D’aussi loin que je me souvienne, ma maison de rêve je l’imagine comme ça :
Pas ben ben plus grande, mais avec l’océan à perte de vue derrière. La maison étant accessoire, moi, tout ce que je veux c’est une mer derrière. Pas un lac ou une rivière, je veux l’océan! N’importe lequel.
J’ai pas abandonné l’idée.
Je sais que quelque part, près de la mer, y’a une maison qui m’attend. Ça sera peut-être dans une autre vie, mais c’est certain qu’un jour j’y serai.
Pour l’instant, mon quotidien je le vis dans une maison mobile pis c’est ben correct. Je trouve ça bien comme première maison.
Depuis que je l’ai acquise, je fais face à plusieurs préjugés.
Démystifions-les ensemble!
Premier préjugé : Une maison mobile, c’est pas une roulotte de luxe! Je la pin pas derrière mon char pour me domicilier dans le Nord les fins de semaine. Oui, ma maison est située dans un parc avec d’autres maisons mobiles, mais c’est pas un camping, et on ne décore pas des chars allégoriques pour fêter le Noël des campeurs. Voilà, c’est dit!
OK, on s’entend qu’une maison mobile comporte habituellement pas plus de deux chambres (j’ai gagné à la loterie, j’en ai trois), un maximum de cinq ou six pièces et pas de sous-sol. Est-ce que j’en voudrais une plus grande? Pas nécessairement. Une plus grande maison égale plus de ménage, et le ménage et moi, on essaie de ne pas se rencontrer plus d’une fois par semaine.
Deuxième préjugé : J’ai pas des murs en carton, et non, en cas d’orage, on ne se réfugie pas dans la voiture parce qu’on a peur que le toit arrache. C’est plus solide qu’on pense une maison mobile. Bon, peut-être que dans le film Twister c’est ma maison que tu verrais passer entre deux vaches et un arbre, mais on n’est pas dans un film et encore moins dans une province reconnue pour ses tornades. Alors, pas de panique, vous pouvez venir souper chez moi un soir d’orage. Y’a même une chambre d’invité si ça vous tente de vivre l’expérience à fond.
Troisième préjugé : Je ne suis pas sur le BS. J’ai un bon emploi, mon conjoint aussi, et on a même un enfant. Mon fils a une cour arrière avec une piscine, et j’ai assez de place pour un foyer extérieur, des chaises longues et un hamac dans un arbre. J’ai aussi un ensemble de patio qui me permet de recevoir parents et amis avec beaucoup de plaisir. Nous n’avons pas eu la chance de rester chez nos parents jusqu’à 25 ans afin d’économiser pour avoir une mise de fonds de 20 % sur une maison, mais nous n’avons pas de dette hypothécaire pour les trente prochaines années non plus. Si pour x raisons, nous ne déménageons pas d’ici avant même d’avoir atteint ma quarantaine, je pourrai me vanter d’avoir une maison complètement payée. Oui c’est vrai, ce n’est pas commun de vivre dans une maison mobile, mais il y a quelques avantages non négligeables. Je ne m’arrache pas les cheveux quand je reçois mon compte de taxes. Un petit versement équivalent à un paiement de voiture, et c’est réglé.
Quand les gens viennent chez moi, j’aime bien voir leur réaction quand ils mettent les pieds dans la maison. Leur air d’abord sceptique, leurs yeux qui se posent partout à la recherche de je ne sais quoi (un pan de mur qui n’a pas l’air solide ou une toilette portative?). Viennent ensuite les premiers commentaires :
« Wow, c’est grand quand même! »
« Cool, t’as assez de place pour un divan sectionnel. »
« Ça a pas l’air de ça de dehors. »
Viennent ensuite les commentaires plus directs :
« Wow, t’as bien décoré ça pareil! »
« Ça a presque l’air d’une vraie maison. »
C’est presque rendu un running gag d’essayer de deviner qui va dire quoi.
Si jamais t’as le goût de venir me rendre visite, je t’attends! On va se faire un beau souper sur le BBQ. On va tester les murs en jouant au ballon-chasseur dans le passage. Tu pourras même m’aider à plier le linge qui séchait sur ma grande corde à linge. On va boire un verre, et tu me diras que, finalement, c’était une ben belle soirée et que t’as aimé ça venir me rendre visite dans mon parc de maisons mobiles. Moi, je vais te répondre que tu peux revenir quand tu veux.
Et je vais être fière d’avoir réussi à te convaincre que je ne suis pas une loser qui habite dans une roulotte.