destructrice, sur les relations intimes particulièrement, et que sans lui, j’aurais bien moins de blessures à guérir aujourd’hui. Mais maintenant que j’ai reconnu la globalité systémique de mon vécu, j’ai besoin d’accueillir aussi comment mes blessures m’affectent, moi, et quelle responsabilité j’ai envers moi-même de réparer ce qu’on a brisé en moi, parce que je fais partie du patriarcat, même si j’essaie de m’en sortir le plus possible.

J’ai envie de prendre soin de moi. J’ai envie d’être entièrement responsable de mes émotions, d’en prendre conscience, de les accueillir, de les reconnaître, d’identifier leurs besoins, d’y répondre et d’être en paix avec moi-même. J’ai envie d’améliorer ma relation avec moi parce que j’en vaux la peine et que tant que cette relation ne répondra pas à mes besoins essentiels, je continuerai d’être constamment insatisfaite dans les relations avec les gens qui m’entourent.

Et je mérite mieux. Je mérite de m’offrir tout l’amour dont j’ai besoin. Je mérite de m’aimer assez pour compter sur moi en toute confiance. Et si me préoccuper d’autres personnes en ce moment m’empêche de prendre soin de moi comme j’en ai besoin, comme je sais le faire seule, et bien je ne m’abandonnerai pas, je ne m’abandonnerai plus pour entretenir des relations souffrantes pour moi, mais aussi pour les autres. Je me fixe rendez-vous avec moi-même pour me redéfinir et me prendre en charge comme je n’ai jamais vraiment essayé de faire, comme on se fait croire que ça se fait tout seul.

Le célibat est pour moi une délivrance. Pas parce que la dernière personne qui a partagé mon intimité est monstrueuse, loin de là, mais plutôt parce que je me délivre d’une pression que je me mets sur moi-même, qui m’empêche d’être moi-même. Je me donne le droit d’être moi, sans compromis, et de croire en ma capacité à prendre soin de cette magnifique personne que je suis.

J’ai envie d’être vraie, d’être moi, de guérir des blessures qui resteront toujours sensibles mais qui peuvent cicatriser davantage. J’ai envie de rester ouverte, loin des carapaces dont je me suis habillée jusqu’à présent, mais d’être ma propre amoureuse avant d’être à nouveau l’amoureuse de quelqu’un d’autre.

Ça fait peur. En tout cas, moi, j’ai peur. J’ai peur de pas être capable de m’offrir tout cet amour dont j’ai besoin. J’ai peur de pas être à la hauteur de mes attentes, comme les autres atteignent jamais mes attentes. J’ai peur de m’éloigner de personnes que j’aime, à la recherche de quelque chose en moi, pis de me décevoir, pis de regretter d’avoir pris mes distances.

Mais je me nourris de cette peur. Comme quand je fais de l’escalade et que j’ai peur de tomber. Comme quand je suis sur un pont et que j’ai peur de sauter – mettons qu’y’a assez d’eau pour que ce soit pas dangereux. Comme quand je commence quelque chose de nouveau. J’aborde cette nouveauté avec curiosité et je continue de faire de ma vie une aventure trépidante, avec des chutes, oui, mais avec des vues à couper le souffle et toujours, toujours des émotions.

J’ai envie de retomber en amour avec moi, parce que y a d’quoi être en amour par-dessus la tête. Et je souhaite sincèrement que plus de gens prennent le temps de tomber en amour avec eux-mêmes, parce que ça fait du bien, se donner à soi-même et se recevoir. J’ai déjà des papillons dans le bedon et des étoiles dans les yeux, rien qu’à l’idée de m’aimer, je dois déjà avoir commencé.

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