Source: Pixabay
Il t’en reste encore pas mal à vivre, des émotions, des peurs, des sentiments qui chavirent le cœur. Si ça se trouve, t’as passé plus de temps seul avec toi qu’aux côtés de quelqu’un d’autre.
Pour le moment, tu ne crois plus aux contes de fées, aux Calinours sur les arcs-en-ciel et aux coups de foudre qui perdurent avec le temps.
C’est pas que t’as abandonné. C’est juste qu’à seulement vouloir que ça fonctionne de ton côté, ben tu t’es dit que t’étais épuisée d’essayer. Faque t’as tout mis ça sur pause de façon indéterminée pis anyway, en temps de pandémie, tout est plus compliqué.
Puis là, sans que tu t’y attendes, cette personne s’est pointée.
Et si c’était différent cette fois-ci ? Ça aussi, tu te l’es répété, encore et encore. Assez que lorsque ça plante après que tu t’es dit que cette fois, c’était la bonne, c’est sur toi que tu commences par frapper en premier.
Toutes les routes sont différentes, t’en conviens. Pis cette dernière, rencontrée par un pur hasard, te donne à première vue envie de t’y aventurer. En amour, c’est pas ton genre de rouler à 100 dans une zone de 50, tellement que tu te fais klaxonner pis même dépasser.
Ça faisait quelque temps que tu te sentais perdue. Perdue au point de ne pas savoir ce qui ferait que tu allais te retrouver. T’avais toujours pas réfléchi aux points communs de tes ruptures précédentes, aux dénominateurs communs qui se pointaient à chaque fois, encore et encore. C’est dire à quel point tu ne savais pas où tu allais.
Ça fait déjà trois mois que vous vous voyiez, tout se passe bien, toujours pas d’indicateur de vitesse ni de panneau inscrit « Ralentissez ».
Y a bien eu quelques bouts qui n’étaient pas encore pavés, mais rien pour abîmer ou briser quoique ce soit en toi, du moins, pas pour l’instant. Certaines fois, ici et là, des flaques d’eau rendaient la route glissante puis, pour te rassurer, il prenait ta main, la mettait dans la sienne et l’aquaplanage était passé. Puis, tout redevenait praticable durant de grands et longs moments, une chaussée lisse, un superbe paysage et le soleil qui inondait vos visages. Tu t’es même surprise à te rappeler les moments où ç’a quelque peu brassé, juste assez pour avoir envie d’y retourner.
C’est bien toi, ça : à trop appuyer sur les freins, la voiture finit par étouffer. Trop de douceur te fait t’ennuyer des moments plus sauvages et effrénés. Ne pas te connaître, j’te dirais même qu’en leurs absences, tu fais exprès pour les provoquer.
La route que tu es en train d’emprunter était maintenant rendue trop banale pour toi.
T’aimes lorsque tu hésites à y mettre les pieds par peur du danger de te blesser. Ne pas rapidement t’impliquer te fait dire que ce n’est pas pour toi ; tu le saurais si t’étais en train de tomber. T’es une impulsive, une passionnée et cette autoroute sur laquelle vous vous étiez au départ aventurés est devenue un petit chemin de campagne où vous êtes en train de vous enraciner.
Tu n’as rien à lui reprocher. Il pense à toi et te fait sentir belle et désirable comme tu l’as toujours souhaité. Il te répète comment il est bien avec toi, il te texte, t’appelle et tente de te surprendre à un point qui dépasse tes attentes d’être surprise.
Mais c’est pas assez. En fait, c’est pas ce à quoi tu rêves lorsque tu es éveillée.
Lentement, mais assurément, cette fois, c’est toi qui auras dépassé en premier pis c’était même pas une ligne pointillée. C’était prévisible, ça t’avait traversé l’esprit lors du deuxième rendez-vous. T’sais, celui le lendemain matin duquel il t’a fait livrer des fleurs avec ta pierre de naissance préférée, car toi, le vert émeraude c’est pas ta tasse de thé.
Ce soir, c’est samedi soir et tu le passes toute seule dans ton lit, souriante, en te disant que c’est mieux ainsi.
Tu prendras dorénavant du temps pour toi. Pas parce qu’il le faut absolument, mais plutôt parce que c’est ce que tu ressens au moment présent. Revoir tes choix, te demander ce que toi tu veux, penser à ce que tu désires attirer afin de ne pas aller à l’encontre de tes valeurs et convictions pour le premier venu aux traits trop bien découpés.
Tu rêves d’une route sans détour ni cul-de-sac. Peu importe de quoi elle sera faite et entourée. Pourvu qu’il y ait juste assez de courbes et de vitesses variables pour te tenir éveillée et rester toujours surprise. Qu’il y ait des hauts et des bas, ce n’est pas ça qui te fera reculer. Mettons la musique à tue-tête, chantons et crions comme des fous, quitte à se faire dévisager.
Puis un jour, tu te surprendras à ne pas vouloir prendre la première sortie et à te foutre d’être quelques fois conductrice et d’autres fois, passagère. Tu n’auras qu’à détourner légèrement le regard ou la tête pour le restant de ta vie pour constater que la personne qui se trouvera à côté de toi t’était destinée.