Parlons d’échecs scolaires
Échec.
E.
F.
Le mot fait mal, hein? Juste à le voir, ton poil se dresse, ton souffle s’accélère, l’anxiété monte.
Échec.
Pourtant, c’est pas un mot nouveau. Ça fait partie du dictionnaire depuis un sacré bout. Mais lorsqu’on le met en grosses lettres, qu’on met l’accent sur la tonalité et qu’on l’appose sur la feuille, à l’écran, la sentence tombe : tu n’es plus de la partie. C’est fini pour toi, échec et mat. Dans le jeu du même nom, pourtant, on accepte d’être parfois le perdant. C’est normal, c’est dans les règles et les possibilités. Pourquoi, alors, on ne l’accepte plus lorsque c’est en dehors du jeu?
Dans un de mes cours d’université, cette session, au retour d’une pause, une de mes profs s’est arrêtée et nous a dit : « Bon, je dois vous dire quelque chose d’important. » Elle a commencé à nous dire qu’elle ne s’était pas vraiment présentée comme il le faut et qu’en cette approche de la fin de session, elle avait un message à nous transmettre. Notre professeure a donc pris le temps de nous faire sa biographie. Sa vraie biographie; celle qui comprend ses réussites, ses avancées dans son doctorat, mais également les échecs qu’elle avait rencontrés tout au long de son parcours. Elle nous disait qu’elle avait été refusée quelques fois, qu’elle n’avait pas réussi un cours, etc. Pour ensuite nous mentionner qu’à l’université, on misait beaucoup sur l’excellence, qu’on l’acclamait grandement, mais qu’on oubliait à tort les moins bons coups. Elle nous rappelait que derrière chaque personne importante, chaque professeur.e, chercheur.e, couronné.e d’une mention de maître ou de docteur.e, il y avait quelques échecs aussi.
Ça m’a tellement touchée qu’elle prenne la peine, devant une quarantaine d’élèves, un mardi soir, de prendre le temps de nous dire que les échecs font partie d’un parcours scolaire, et ce, plus souvent qu’on le pense. À ce moment, ça a comme enlevé une grosse brique de mes épaules. Ça m’a rappelé qu’outre les attentes que l’on se doit, que l’on s’oblige à remplir, nous restons humains et que nous sommes tous et toutes un peu dans le même bateau, exposé.es aux mêmes possibilités.
Au cégep, j’ai poché mon cours de mathématiques une fois pour le reprendre par la suite, réussir et avoir un échec sur le cours suivant. J’ai lâché le programme de sciences humaines administration pour aller vers le programme de sciences humaines générales. Je n’y ai passé qu’une session pour finir mon DEC. Une session à me dire que j’étais à ma place. La même chose s’est produite à l’université. Maintenant, je sais quels domaines j’aime le plus.
Mon frère pochait beaucoup de cours au cégep. Pourtant, c’est une personne très intelligente, mais ça ne l’intéressait pas vraiment. Ça lui mettait beaucoup de poids sur les épaules et sa santé mentale en souffrait. Il a décidé de lâcher le cégep il n’y a pas longtemps. Son sourire est revenu, sa motivation pour certaines choses aussi.
Je connais quelqu’un qui avait 4 cours à l’université, qui a fait un burn out, qui a annulé 2 cours et qui a réussi à passer les deux autres en même temps. La personne a aussi lâché des programmes pour en commencer d’autres. Elle est maintenant à la maîtrise et pense fortement au doctorat.
J’ai une amie qui a eu des difficultés et qui a échoué 7 fois des cours au cégep. Elle poursuit présentement son bacc et est engagée comme stagiaire dans une entreprise qui lui propose un emploi pour la suite. Elle m’a dit l’autre jour qu’elle se sentait vraiment sur son « X ».
C’est encourageant de reconnaître collectivement nos moins bons coups. Pourquoi les cacher? Je pense réellement que les échecs sont des lumières à notre parcours plus que des trous noirs. Ils nous prouvent nos forces plus que nos faiblesses. C’est donc important de les virer au positif et de se dire :
« Regarde cette fois où un échec m’a permis de découvrir ce que j’aimais vraiment. »;
« Regarde cette fois où j’ai découvert les limites de mes capacités et que ça m’a fait réaliser que j’en prenais trop sur mes épaules et qu’il faudrait que je pense plus à moi. »
Source