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Solitude appartementale

Emilie et Mary Lynn de La veulent qu’on trouve des titres accrocheurs et brefs. Ça donne ça cette semaine : Solitude appartementale. C’est peut-être (sûrement) mieux que ce que j’avais en tête :

Idées farfelues pour surmonter un mal de vivre dû à un déménagement trop rapide, des fins de relations amoureuses trop abruptes (j’ai perdu la fille et son chat), un environnement étranger et autres peccadilles qui me donnent les blues.

Vous voyez évidemment que le texte ne s’adresse qu’à moi-même. J’ajouterai qu’il a de fortes chances de rejoindre la grande cour à scrap des textes inutiles et inutilisables qui pullulent sur Facebook. Je vous conseille donc de poursuivre, ce sont peut-être les seuls textes que je sais réussir.

Trêve de préambule et d’automutilation! Le contexte est que je suis dans mon appartement tantôt comme un microbe dans l’univers, tantôt comme un éléphant qui serait pogné dans ma nouvelle salle de bain. Je m’assois sur des meubles qui ne sont pas du tout moulés à mon gros cul, je déambule dans les pièces en faisant des tracés incertains, beaucoup trop réfléchis et pis y’a pas d’épaules à caresser au détour du corridor ou du lavabo. Les nuits sont froides et courtes. Au moins, elles ont l’air de vouloir m’adopter :

La nuit hivernale dans les ruelles de Limoilou, ou mon véritable nouvel appartement. (nouveau titre de ce texte)

Je suis une tache noire dans l’univers de Borduas
Source

Il y a quelque chose de très sain à se retrouver dehors quand ça va pas bien en dedans, à se vautrer dans l’obscurité quand la lumière fait trop mal. Malheureusement, il faut toujours et stupidement qu’il y ait une journée après la nuit. J’ai toutefois trouvé un petit remède pas tout à fait recommandable. J’ai décidé de devenir le spécialiste mondial de ma rue, non du tronçon de ma rue. L’idée est simple : explorant, fouillant et espionnant tout (mes voisins vont full m’aimer), je tente de collecter un maximum d’informations inexploitables, de me faire le Jacques Cartier de la 10e rue de Limoilou.

Je sais donc qui habite où, surtout en ce qui concerne les chats du coin. Mon dieu, que je voudrais moi aussi ramper sous les galeries et dévisager tout ceux qui passent dans ma rue. Je suis toujours à la recherche d’une voisine sexy à idolâtrer, à imaginer nue, à regarder faire l’amour par la fenêtre de sa ruelle. J’ai déjà décerné le prix du meilleur arbre à un rabougri et triste frêne (je ne sais trop si c’en est vraiment un) caché entre deux bâtiments. Je m’identifie au fait qu’il n’appartient à personne, qu’il est l’arbre d’aucune adresse particulière, qu’il est, comme moi, entre deux appartements.

Les Canadiens jouaient hier : j’ai trouvé 4 potentiels potes avec qui partager un chip et des bières devant une game. La passion de la défaite sera notre salut, le lien qui unira notre voisinage.

Ce matin, c’était les vidanges. Mon voisin d’à côté mange des Muslix le matin, boit de la Black Label et semble apprécier les biscuits Leclerc à la framboise. Il faudra que j’en fasse beaucoup plus dans ce département. Les poubelles, c’est plein de promesses pour mes projets :

Les poubelles, ou la matière première d’un voisin indiscret. (il faudra hiérarchiser les titres)

L’espionnage est l’ultime remède contre la solitude. Il faut y croire, prendre le tout au sérieux. D’ici quelque temps, je pourrai aborder mes valeureux voisins en leur glissant nonchalamment et par pure coïncidence un mot sur leurs séries préférées. Je pourrai connaître la chanson qui les guérit de la tristesse, les soutenir silencieusement, en catimini, pour pas qu’ils se fassent engloutir par les sombres ruelles de Limoilou.

Je suis tout le noir de l’univers
Source

Je rêve d’un quartier d’écorchés, de fausses déesses en manque de prosternation, je rêve de tout sauf de mon p’tit appart’ trop blanc. Demain, il faudra scruter le trottoir, repérer une jolie rousse introvertie, rédiger avec fièvre des missives anonymes que je mettrai sous son paillasson. Je deviendrai le plus zélé des admirateurs secrets et, bien sûr, tomberai amoureux d’elle trop vite :

Limoilou, aime-moi comme je l’aimerai.

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