Mon corps, il a des courbes. Mon corps est dit voluptueux, rempli d’amour. Mes fesses, elles ont de la cellulite et un coussin lorsque je m’assois. Mes cuisses, elles frottent quand je marche et rougissent lorsqu’il fait chaud. Mon ventre a le reflet de mes grossesses et une peau plus flasque. Mais mon corps, c’est le mien et j’ai appris à l’aimer tel qu’il est.
Certes, j’aimerais me prélasser dans un petit bikini avec les abdos qui ressortent, mais mon corps n’a pas d’abdos. Par contre, j’ai des courbes et une sensualité qui vient avec. J’ai des courbes qui me rappellent que je suis une femme qui profite de la vie. Des courbes qui me donnent la permission de manger des frites de temps en temps sans me sentir coupable et des courbes qui aiment aussi le goût de la salade sans que ce soit un effort d’en manger. Bref, des courbes qui démontrent bien que je fais ce que je veux.
Mais c’est mon corps et il m’appartient. Certains le regardent avec désir et d’autres avec dédain. Il fut un temps où tout ça avait son importance, mais aujourd’hui, c’est moi que j’aime. Mon visage, mes lèvres, mes yeux, mes cheveux, mais aussi mon dos plus large, mes seins rebondissants, mes hanches qui ont porté mes enfants et mes cuisses qui n’en finissent plus.
Parfois je me regarde dans le miroir et je m’insulte. Fais plus de sport, mange moins. Je me traite même de dégueulasse. Je regarde mes vergetures, ma cellulite et mes bourrelets comme si personne n’avait vu quelque chose d’aussi laid. Parfois, je regarde les magazines ou Facebook et je pleure parce que je trouve que je ne ressemble aucunement aux femmes qu’on y voit souvent.
Mais la plupart du temps, je me regarde et je vois une femme épanouie. Une femme fière, gracieuse et sensuelle. Bref, j’ai appris à m’aimer telle que je suis et c’est la tête haute et remplie de confiance que je porte attention à l’admiration dans les yeux des autres. L’admiration d’être qui je suis, telle que je suis. Parce que mes courbes, je les ai apprivoisées avec les années et j’en suis tombée amoureuse. C’est au travers de cette confiance que les autres peuvent aussi les apprécier.
Mais quand on me juge négativement sur mon apparence, quand on me glisse subtilement que quelques livres en moins me feraient du bien, quand on me dit que je me laisse aller, sans fondement, eh bien ces mots qui peuvent sembler banals de la bouche de celui qui les prononce donnent davantage l’effet d’un poignard qui déchire une confiance qui a pris autant de temps à bâtir. Car ces courbes que j’aime aujourd’hui, elles m’ont pris du temps à les accepter. Dans une société où le paraître est plus important que l’être, où les stéréotypes sont encore grands et où on veut être aimé, apprendre à s’aimer soi-même n’est jamais simple. Et même quand on y arrive, quand on est bien avec soi-même, une simple petite phrase peut gâcher cette estime.
Mon corps, c’est mon corps, ce n’est pas le tien.
Par Christelle Serei
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