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Une prise de parole

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Tu as sûrement lu, vu ou entendu les nombreuses dénonciations qui se font en ce moment. Dénonciations de comportements, de gestes inacceptables, blessants, indécents. Libre à toi de penser que ce genre de dénonciation, ça ne se fait pas sur les réseaux sociaux, mais moi je trouve particulièrement fort et évocateur de se servir de ces médiums pour, justement, dénoncer ces inconduites sexuelles. Sinon, à quoi servent les médias sociaux? Quels sont leurs rôles?

Les réseaux sociaux, c’pas juste un partage de memes, de capsules de recettes Tasty ou d’animaux en détresse, de photo de ton ex ou d’articles plus ou moins avérés. Ils représentent une plateforme de partage et d’échanges multidimensionnels, que ce soit pour t’informer, te divertir ou t’exprimer.

Au fils des années, nous avons intégré les réseaux sociaux dans notre intimité en leur cédant une très grande place. Une trop grande place? Un peu de voyeurisme, un peu de vanité, nous publions nos photos de soirées festives, nos lieux de loisir préférés, nous commentons librement sur plusieurs publications, nous donnons notre opinion, qu’elle soit intéressante ou impolie, sans véritable conséquence, nous partageons du contenu que nous approuvons, encourageons, critiquons. Mais la ligne est mince et il est parfois difficile de séparer la sphère privée de la sphère publique, surtout lorsque celles-ci sont étroitement liées.

Sur ces plateformes, avec les dénonciations qui se succèdent, je comprends, entre autres, que l’éducation n’a pas faite sa job. Elle n’a pas su expliquer le consentement, les abus, les inconduites sexuelles. Elle n’a pas été en mesure d’encourager la compassion, l’empathie et le soutien envers ces personnes victimes d’agressions sexuelles, et ce, malgré son accès obligatoire jusqu’à 16 ans. Elle n’a pas su protéger, éduquer, sensibiliser.

Je comprends aussi que, malheureusement, la culture du viol est beaucoup plus présente que je ne croyais dans notre société. Cette culture qui met en doute la parole des victimes et leurs réactions, en affirmant qu’elles l’ont probablement cherché de toute façon, sans compter qu’elles auraient pu se plaindre à la police avant ou s’enfuir, t’sais. Cette culture qui banalise ces gestes indécents puisque bon, ce n’est qu’un baiser après tout.

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Pourquoi ces comportements restent-ils si banalisés? Pourquoi est-ce les victimes qui, de par leur moyen de dénonciation (on parle ici des réseaux sociaux), se font injurier, critiquer et tourmenter, alors que toute cette hostilité devrait plutôt être dirigée vers l’indécence de ces gestes? Pourquoi discréditer cette prise de parole?

Le fait que ce soit des personnalités québécoises qui dénoncent ou qui reçoivent ces allégations peut nous chambouler tout particulièrement, puisqu’à force de voir leurs films, spectacles, stories, à force de voir leur visage, on pense les connaître. On s’est créé une image précise de cette personne, on s’y est attachée et de la voir ainsi dans cette position, soit de victime ou d’agresseur, nous insécurise. On remet en question notre système de valeurs personnelles et de justice. On se sent obligé de « prendre un bord » en se mentant d’être assez outillé pour argumenter. On réalise la laideur du monde, et ce, peu importe si t’es connu ou non.

L’utilisation des réseaux sociaux pour dénoncer ces inconduites sexuelles semble exagérée peut-être, mais auprès de qui devrions-nous les dénoncer alors puisqu’elles ne sont pas criminelles? Cela voudrait-il dire qu’elles ne sont pas graves, que nous devons continuer à les accepter, qu’elles s’arrêteront toutes seules? Je suis d’avis que d’importantes déclarations comme celles-ci remettront les pendules à l’heure pour tous; ceci est acceptable, ceci, au contraire, ne l’est pas. Les réseaux sociaux ont ce pouvoir merveilleux de laisser la parole à tous, et je pense que de les utiliser pour dénoncer un comportement trop longtemps banalisé, récurent et destructeur est le meilleur moyen.

On perce l’abcès comme on dit, pis on se rend compte qu’il y a beaucoup plus de pus qu’on pensait. Ça arrive. Je pense que cette vague de dénonciation amènera une remise en question, une prise de conscience sur notre société, notre culture, une ouverture face à notre vulnérabilité, à notre empathie et à notre compréhension, à un savoir-vivre.

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