Être une survivante, c’est se lever chaque matin, en sachant que nos agressions font partie de nous. Qu’elles ne s’effaceront pas, mais que la tempête se calmera un jour. C’est avoir de la difficulté à passer une journée entière sans y penser ou le revivre. C’est remettre en question que ce soit arrivé, c’est se repasser les mots dans notre tête pour savoir ce que l’on aurait pu faire autrement. C’est essayer de comprendre le vide qui se forme au fond de nous, la peur qui nous attaque le ventre et l’angoisse qui fait crisper nos os meurtris. Certaines voudraient tout oublier, faire comme si rien ne s’était jamais passé, alors que d’autres ressentent un besoin urgent d’en parler, de se vider de ce poids, de s’en purifier. Toutes les tactiques sont bonnes pour apprendre à vivre avec ce traumatisme que l’on s’est fait imposer. Malheureusement, des études récentes du CALACS démontrent que seulement 5% des agressions sont rapportées au Québec, alors qu’une femme sur trois sera victime d’inconduites sexuelles au cours de sa vie. Pourquoi? Je ne pourrai jamais me raisonner à croire que c’est par manque de courage de la part des femmes. Au contraire, je sais que la majorité de celles que j’ai la douce chance de côtoyer sont des battantes. Des vraies guerrières armées de leur résilience, de leur intelligence, et de leur empathie, déterminées à répandre autour d’elles amour et lumière. Serait-ce parce que seulement 3 plaintes sur 1000 finiront par se solder par une condamnation? Ça me semble plus probable.
C’est d’ailleurs ce genre de réflexions qui a mené à la création du regroupement Pour les prochaines. Fondé par les humoristes Audrey-Anne Dugas et Catherine Thomas, l’organisme a pour but de mettre sur pied un protocole d’intervention clair qui serait utilisé par les personnes en position d’autorité lorsqu’une situation leur est signalée, mais aussi donner des thérapies pour réhabiliter les individus reconnus problématiques, du soutien psychologique et juridique aux victimes et une banque de dénonciations privées parmi les humoristes et les travailleurs de l’industrie. Ce protocole pourrait ensuite être transposé dans différents milieux de travailleurs autonomes, qui sont souvent décentralisés et offrent un faible soutien aux survivantes. **
Le 25 novembre prochain, lors de la journée internationale contre la violence à l’égard des femmes, les différentes plateformes numériques seront lancées lors d’un spectacle bénéfice révolutionnaire! Venez rire avec nous et les humoristes du groupe Sexe illégal (…définitivement, le nom d’artiste le plus approprié pour la situation). Rendez-vous donc au Groove Nation dès 19h. Les billets sont en ligne dès maintenant au coût de 15$, sinon le coût est de 20$ le soir de l’événement.
Invite ton père, ta mère, ton chat… pour que l’on dénonce tous ensemble la culture du silence et du viol!