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Si la tendance se maintient

Québec, 2022.

Suite à des craintes de poursuites, les médias, même satyriques, ont baissé les bras pour laisser le monopole de l’information à un seul canal de nouvelles. Afin de réduire les chances de mécompréhension, il est maintenant impossible de lire les nouvelles sur son téléphone pendant qu’on est sur la bol. Maintenant, il faut regarder un écran à une heure précise où un homme éduqué nous lit les événements de la journée.  De cette façon, l’information est mâchée de la même manière et les esprits, nous dit-on, cesseront de se diviser.

La fréquence des attentats dans les dernières années n’a pas diminué, mais elle n’a pas — trop — augmenté, nous disent, fiers, nos dirigeants. Impuissants quant à prévenir des attaques terroristes, ou des tueries dans les écoles, des tueries familiales, nos dirigeants ont songé à donner des peines plus sévères aux criminels. Malheureusement, les individus commettant ces crimes ne s’en sortent pas vivants. Tués déjà par la police dans les instants suivants, lorsqu’ils ne se suicident pas.

Dans la mémoire collective, nous ne pouvons mettre un humain sur ces crimes, un méchant qui deviendrait le symbole de ce qui ne va pas dans le monde, donner un visage à la barbarie. Ne reste que la peur, le compte de victimes, l’endroit marqué par le sang et le contexte de la frappe. Était-ce une discothèque gaie? Une épicerie européenne? Un aéroport, une gare? Une salle de spectacles en France? Une école? Une cour? Une rue achalandée par la fête? Un temple, une synagogue? Un marathon? Des bureaux de bande dessinée?

Grégaires, « survivalistes », on raconte qu’il y a une vingtaine d’années, lors du tournant de l’an 1999 à 2000, les gens avaient peur du bogue de l’an 2000. Une catastrophe annoncée qui, disait-on, allait détruire les ordinateurs, fucker l’informatique, faire tomber les avions et on tenait à se protéger en achetant des provisions, du cannage, des denrées non périssables, des palettes de papier cul, des couvertures, de l’eau. Certains allaient jusqu’à se construire un abri antinucléaire.

Dans les années 2020, les gens se protègent d’une autre façon; en évitant de sortir. Les agences de voyages ferment. Les aéroports sont déserts. On peine à remplir les salles de spectacles, on ne rit plus par crainte d’une rixe. Tout se fait à la maison. Sortir, fêter, courir, marcher, se promener, c’est comme ça qu’on meurt.

Québec 2022, par une petite fenêtre blindée, je vois mon drone qui vole dans un ciel gris, pour chasser des Pokémons.

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