Printemps, déluge, intérieur de voiture.
Il pleut abondamment.
Il pleut tellement qu’on a de la misère à voir la route ; ça m’angoisse un peu de ne rien discerner quand je conduis mais pas toi.
Toi, tu es là, avec moi.
Tu conduis et le déluge ne semble pas te déranger.
D’un certain sens, ça me rassure.
La route est déserte.
Les champs surplombent les côtés de son asphalte usée.
La radio diffuse ce morceau que j’aime tant, celui qui me rappellera cette nuit avec toi.
On roule vers nulle part ce soir. En fait, on avait envie de s’évader.
Simplement partir sans but précis.
L’air est humide, il dépose sur son passage des effluves d’herbe mouillée.
Il sent la nuit et le calme ; un vent des moments légers.
Ma main est dans mes cheveux. Tu déposes la tienne sur ma cuisse.
Je souris.
J’aime cette proximité avec toi.
Elle me surprend à chaque fois, comme si j’étais constamment étonnée que tu veuilles rester là.
Avec toi c’est simple, nul besoin de meubler les silences.
Ils sont là pour exister et ils existent sans malaise.
Nos moments sont toujours légers.
C’est le déluge dehors et je suis bien.
Je savoure ce bonheur.
Ce bonheur des débuts de relations, ce bonheur fragile et vif qui ne se base sur rien.
Ce bonheur qui peut tomber à tout moment, s’enfuir sans règlement et se rompre sans avertissement.
Une joie remplie de doute et de douceur.
Mais j’ai envie de prendre ce risque avec toi.
Ce risque qu’on se froisse tous les deux, qu’on s’apprenne et qu’on se découvre.
En fait, pour une fois, j’ai envie de faire les choses comme il faut.
Tu me donnes envie que cela marche.
Je me retourne vers toi. J’aime te regarder lorsque tu ne t’en rends pas compte. Le naturel qui émane de toi me charmera toujours.
Tu es beau, pris dans tes pensées.
J’aime conserver l’idée que nous deux ça va durer, que tu es bien avec moi et que tu ne me laisseras jamais partir.
Je dépose ma tête sur ton épaule.
Ce soir tu es là et que je suis bien avec toi.
Par Emilie Helik-Deschênes
Marie-Ève Joseph
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