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souffrir

« Je l’ai entendu, ton besoin de t’exprimer et de ne pas rester seule avec tes pensées un peu envahissantes par moments. Je l’ai entendu. Tu n’es pas seule. » Ces mots que parfois on rêve tant d’entendre.

Je me sens tellement seule par moments avec ma souffrance. Elle a grandement diminué avec les années, mais elle reste encore présente en moi. La souffrance du vide. La souffrance de la solitude. La souffrance de ne pas être aimée. J’ai beau avoir les personnes les plus merveilleuses autour de moi, il y a ce sentiment en-dedans de moi de douleur profonde. J’ai essayé pendant des années de la mettre en-dessous du tapis, mais la voilà qui refait surface sans que je ne l’aie invitée. J’ai tout fait pour m’en débarrasser et j’en viens donc au constat qu’elle fait partie de moi, point. Que je le veuille ou non. Je me rends compte que maintenant, je dois y faire face.

Je fais face au vide et au sentiment de solitude en moi. Je fais face à cette partie de moi qui a tellement souffert. Enfermée entre les quatre murs de ma chambre pendant des heures, des jours, des années. Pas pour cause de séquestration, mais pour ce sentiment de ne pas être comprise. Seule, à croire que la vie n’avait aucun sens. À croire que je n’avais aucune valeur. À croire que la souffrance était ma seule destinée. J’ai cru tellement longtemps que je ne méritais pas d’être aimée. J’écris ces mots et c’est comme si j’y étais encore, tellement le tout est ancré profondément en moi.

Un jour, je ne sais pas lequel, mais un jour j’ai compris que ma vie ne serait pas souffrances pour toujours. Un jour, j’ai dû faire face malgré à tous les tapis que j’avais mis par-dessus pour l’éviter. Ça devenait évident que si je voulais être plus heureuse, que je devais y faire face, à mon rythme, pour toucher au bonheur fondamental. C’est un chemin rempli de hauts et de bas. Par moments, plus de bas, et à d’autres moments, plus de hauts. J’ai eu ces moments de doutes, où j’aurais préféré avoir laissé ces foutus tapis tous empilés sur ce qui était le plus douloureux. À chaque fois, après avoir traversé les vagues houleuses, je revenais au même constat : que ma vie est bien plus sereine et épanouie en prenant soin de ce qui me fait mal plutôt que de l’éviter.

Je me sens plus entière depuis le moment où j’ai laissé mes larmes couler lorsqu’elles avaient besoin de couler. Lorsque j’ai exprimé ce qui était en-dedans de moi depuis des années. Lorsque j’ai réappris à être bien en relation avec des personnes remplies d’amour et d’empathie. Mon bonheur, comme celui que je ressentais quand j’étais émerveillée par les moindres petites choses de la vie étant enfant, a pris vie quand j’ai reconnecté avec qui je suis. Quand j’ai arrêté de me couper de moi-même et quand j’ai arrêté de rabaisser mes émotions et mon vécu, qui sont bien réels. Quand j’ai réalisé que personne n’était responsable de comment je me sens à part moi-même. J’ai reconnecté avec qui je suis quand j’ai arrêté de vouloir être quelqu’un d’autre, parce qu’être moi est suffisant.

J’ai réussi à retrouver ma pulsion de vie par le voyage, la relation et la création. J’ai voyagé entre autres pour expérimenter la vie, pour faire de nouvelles rencontres et pour vivre autre chose que mon mal intérieur. La meilleure expérience de ma vie. Là où ma pulsion de vie est réapparue. Et où j’ai découvert la beauté des relations humaines bienveillantes et chaleureuses. J’y ai trouvé une passion : la relation. Là où ma confiance et mon estime ont commencé à germer à coup de reconnaissance et d’amour de la part d’autrui sans même que j’aie à me forcer pour être quelqu’un d’autre. Puis la création, le moment que je m’offre pour simplement exister telle que je suis et qui me permet d’exprimer ce qui rôde à l’intérieur de moi, que ce soit beau ou laid.

Merci la vie de m’avoir fait vivre autant de souffrances intérieures. Aussi bizarre que ça puisse le paraître, je me sens choyée d’avoir autant souffert pour être maintenant celle que je suis. Ce texte est important pour moi, il me rappelle que n’importe qu’elle souffrance intérieure, grande ou petite, n’est pas une fin. La fin est celle que l’on crée avec notre propre vécu.

Par Amélila Thivierge-Brouard

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