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Je n’ai plus peur du ridicule

J’ai toujours été plutôt extravertie… Au secondaire, j’étais pas full la fille à la mode, j’étais plus du genre à mettre le vieux linge de mes grands-mères (ce que je fais encore aujourd’hui), à porter n’importe quelles couleurs et n’importe quelles matières en même temps avec une grosse tête garnie de dreads. Malgré mon air impur de je-m’en-foutisme, mes vœux réfléchis de marginalité, j’étais tout de même atteinte par les remarques et les regards réprobateurs des autres élèves. J’ai vieilli, puis voulu me conformer un peu, j’ai voulu plaire, aux garçons en particulier, et je me disais à ce moment-là que c’était pas avec des cheveux de mottée que j’allais pogner le jackpot.

J’ai eu l’impression de m’effacer un peu en sortant de la marge. La jeune fille colorée que j’étais se transformait lentement en clown chicks. Ce que j’étais au fond, dans mon dedans, a perdu quand même de l’importance, j’accordais pas mal plus de temps à ce que les autres allaient penser de moi, de mon outfit, de mon magnétisme…

Source : dessin de l’auteure

À reculons, je me revois, pis je me dis que c’est un passage qui a l’air obligé dans la vie d’une fille. Se déconstruire pour plaire aux autres. Parce que c’est difficile de rester soi-même dans une société qui nous veut toutes faites dans le même moule.

C’est peut-être à force d’être écœurée de toute ça que je me suis rendu compte que la fille toujours un peu en pyj me manquait. Si on se pose la question pour vrai en fait, c’est quoi le ridicule? Ce que le Larousse en dit : « dont on est porté à se moquer (je trouve cette mode ridicule), qui est peu sensé (ridicule de se mettre dans un état pareil), qui est insignifiant (un prix ridicule pour sa voiture) ». En fait, ridicule veut pas mal plus dire futile pis on-s’en-câlisse que, c’est pas correct…

Ça paraîtra peut-être ben tautologique, mais il suffit d’arrêter d’accorder autant d’importance à ce que les autres pensent. Comment ça marche? En se connaissant mieux, en étant bien avec son « tu-seul », en arrêtant de s’observer de l’extérieur, par les yeux des autres. En étant dans l’être plus que dans le paraître.

Source : dessin de l’auteure

C’est ben beau dit de même, mais ça reste des phrases clés de guide de croissance personnelle. Dans le but de briser ses notions un ti peu abstraites, je vais vous le dire pour vrai, comment ça s’est passé, mon processus de je-m’en-re-foutisme, de retour à la case je-suis-comme-je-suis.

Secondaire, je suis un être différent. Cégep, je veux un vrai chum, je veux plaire. Je me chicks, et on me dit que ça me fait bien, ou que je suis belle (des choses qu’on ne m’avait pas dit avant) (des choses que je ne trouvais pas importantes avant). Bac, je souffre du besoin du regard de tout le monde. Mes envies d’excentricités sont freinées par le besoin de plaire. Je ne sors jamais sans maquillage de peur d’avoir l’air ordinaire. Puis je vis ma première peine d’amour quelques années plus tard, peut-être trop tard. Après ça, ma reconstruction a été tellement salutaire que je me suis retrouvée pour de vrai, mais genre, j’ai l’impression que tout ce que j’avais voulu fabriquer comme façade pour plaire ne me représentait jamais tout à fait. Ce qui est important pour moi, depuis cette peine-là, c’est d’être authentique, en accord avec moi-même. On dirait que je le sens que ça m’a changée en titi parce que mes relations avec les gens ont retrouvé de ce qu’elles étaient quand j’étais plus jeune. De la vérité, de l’abandon, de l’humour et surtout beaucoup moins de jugements. Je me sens délestée de tellement de poids! Et puisque je me sens en symbiose avec ce que je projette aujourd’hui, je n’accorde plus d’importance aux réprobations. Je ne sais pas si c’est une hypothèse plausible, mais je ressens aussi que les personnes avec de l’assurance peuvent empêcher les comportements d’intimidation. De un, elles s’en foutent, de deux, elles ont tendance à créer des atmosphères sereines et joviales autour d’elles.

Bref, si le ridicule fait peur, on ne sait même pas précisément ce qu’il est, et en plus, il ne tue pas!


Dessin de la bédéiste @artbymoda
 

Et ça c’est notre version… 

***

Source photo couverture

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